On est en droit de se demander quelle est la sombre crapule qui, probablement car c'est écrit en hébreu, s'est amusée à effacer ces lettres en devanture de la boucherie Baiza, l'un des derniers lieux casher de Tunis.
Dans un geste ignoble, marqué à la fois par un racisme primaire et une ignorance imperturbable, la main criminelle qui a effacé ces lettres ne se rend pas compte qu'elle est tragiquement représentative de la (non) pensée des Tunisiens d'aujourd'hui qui agressent pernicieusement leurs frères juifs sur leur terre commune et hurlent contre l'islamophobie supposée de l'Europe.
Pourquoi s'en prendre à une simple inscription publicitaire qui est en cet endroit depuis presque un siècle ? Pourquoi cette bêtise, cette violence silencieuse, ce racisme abject et ignorant de l'histoire de la Tunisie ?
Ces actes antisémites sont d'une grande gravité et il est urgent d'y mettre un terme. Leur existence souligne les limites des discours lénifiants des autorités et le caractère ouvertement antisémite de beaucoup de Tunisiens musulmans y compris parmi certains imams qui ne manquent jamais de brocarder juifs et chrétiens dans des prêches qui ne devraient pas avoir lieu ni droit de cité en Tunisie.
Aujourd'hui, toutes les synagogues de Tunisie sont sous protection policière et c'est déjà tout dire... En février 2011, nous avons d'ailleurs vécu une attaque, heureusement avortée, de la grande synagogue Osiris. C'est en soi tout un symbole...
LE DÉPOSITOIRE QUOTIDIENNEMENT PROFANÉ
Un autre fait grave mérite toute l'attention qu'il nécessite et s'il le faut la protection de la force publique. Il s'agit du dépositoire Navarin, attenant à l'ancien cimetière israélite et qui demeure de nos jours encore le lieu où sont effectuées les dernières toilettes des défunts de confession juive.
La photo illustrant cet article a été prise ce matin et je possède des centaines de clichés attestant que ce n'est pas un fait du hasard mais une profanation au quotidien dont se rendent coupables les voisins du dépositoire malgré la "supplication" calligraphiée sur la porte et qui dit en arabe "Au nom de la miséricorde qui sera accordée à vos ancêtres, ne jetez pas vos poubelles ici".
Cette situation dure depuis longtemps et, dans un pays qui se dit ouvert, elle est une insulte à la bonne intelligence des Tunisiens quelle que soit leur confession.
Qu'on enlève ces poubelles de la honte, qu'on punisse les coupables et qu'on protège ces lieux de l'incivisme barbare des Tunisiens d'aujourd'hui. Et qu'on blanchisse aussi les murs du dépositoire qui portent encore les traces de graffitis antisémites, effacés à la hâte, il y a peu. Nous reviendrons prochainement sur ces graffitis et l'histoire de leur effacement car l'anecdote en vaut le détour.
Mais auparavant, il incombe aux services municipaux de faire le ménage une fois pour toutes et aux usurpateurs qui falsifient notre islam de faire amende honorable et présenter des excuses à la communauté juive tunisienne.
Que cesse cette profanation odieuse, que cessent ces actes imbéciles et que règne la fraternité historique entre frères juifs et musulmans en terre tunisienne...
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