lundi 25 novembre 2013

Accord sur le nucléaire iranien : qui y gagne, qui y perd ?


L’Iran s’est engagé à ne pas enrichir son uranium au-delà d’un taux de 5 %.

Dans la nuit du 23 au 24 novembre, le second round de négociation genevois entre Iran et groupe des “5+1” a fini par déboucher sur un accord, tel qu’à plusieurs reprises annoncé sur ce site. Accord provisoire, certes, mais accord tout de même qui devrait être définitivement ratifié dans six mois ; le temps que les experts de l’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique vérifient si Téhéran continue de tenir ses engagements.
En effet, l’Iran s’est engagé à ne pas enrichir son uranium au-delà d’un taux de 5 %, celui du nucléaire civil, et à démanteler les installations qui lui permettraient de le faire à près de 20 %, seuil du nucléaire militaire. De son côté, les “5+1” promettent d’alléger les sanctions économiques et, de facto, de réintégrer l’Iran dans le jeu international, qu’il soit politique ou économique.
Dans cette affaire, il y a ceux qui gagnent, ceux qui ne gagnent ni ne perdent… et ceux qui perdent. Revue de détail.

Les gagnants

L’Iran : Lui, au premier chef. Nul besoin pour Téhéran de l’arme atomique pour sanctuariser son territoire, son système de défense aérienne, les missiles SS 300 livrés par Moscou y suffisent amplement. Le pays devrait bientôt pouvoir remettre son pétrole et son gaz sur le marché international, en finir avec le gel de ses avoirs à l’étranger et ouvrir son marché intérieur à des pays qui ne rêvent que de pouvoir enfin librement commercer avec lui. Mieux, il revient de plain-pied sur la scène internationale, sachant qu’un règlement durable en Syrie ne saurait être conclu sans lui.
La Russie : Dans cette affaire, elle fait plier “l’Occident”. Quand Vladimir Poutine parle, maintenant on l’écoute pour de bon…
La Syrie : Un grand bol d’oxygène pour le régime de Bachar Al Hassad et une perspective de lendemains meilleurs pour un peuple syrien martyrisé de toutes parts : la Russie et l’Iran sont désormais à même de peser de tout leur poids dans les négociations à venir.
Les USA : Tout en conservant leur proximité avec l’Arabie saoudite, ils rééquilibrent leurs alliances dans la région en se rapprochant de l’Iran. Et c’est surtout, pour Barack Obama, l’occasion de signifier à Israël que la politique américaine ne saurait se réduire à la seule défense inconditionnelle de l’État hébreu. Sans oublier les juteux contrats en Iran dont les société américaines devraient être les principales bénéficiaires, tel qu’annoncé en nos colonnes.

Les gagnants/perdants

Israël : Pour Tel Aviv, rien ne change fondamentalement. Sa sécurité est toujours assurée par Washington, ce d’autant plus qu’elle n’a jamais été menacée par Téhéran. En ce sens, la dénonciation par Benyamin Netanyahu de cet accord n’est que de pure forme.
La Turquie : À terme, Ankara devrait limiter son aide aux rebelles syriens, politique des plus aventuristes, les velléités sécessionnistes des Kurdes pouvant contaminer leurs compatriotes turcs. Et comme Recep Erdogan s’est toujours appliqué à conserver des relations diplomatiques sereines avec Téhéran, l’un de ses principaux partenaires commerciaux, l’accord de Genève ne devrait en rien compromettre les rapports entre les deux principales puissances musulmanes de la région ayant ceci de commun de ne pas être arabes…
La France : Le pas de deux de Laurent Fabius – faire capoter le premier round des négociations genevoises pour maintenant se féliciter des résultats du second –, nous vaut le ressentiment iranien, malgré une francophilie fort répandue là-bas. En espérant que les choses, tel que c’est souvent le cas en Orient, finissent par s’arranger.

Les perdants

L’Arabie saoudite : Avec les Émirats et l’Égypte dans une moindre mesure, le grand perdant de l’affaire. Ryad a perdu la confiance de Washington, pour cause de financement tous azimuts d’un djihadisme contribuant à déstabiliser encore plus cette partie du monde. Ce qui explique le refus américain de s’engager en Syrie, à la grande fureur des Saoudiens, déjà inquiets de la détente irano-américaine. Pis, leur cauchemar à venir : un éventuel rapprochement israélo-iranien, au nom de la realpolitik, tel que déjà vu lors de l’Irangate, dans les années 80. Lequel passa déjà par Washington. Ou quand l’histoire se répète…

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