mardi 3 septembre 2013

Affaire Zeitouni : l'enquête accable les deux chauffards...


Lee Zeitouni, la jeune Israélienne tuée dans un accident de la route à Tel-Aviv en septembre 2011. Les deux chauffards avaient pris la fuite.

Les procès-verbaux de la police israélienne, dont Le Figaro a eu connaissance, détaillent le comportement d'Éric Robic et Claude Khayat, dont la voiture a tué Lee Zeitouni le 16 septembre 2011 à Tel-Aviv.

Éric Robic a fait parler de lui, fin août, après avoir été agressé, selon lui, par un homme armé au sortir d'une boîte de nuit à Antibes. Claude Khayat, quant à lui, mêlé à une affaire d'escroquerie, a aussi dernièrement attiré l'attention pour divers excès de vitesse sur autoroute. 

Mais cette semaine, la justice ouvre un autre dossier qui concerne les deux hommes: l'affaire Zeitouni, du nom de cette jeune femme renversée et tuée le 16 septembre 2011 à Tel-Aviv par le 4 × 4 qu'ils conduisaient. Après l'accident, les deux Français avaient aussitôt pris la fuite dans leur pays.

Quasiment deux ans après ce drame, l'un et l'autre vont pour la première fois être entendus par un juge parisien en charge de l'affaire. Après une première enquête menée par les autorités israéliennes et une plainte déposée en France par les parents de Lee Zeitouni, un magistrat français a en effet repris en main les investigations. 

Convoqué ce matin, Éric Robic, qui encourt dix ans de prison et 150.000 euros d'amende, devrait se voir signifier sa mise en examen pour «homicide involontaire, non-assistance à personne en danger et délit de fuite». 

«Je me considère comme très démodée mais j'estime que l'instruction d'une affaire doit se faire dans le bureau du juge», a indiqué au Figaro son avocate, Me Françoise Cotta, se refusant ainsi à tout commentaire. Claude Khayat sera, quant à lui, convoqué le 5 septembre. 

«Mes clients espéraient ce moment depuis longtemps. Ils attendent aujourd'hui la plus grande rigueur de la part de la justice, notamment dans l'examen des garanties de représentation de ces deux hommes», indique pour sa part Me Gilles-William Goldnadel, l'avocat des parents de Lee Zeitouni. Selon nos informations, le parquet ne s'opposerait pas à un contrôle judiciaire jusqu'à la tenue d'un procès en correctionnelle.

Aucune trace de freinage

Aujourd'hui entre les mains du juge parisien, l'enquête, menée par les autorités israéliennes sur l'accident et dont Le Figaro a eu connaissance, est accablante pour les deux suspects. Ainsi, ce vendredi 16 septembre 2011, dans le centre de Tel-Aviv, Lee Zeitouni, une jeune femme de 25 ans, se rendait à pied à l'aube à son travail. 

Elle avait attendu que le feu piéton passe au vert pour traverser. C'est alors que le bolide était arrivé, grillant le feu rouge. Dans son rapport, le contrôleur des accidents de la route de la police d'Israël note que sur cette route où la vitesse est limitée à 50 km, le 4 × 4 dépassait les 55 km/h.

Puis le rapport livre une somme d'informations matérielles qui rendront difficile toute contestation sur les circonstances du drame lors d'un procès. 

Ainsi le contrôleur signale à propos de l'axe où le drame a eu lieu qu'il s'agit «d'une voie urbaine, goudronnée, droite, normale et sèche». Il souligne aussi que des documents fournis par la mairie de Tel-Aviv permettent de garantir que les feux tricolores étaient «en parfait état de marche».

Sur l'accident en lui-même, tous décrivent une scène violente. Il est indiqué que le conducteur de la BMW n'a même pas eu le réflexe d'éviter l'accident. «Aucune trace de freinage» n'a été relevée sur le sol. 

Violemment touchée «au bassin arrière droit», la jeune femme est alors projetée par-dessus «le terre-plein de séparation des voies» et touche «l'avant gauche d'une Ford» arrivant en sens inverse.

Les PV rendent compte aussi du comportement de deux chauffards qui n'ont pas cherché à secourir la jeune femme. Un passant affirme que «deux hommes sont sortis du véhicule, ont regardé l'endroit du choc sur leur véhicule et sont repartis aussitôt». 

L'enquête révèle par ailleurs qu'ils ont évité de peu d'autres accidents. Roulant à tombeau ouvert dans une BMW avec «calandre et pare-brise défoncés», ils ont failli, dans leur fuite, faucher d'autres piétons. Parmi eux, un résidant de leur immeuble avec ses deux enfants alors que le bolide s'engouffrait en toute hâte dans le parking de la résidence.

Interrogée, la nourrice du fils de Claude Khayat indique que ce dernier n'avait pas passé la nuit dans l'appartement et qu'il était revenu vers 7 heures du matin pour récupérer des affaires et partir en taxi vers 12 heures. Les documents de la police israélienne permettent de constater l'empressement des autorités du pays pour identifier les chauffards et leur barrer la route. Peine perdue: 

Claude Khayat et Éric Robic étaient parvenus à sauter dans le premier avion pour rejoindre la France qui n'extrade pas ses ressortissants. Mais depuis la plainte de la famille Zeitouni auprès d'un juge français, la tenue d'un procès à Paris semble bel et bien aujourd'hui inéluctable.

Quand Khayat se dénonçait pour 500.000 euros

Au début de l'affaire, Claude Khayat s'était désigné comme le conducteur et Éric Robic comme le passager. Depuis, les rôles se sont inversés, le premier ayant finalement fait savoir qu'il ne tenait pas le volant le jour de l'accident. Ce qui est confirmé par des écoutes téléphoniques menées en France et versées au dossier.

Ces écoutes révèlent aussi les rapports entre les deux hommes. Claude Khayat s'était accusé en échange d'une remise de fonds par Éric Robic. 

Le coût de la dénonciation: 500.000 euros. Une somme de 100.000 euros aurait déjà été versée. «Sur procès-verbal et devant le juge, Claude Khayat devrait revenir sur ses premières déclarations et confirmer qu'il ne conduisait pas», indique son avocat, Me  Joseph Cohen-Sebban.

Quels sont les rapports entre ces deux hommes et quelle est leur vie? Reprenant en main les investigations menées tout d'abord par les policiers de Tel-Aviv, les enquêteurs français se sont intéressés à leurs activités, s'interrogeant notamment sur des trains de vie manifestement élevés et l'absence, pourtant, de patrimoine déclaré en France. 

Les enquêteurs se sont aussi penchés sur ces lignes téléphoniques souvent changées et jamais ouvertes au nom des deux intéressés.

La presse israélienne, quant à elle, n'a pas hésité à présenter Claude Khayat et Éric Robic comme des voyous en cheville avec la pègre locale de Tel-Aviv et voulant monter des affaires en Israël.

De retour en France, après l'accident, Éric Robic avait regagné son appartement à Levallois-Perret tandis que Claude Khayat avait rejoint le sud du pays, s'installant notamment dans une villa à Saint-Raphaël.

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