Dans notre paracha 'Hayé Sarah, Avraham Avinou envoie son fidèle serviteur, Eliézer, à la recherche d’une épouse pour son fils vertueux, Its’hak Avinou.
Lorsqu’Eliézer arrive à destination, il prie Hachem de lui envoyer un signe lui permettant de désigner la future partenaire d’Its’hak. Il demande : « Que la jeune fille à qui je dirai : "Veuille STP pencher ta cruche afin que je puisse boire…" et qui répondra : "Bois, puis j’abreuverai également tes chameaux !", soit celle que tu as destinée à ton serviteur Its’hak, et que je puisse reconnaître à travers elle que Tu T’es montré favorable à mon maître ! » [1]
Les commentateurs expliquent qu’Eliézer n’a pas suggéré ce signe au hasard ; il voulait s’assurer que la future matriarche ait une bonté de cœur très développée. La précision avec laquelle il a formulé sa prière montre qu’il ne comptait pas se suffire de voir la jeune fille exaucer sa requête et lui donner à boire ; il projetait de demander de l’eau pour lui-même, dans l’espoir qu’elle lui propose, de sa propre initiative, d’abreuver également ses chameaux.
Le commentateur surnommé "Sforno" note qu’il souhaitait qu’elle aille au-delà de sa demande explicite ; qu’elle perçoive ses besoins réels et agisse en conséquence [2].
Dans le même ordre d’idées, le Malbim souligne qu’il ne suffisait pas que Rivka soit gentille, Eliezer voulait qu’elle fasse preuve d’une ‘hokhma (sagesse) qui lui permettrait de remplir son futur rôle.
Ce commentateur expose plus loin la prière d’Eliezer en détail ; il comptait demander à la jeune fille de pencher la cruche vers lui, et n’avait pas l’intention de saisir celle-ci lui-même, pour y boire. Il espérait que, loin d’être contrariée de sa présumée fainéantise, elle essaie de le juger favorablement et s’imagine qu’il avait une douleur quelconque aux mains.
Usant de logique, elle comprendrait que si déjà il n’avait pas la force de tenir la cruche pour lui-même, il était encore moins capable de puiser de l’eau pour ses chameaux. Par conséquent, elle accomplirait la tâche ardue d’abreuver les dix chameaux, toute seule!
Quand Rivka passa cette épreuve avec succès, Eliezer comprit qu’il avait trouvé la partenaire idéale pour Its’hak [3].
Le Sforno et le Malbim montrent que Rivka ne devait pas seulement être gentille, il lui fallait également faire preuve d’une sagesse qui lui permettrait d’identifier les réels besoins d’Eliezer, sans qu’il ne lui fasse de demande explicite.
Nous apprenons de cet épisode que pour faire du ‘hessed de façon optimale, il faut utiliser son intelligence.
Apparemment, cela ne nécessite pas un QI particulièrement élevé, mais il faut être attentif à son entourage, afin de percevoir les besoins d’autrui et lui venir en aide, sans attendre qu’il nous en fasse la demande.
Le Beth HaLévy puise une idée semblable d’un passouk à la fin de la Méguilat Esther. Faisant l’éloge de Mordékhaï en tant que dirigeant du peuple juif, la Méguila nous informe qu’il était « dorech tov lé’amo - il recherchait le bien pour son peuple [4]».
Le Beth HaLévy demande quelle était la particularité de Mordékhaï ; en effet, tous les dirigeants en Thora veulent assurément le bien du peuple. Il explique que Mordékhaï n’attendait pas que les gens l’approchent et lui demandent de l’aide. Il les devançait, venait vers eux, essayait d’identifier leurs manques et de les aider [5].
Le Beth Halévy lui-même, avait cette qualité , la capacité de comprendre les besoins d’autrui avant même que l’on ne s’adresse à lui.
Le soir du séder, quelqu’un lui demanda s’il était permis de boire du lait pour les « quatre verres ». En réponse, il fit livrer à celui qui avait posé cette question, une grande quantité de vin et de viande.
Manifestement, cette personne n’avait pas assez de vin pour les quatre verres. De plus, si elle prévoyait de boire du lait, c’est qu’elle n’avait pas de viande à manger, au cours de ce repas.
Il agit en conséquence et subvint à leurs besoins non formulés !
Au quotidien, nous rencontrons des gens qui peuvent nécessiter une certaine assistance. Mais, très souvent, ils sont trop gênés pour demander explicitement cette aide. Il faut donc essayer d’émuler l’attitude de Rivka et résoudre leurs problèmes.
On découvrit un jour qu’un homme vivait dans une pauvreté extrême. Comment le remarqua-t-on ? Un ami lui avait prêté 25 shekels quelques semaines plus tôt, lui demandant avec naturel s’il pouvait les rembourser. L’emprunteur avait pâli du fait de son incapacité totale à rembourser un tel prêt.
Cette réaction préoccupa son ami qui fit quelques recherches et découvrit que cet homme n’avait pas assez d’argent pour acheter les produits de base. Parfois, l’expression du visage d’une personne, ou un commentaire spontané peuvent indiquer un certain besoin. Il ne tient qu’à nous de prêter attention à de tels indices, augmentant ainsi grandement notre aptitude à faire du ‘hessed.
[1] Parachat ‘Hayé Sarah, Beréchit 24:14.
[2] Sforno, ibid.
[3] Malbim, ibid. Voir également Or Ha’Haïm et Beth HaLévy pour plus de détails sur la grande ‘hokhma que Rivka montra à travers cette action.
[4] Méguilat Esther 10:3.
[5] Cite dans Motsé Chalal Rav, Pourim, p. 246.
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