lundi 20 mai 2013

Confessions d'un dragueur en série....


J'étais maître dans l’art de la séduction. Jusqu'à ce que je prenne conscience que je passais à côté du véritable amour.

Vers trente ans, j'ai réalisé que j'avais du succès auprès des femmes. J'ai passé un temps infini à étudier soigneusement toutes les "règles" et à m'appliquer pour être un parfait gentleman. 

J'ai rencontré des centaines de femmes au travail, dans la rue et sur des sites de rencontres, avec un seul objectif en tête : qu'elles veuillent sortir avec moi.
Les "règles" consistaient notamment à avoir un bon contact visuel ; sourire ; faire des compliments sincères et non déplacés sur ce qu'elles portent (chaussures, collier, lunettes, etc.) ; poser des questions appropriées et écouter les réponses avec intérêt ; proposer de la revoir avec tact et naturel ; et le plus important, obtenir son numéro de téléphone.
Je tâchais de prendre des notes après chaque rendez-vous afin de stimuler ma mémoire (vu le nombre de détails à mémoriser) et de paraître encore plus sincère. Deux jours plus tard (pas un, ni trois), je rappelais avec une idée de rendez-vous, qui indiquait clairement que j'avais été attentif à tout ce qu'elle m'avait confié lors de notre première rencontre.
Avant chaque premier rendez-vous, je m'assurais toujours que ma voiture soit propre et ma tenue vestimentaire classe et décontractée – surtout au niveau des chaussures (les femmes semblent avoir une certaine obsession avec ces dernières). Je passais la prendre avec 10 minutes de retard (pour être sûre qu'elle soit prête), et on partait.
J'étais un pro de la drague et j'en étais fier.
À chaque premier rendez-vous, j'ouvrais la porte, je payais l'addition, j'écoutais plus que je ne parlais, je faisais attention à ne pas trop boire (pas plus qu'un verre de vin) et j'avais déjà une idée pour notre prochaine rencontre. Cette technique de drague a continué ainsi sans trop de changement au niveau de la stratégie ou des résultats. Le premier rendez-vous conduisait généralement à un deuxième, puis à un troisième. 
Et en quelques semaines, je me retrouvais inévitablement dans une relation intime avec quelqu'un que je connaissais à peine. J'étais un pro de la drague et j'en étais fier.
Pendant un moment.
Je ne raconte pas tout cela pour vous donner des conseils en la matière. J'essaye simplement de vous expliquer à quel point tout ce processus manquait de romantisme et de réels sentiments pour moi et les autres. C'était un jeu accaparant auquel de nombreux jeunes adultes jouent – pour ensuite se plaindre d'avoir raté le coche du mariage et de la construction d’un foyer.
Ça a presque failli m'arriver.
Pourtant, il existe une meilleure façon de procéder. Une façon qui transforme le jeu des rencontres en une véritable relation où vous apprenez à connaître réellement la personne – ses intérêts, ses aspirations, ses croyances. Où vous apprenez à en savoir davantage sur sa famille, sa profession, ses amours d'enfance. Où vous observez cette personne avec plus de précision : est-elle propre ou désordonnée ? 
Cède-t-elle rapidement à la colère ou prend-elle les choses avec calme ? Vit-elle selon ses propres convictions ou pour la forme ?
L'appréciez-vous sincèrement ? Et le plus important, la respectez-vous ?
À ce moment là, vous pouvez décider d’entamer ou non une relation. Vous pouvez créer un lien intellectuel, émotionnel et spirituel – avant même de penser au contact physique. C'est vrai que ça prend du temps et des efforts mais si les choses sont faites correctement, vous créerez un lien fort et durable, à tous les niveaux, qui n'aura rien de comparable à toute autre relation que vous pourrez connaître. 
Voilà comment c'est supposé se passer.
J'ai brûlé l'étape "apprendre à se connaître" pour passer directement à une passion amoureuse superficielle.
Dans mon univers, les choses ne se passaient pas comme ça. Je brûlais l'étape "apprendre à se connaître" pour passer directement à une passion amoureuse superficielle. Et quand on en arrive là, on ne semble jamais revenir en arrière, à l'étape "apprendre à se connaître". On est coincé avec ce qu'on a et convaincu qu'avec toutes ces choses extraordinaires qui se passent entre nous, tout finira bien par s'arranger.
Inéluctablement, l'un de nous redescendait sur terre et décidait de passer à autre chose. Ce genre de relation pouvait durer des mois, des semaines ou bien quelques jours. (Il y en a une qui a duré 2 ans et j'ai bien failli me marier !) Ponctuellement, lorsque rien d'excitant ne se profilait à l'horizon, je recontactais l'une des mes anciennes conquêtes. Mais à chaque fois qu'un flirt se terminait, je partais en quête du prochain.

L'Amour avec un grand A

Vous pourriez me dire que je manipulais les femmes avec qui je sortais, mais je vous assure du contraire. Il y a tout une culture basée sur ce type de relations superficielles. Alors que je m'engageais dans un style de vie qui prônait la monogamie en série, les femmes avec qui je sortais en faisaient de même. 
C'est ce que tout le monde faisait à cette époque de notre vie. Ces femmes avaient des carrières et des objectifs à atteindre, et la plupart en étaient probablement bien plus conscientes que moi. 
C'est pourquoi elles jouaient le jeu. Elles, autant que moi, désiraient ce semblant de relation maritale – mais sans le travail et l'engagement qui vont de pair avec. Et comme j'appliquais les "règles" et me conduisais comme un parfait gentleman, ces femmes me voyaient comme "quelqu'un de bien", et donc tout allait bien.
Ça a duré sept ans.
J'ai monté ma propre affaire et j'avais de l'argent. Tous les samedis matin, une partie de golf à quatre m'attendait. Je vivais dans un quartier huppé. Et je sortais avec "l'amour de ma vie" du moment.
Puis j'ai commencé à fréquenter la synagogue, à découvrir le judaïsme, et j'ai commencé à voir les choses différemment. Quelque chose ne tournait pas rond. Au final, j'aurais dû être heureux mais j'ai réalisé à quel point je me sentais seul. À quel point je manquais de valeurs et le peu de choses que j'avais à offrir aux autres. J'ai réalisé qu'avec toutes ces rencontres et ces idylles, ça faisait des années que je n'étais pas tombé amoureux. Plus tard, je me suis rendu compte que je ne l'avais jamais réellement été.
Je me suis rendu compte qu'avec toutes ces rencontres et ces idylles, je n'avais jamais été vraiment amoureux.
Alors, j'ai arrêté de courir après "l'amour de ma vie" du moment, ce qui ne l'a pas trop dérangée. De toutes manières, elle n'avait pas l'air de trop comprendre l'histoire du vendredi soir et du Chabbat.
 J'ai laissé tomber ma partie de golf à quatre du samedi matin et j'ai commencé à me rapprocher d'un style de vie un peu plus pratiquant. Je me suis lié d'amitié avec des personnes qui partageaient mes valeurs. J'ai appris à me connaître un peu plus et à savoir ce que je voulais.
Pendant un moment, j'ai arrêté de sortir avec des filles afin de prendre le recul nécessaire. Après un an environ, j'ai demandé à l'une des filles avec qui je m'étais lié d'amitié à la synagogue de sortir avec moi. 
Quelques mois ont suffi pour qu'on réalise tous les deux qu'on n'était pas fait l'un pour l'autre et on a arrêté. Mais on est resté en bons termes – probablement parce qu'on l'était déjà avant de sortir ensemble et qu'on a arrêté avant que l'un de nous ne souffre. 
Puis j'ai rencontré celle qui allait devenir mon épouse. La première fois que je l'ai vue, elle m'a coupé le souffle. On a pris un café ensemble et on a discuté pendant des heures. Il était clair pour elle, comme pour moi, qu'elle faisait des rencontres dans le but de se marier. Ce qui était clairement contre les "règles".
Le lendemain, je n'ai pas pu m'empêcher de l'appeler et de lui laisser un message sur son répondeur en lui disant que j'avais passé un très bon moment avec elle et que je voulais la revoir. J'avais à nouveau enfreint les "règles".
Deux semaines plus tard, on a fait une virée dans une cave à vins cachère, on a pique-niqué et on a parlé du matin jusqu'au soir de tout ce qu'on souhaitait dans la vie. De nos convictions. De nos aspirations. De la manière dont on se voyait vivre. On a parlé de foi, de carrière, d'argent et d'enfants. C'était absolument contre les "règles".
On se voyait plusieurs fois par semaine. J'ai rencontré ses parents et elle les miens. On a rencontré nos amis respectifs. On allait à la synagogue ensemble. Et après deux mois, je l'ai demandé en mariage. Elle a dit oui sans réfléchir, puis elle m'a dit oui à nouveau après avoir repris sa respiration.

Le buisson ardent

On s'est marié six mois plus tard. Pendant les quatre années qui ont suivi, on a traversé crises financières, histoires de famille, fausses couches, changements de carrière et on a eu le bonheur d'avoir une merveilleuse petite fille à un âge avancé de notre vie. Nous sommes de vrais associés et de vrais amis. 
Je ne me sens plus du tout seul. L'engouement que je ressentais à l'idée d'une nouvelle aventure amoureuse n'est en rien comparable à ce que je ressens chaque jour en découvrant de nouvelles choses sur moi et ma femme. Et ce n'est rien comparé au fait d'élever ma fille.
Mais voilà le plus surprenant.
Pendant sept ans, ma femme travaillait à trois pâtés de maison de mon lieu de travail avant que je ne la rencontre.
Pendant sept ans, ma femme travaillait à trois pâtés de maison de mon lieu de travail avant que je ne la rencontre. On s'est rendu compte qu'on se garait dans le même parking. On a vécu à quelques pâtés de maison l'un de l'autre pendant deux ans, et on s'est rappelé vaguement être tombé l'un sur l'autre dans l'une des supérettes du coin. Tous les deux friands de sucreries, on s'est retrouvé là-bas tard le soir, en même temps, et ce à plusieurs reprises, pour s'acheter des bonbons. Il y a eu d'autres rendez-vous quasi manqués de ce genre.
À présent, on a tous les deux la quarantaine passée. Bien qu'on remercie Dieu de nous avoir finalement bien fait comprendre le message, on aurait réellement souhaité se rencontrer plus tôt. On adore tellement notre petite fille que ça nous fait mal de penser que si on s'était rencontré plus tôt, on aurait pu avoir le bonheur d'en avoir cinq comme elle.
La première fois que j'ai étudié le passage de la Torah qui porte sur Moïse et le Buisson ardent, le rabbin nous a demandé depuis combien de temps, à notre avis, le buisson brûlait-il avant que Moïse ne le remarque et ne se tourne dans sa direction. 
J'ai beaucoup pensé à cet enseignement ces derniers temps. Avec tous ces rendez-vous quasi manqués avec ma femme, le buisson devait brûler depuis des années avant que je ne le remarque. J'ai perdu sept années de ma vie, aveuglé par ces "passions superficielles" en plus des années qu'il m'a fallu pour m'en remettre. Et si je l'avais aperçue plus tôt ?
La vie de célibataire n'est pas facile. Ça me fait mal de voir des gens, qui, à priori, semblent heureux, passer d'une relation à une autre sans souhaiter modifier leur style de vie en attendant de rencontrer la bonne personne. 
Je remercie Dieu tous les jours d'avoir changé à temps pour pouvoir rencontrer ma femme et ma fille. Quand je pense à toutes ces choses à côté desquelles j’aurais pu passer – et dont tant d’autres continuent à se priver – je ne peux m’empêcher de frissonner.

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