jeudi 5 septembre 2013

Mon enfant est un petit monstre......



Interview de la psychologue Isabelle Roskam, auteure de “Mon enfant est insupportable”

Les vacances avec Junior ont été harassantes et vous appréhendez déjà les remarques de son nouvel instit sur son comportement. Pourtant, vous avez tout essayé. En vain. On en parle avec la psychologue Isabelle Roskam, auteure de Mon enfant est insupportable (1).
Le figaro.fr/madame. -  Vous recevez ces enfants difficiles dans votre cabinet. Qui sont-ils ?

Isabelle Roskam. - Ce sont ceux qui ont du mal à rester en place, ou ceux qui ne régulent pas bien leurs émotions. Il y a les enfants désobéissants, qui adorent sortir du cadre. Et puis les opposants, qui font l’inverse de ce que vous dites, parfois jusqu’à la provocation : ils sont souvent très intelligents et peuvent parfaitement repérer ce que vous ne supportez pas et dans quel contexte il ne faut pas le faire. Je vois aussi des enfants agressifs. 
Parmi eux, il y a ceux que l’on appelle les réactifs, mais aussi, et c’est plus problématique, des enfants proactifs qui sont capables de traverser la cour pour aller frapper un camarade.
À partir de quand faut-il s’inquiéter ?

Quand ces comportements prennent tant de place dans le quotidien de l’enfant qu’ils l’empêchent d’avoir des relations équilibrées avec ses pairs et avec les personnes qui prennent soin de lui. Quand c’est tellement fréquent et intense que cela bloque son adaptation sociale. Les enfants « à risque » sont ceux qui ne s’adaptent pas, quel que soit le cadre ou la personne avec qui ils interagissent.
(1) Éditions Mardaga.

“Une éducation positive ne suffit pas toujours”


Alors, que peuvent faire les parents ?

Il faut se rappeler qu’un petit de 3 ans ne peut pas faire constamment attention à ce qu’il fait. Choisissez donc trois objectifs prioritaires et énoncez-lui clairement ces trois choses afin qu’il puisse se concentrer dessus. Il est aussi plutôt bienvenu de réfléchir à des sanctions et de les énoncer aussi à l’enfant : s’il fait une bêtise, il saura ce qu’il encourt. Cela évitera les escalades et les phrases dites sous le coup de la colère, comme « Si tu recommences, je te débarque sur le premier parking venu », qui peuvent traumatiser.
Avez-vous un truc pour les encourager ?
Je conseille aux parents d’avoir un petit carnet où noter les choses positives : si ce soir, il a débarrassé son assiette sans broncher, félicitez-le ! Encouragez-le aussi à rajouter lui-même des choses que vous n’avez pas vues, pour regonfler son estime de lui.
 Sortir des explications toutes faites
Vous parlez dans votre livre du regard porté par la société sur ces parents d’enfants difficiles. Un regard qui semble dire : « On a les enfants qu’on mérite. » Comment se protéger de ces jugements ?

L’idée selon laquelle il suffit de bien faire son job de parent pour que ça marche est très répandue. Même les grands-parents ou les amis font parfois ce raccourci. Or une éducation positive ne suffit pas toujours. Dans la société d’aujourd’hui, avoir des enfants est perçu comme quelque chose qui doit forcément vous remplir de joie. 
Quand la parentalité devient un problème, il est alors très difficile de l’assumer. Les groupes de parole de parents sont très utiles, non seulement pour déculpabiliser, mais aussi pour partager de bonnes pratiques. Cela leur permet aussi de sortir des explications toutes faites, qui voudraient que l’enfant soit comme ça uniquement à cause des gènes.


Ces enfants ont toujours existé


Quel rôle joue le langage dans ces apprentissages ?
Un enfant peut être difficile parce que ses acquisitions du langage sont en retard : il a du mal à négocier verbalement avec son entourage et recourt alors plutôt à des moyens moteurs. Je constate aussi que certains parents s’adressent à leurs enfants comme à de petits adultes alors qu’ils ne sont pas toujours en mesure de tout comprendre.
Peut-il y avoir des facteurs physiologiques ?

Oui, il peut arriver que ces comportements soient liés au développement de la zone frontale du cerveau, celle qui permet de fixer les capacités attentionnelles et de s’inhiber, donc de ne pas agir de manière impulsive. Chez les petits, elle se développe entre 2 et 7 ans. Parfois, il y a un peu de retard. Mais c’est une zone plastique, et une équipe pluridisciplinaire peut donner des tas d’idées aux parents pour la développer, via des exercices de stimulation.
Nous sommes dans une société de la performance..
Ces enfants « difficiles » sont-ils plus nombreux qu’auparavant ?Pour moi, ils ont toujours existé mais ils dénotaient moins, peut-être parce que la société avait un peu moins d'exigences vis-à-vis d'eux. On se réfère toujours à l'environnement socioculturel qui est le nôtre. Aujourd'hui, c'est saillant parce que nous sommes dans une société de la performance et que ces difficultés de comportement entravent beaucoup la vie scolaire. Mais un enfant turbulent en France ou en Belgique pourra être considéré comme génial en Espagne. Il y a d’ailleurs moins d’études italiennes ou espagnoles sur le sujet.


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