vendredi 26 avril 2013

De Versailles à Chantilly, Le Nôtre est à vous.....


Sans lui, nos parcs et nos jardins publics ne seraient ce qu’ils sont : le 12 mars 1613 naissait André Le Nôtre, grand jardinier du Roi. Quatre cents ans plus tard et tout au long de l’année, les domaines qu’il a créés – Versailles, Chantilly, Vaux-le-Vicomte… – le fêtent chacun à sa manière. Des promenades entre land art et installation, idéales aux beaux jours.

Un homme qui a choisi trois limaçons pour blason est nécessairement sympathique. Mais si son nom est familier, ses réalisations célébrissimes, le « bonhomme Le Nôtre », connu pour ses familiarités avec Louis XIV (et même avec le pape Innocent XI, auquel il claqua la bise…) reste peu connu. Bref rappel des faits : né à Paris en 1613 dans une famille de jardiniers,

André Le Nôtre était le filleul de Claude Mollet (1557 – 1647), l’inventeur et le théoricien des jardins « à la française ». Prenant l’air d’un temps où les peintres étaient philosophes, les dramaturges poètes et les Académies florissantes, il commença par se lier d’amitié avec Charles Le Brun (1619 – 1690), futur grand peintre et décorateur de Versailles. Le Nôtre, lui-même grand collectionneur, restera toujours proche de ses amis plasticiens. 

Quant à son œuvre personnelle, elle ne consiste pas seulement en jardins princiers ou royaux, elle essaime jusque dans l’urbanisme. Affecté aux Tuileries, c’est lui qui y a notamment créé ce qu’on appelle « l’axe historique » qui va du Louvre à la Défense en passant par… les Champs-Élysées. Tel est le style « Le Nôtre », si représentatif du Grand Siècle : des perspectives sans fin, démenties par des allées à angle aigu, ménageant des recoins plein de surprises, et étageant rigoureusement les essences d’arbres autour de sculptures ponctuant l’espace. Imité partout en Europe, 

Le Nôtre a inspiré un nombre infini de jardins, mais aussi de plans de villes (Washington, Saint-Petersbourg).
© JL AubertVue aérienne du Château de Chantilly, © JL Aubert
Vaux-le-Vicomte, le manifeste
En 1656, Le Nôtre se voit confier par Nicolas Fouquet, surintendant du Roi, l’aménagement des jardins attenant au château. C’est l’occasion pour lui d’affirmer son originalité. Ayant appris le dessin dans l’atelier du peintre Simon Vouet, Le Nôtre joue des illusions d’optique et des effets de perspective (plus les éléments du jardin sont éloignés du château, plus ils sont longs ou hauts ; c’est ce qu’on appelle une « perspective ralentie »), et même des couleurs : il fait recouvrir le sol des « broderies » de brique pilée, pour que le rouge contraste avec le vert des arbustes taillés. 

De plus, tandis que les jardins de la Renaissance étaient d’une symétrie parfaite, Le Nôtre crée des déséquilibres qui introduisent de la fantaisie dans les promenades. Louis XIV, saisi par la beauté de ces solutions nouvelles, engage le jeune homme dans la foulée.

Si le château n’a pas prévu grand-chose pour fêter le créateur, à part quelques panneaux d’explications supplémentaires, les jardins se suffisent à eux-mêmes. Au départ du centre de Paris (2 rue des Pyramides) Cityrama-Parisvision propose des visites non guidées des châteaux de Vaux le Vicomte et de Fontainebleau dans la même journée avec transfert aller-retour en bus. Départ 9h15 – retour vers 18h15, tous les jours du 31 mars au 31 octobre, sauf le mardi.
© Penn State libraries pictures collection via Flickr Penn State libraries pictures collection via Flickr©
Versailles : sonnez aux bois !
À Versailles, le savant équilibre entre symétrie des axes et fantaisie des masses va trouver un terrain d’expression de grande ampleur. Si toutes les inventions de Le Nôtre dans cet immense domaine n’ont pas été conservées, son quadricentenaire va en faire revivre certaines, notamment le « Bosquet du Labyrinthe » –  installation géante conçue avec Charles Perrault pour y perdre les chaperons rouges dans un dédale de treillages et de rocailles, parmi 333 animaux mettant en scène les fables d’Ésope – qui fera l’objet d’une exposition, en attendant la véritable monographie, « Le Nôtre en perspective », prévue pour l’automne dans les salles d’Afrique. D’ici là, on pourra se promener dans les allées, ou assister aux Rencontres André Le Nôtre sur le travail du paysage.
« Les rencontres André Le Nôtre. L’Humanité du jardin : de l’enclos au territoire », du 1er  au 3 juillet 2013 à Versailles. Rens. www.rencontres-andre-lenotre.fr
Exposition « Le Nôtre en perspective. 1613 – 2013 », du 22 octobre 2013 au 24 février 2014. Rens. www.anneelenotre.fr
© Wallyg via Flickr© Wallyg via Flickr
Chantilly, crème des parcs
Chantilly devait être une variation sur Versailles. Le Nôtre en fit son jardin préféré, en bouleversant une nouvelle fois les habitudes : l’axe ne passe pas par le château (situation unique dans son travail) – ce qui suggère que les jardins sont un espace non centralisé, un univers de jeu (d’où les multiples jets d’eau), quasi incontrôlable : tirant partie des déclivités naturelles du terrain au Nord, on n’en découvre le détail qu’une fois le nez dedans. L’exposition que lui consacre le château permet d’examiner plans et vues d’époque, ainsi qu’une maquette au 1/600e. 

Mais rien ne vaut la simple déambulation pour rendre au créateur l’hommage qu’il mérite, en associant à son nom l’infini plaisir de la promenade dans ses œuvres. « Souvenez-vous, disait Le Nôtre  en 1698 au comte de Portland, de tous les beaux jardins en France… »
Exposition « André Le Nôtre », Château de Chantilly, du 12 avril au 7 juillet 2013. Et au même endroit dans le Cabinet des Livres : « Histoire de rire, histoires à rire. Joyeuses narrations et devis gaillards du Moyen-Âge au Grand Siècle ». Rens. www.domainedechantilly.com
© Gary Otte© Gary Otte
Et aussi :
Pour célébrer le 400ème anniversaire de la naissance de Le Nôtre, la Ville et le Musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye rendent hommage au roi jardinier, du 6 avril au printemps 2014.

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