samedi 25 janvier 2014

La fronde anti-Google gagne San Francisco.....


Des activistes s'en prennent aux bus et au concepteur de la voiture autonome de la société de high-tech, révélant un malaise bien plus profond.

La grogne monte chez les anti-Silicon Valley. Mardi dernier à 7 heures du matin, un petit groupe de manifestants qui se surnomme " The Counterforce " s'est pointé au domicile d'un ingénieur de Google, à Berkeley. 
Ils ont sonné à sa porte, déployé une banderole où l'on pouvait lire " l'avenir de Google s'arrête là ", et distribué des tracts sur lesquels était écrit : "Anthony Levandowski est en train d'édifier un monde inadmissible de surveillance, de contrôle et d'automation. Il est aussi votre voisin."
Levandowski réprésente tout ce que les anti-Silicon Valley dénoncent. Il travaille dans un labo très secret de Google sur le développement de la voiture sans conducteur et des projets de robotique en collaboration avec l'armée. Il projette également de construire une tour luxueuse d'appartements sur un terrain qui lui appartient. 
"On devrait empêcher à tous les employés de Google d'aller travailler. Toute l'infrastructure de surveillance devrait être détruite. Aucun appartement luxueux ne devrait voir le jour. Personne ne devrait avoir à déménager," poursuit The Counterforce. 

Contre Googleland

Jusqu'à maintenant, les manifestants s'en étaient pris seulement aux bus privés qui tous les matins viennent chercher à San Francisco les quelque 17 000 employés de Google, AppleLinkedin et autres grands groupes de High Tech pour les transporter vers la Silicon Valley.
 Sur les derniers mois, ils ont en ont bloqué plusieurs, en général sans violence, mais en décembre, à Oakland, les pneus d'un bus ont été tailladés et une fenêtre brisée. Google à lui tout seul possède plus d'une centaine de ces autobus chics, équipés de wifi qui sillonnent San Francisco. 
Tout cela dans la plus parfaite anarchie. D'où les multiples plaintes des résidents qui accusent " ces transports de conquistador " de s'arrêter n'importe où, de bloquer la circulation, de retarder les bus normaux, de bloquer les pistes cyclables...
Mais cette fronde anti-bus cache un malaise beaucoup plus profond. La Silicon Valley est en plein boom économique, ce qui entraîne l'afflux de salariés très bien payés et donc une inflation des loyers qui dans certains coins de San Francisco ont grimpé de 40 % depuis 2011. Dans le même temps, les expulsions se multiplient pour rénover des quartiers du centre jusque-là défavorisés. 
D'où la contestation grandissante notamment envers ces autobus privés qui sont devenus le symbole de la menace sociale et de la transformation de San Francisco en " Googleland ".

Insidieux

"Cette manif a pour but l'embourgeoisement de la ville et les déplacements de population," clamait récemment Erin McElroy, l'un des organisateurs du blocage d'un bus. "Nous ne sommes pas nécessairement contre la high tech. Nous sommes contre les effets de la high tech sur la spéculation et les expulsions ". 
À cette grogne sociale, s'est ajouté l'inquiétude face à "Big Brother". Par ses investissements dans la pub, les plans de ville, les réseaux sociaux et maintenant " l'internet des objet " -il vient de racheter Nest une société qui fabrique des thermostats réglables à distance- Google "s'est insinué de manière insidieuse dans presque tous les aspects de la vie moderne ", résume une journaliste sur Salon.com.

Intimidation

En début de semaine, la municipalité de San Francisco a mis en place des mesures pour réglementer les trajets de ces bus privés. Ils devront être enregistrés, n'auront le droit de s'arrêter qu'à 200 arrêts et devront acquitter une taxe de 1 dollar pour chaque arrêt. Ce que les opposants ont jugé nettement insuffisant. Pour l'instant la fronde contre la Silicon Valley reste très limitée. Mais la manif devant le domicile de Levandowski semble signaler une escalade qui rappelle les actions très dures des défenseurs des animaux dans les années 90 qui avaient réussi à faire fermer des laboratoires en pratiquant l'intimidation. 
Sur le site Indybay, les manifestants ont écrit : " Notre problème c'est Google, ses capacités de surveillance envahissantes utilisées par la NSA, les technologies qu'il développe, et l'embourgeoisement que ses employés provoquent dans toutes les villes où on les trouve. Mais il n'y a pas que Google. Toutes les entreprises de high tech, vous tous programmeurs et ceux qui construisent ce nouvel Etat de surveillance, c'est à vous que l'on va s'en prendre la prochaine fois". En réponse, Google a affrété un bateau pour transporter ses employés et installé des agents de la sécurité aux arrêts de bus.

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