samedi 9 mars 2013

Le corps des femmes : morceaux choisis.....




Aurélien Bellanger, Charles Pépin, David Foenkinos, Sandro Veronesi, Atiq Rahimi : cinq écrivains louent une partie du corps des femmes


Une épaule, le cou, une cascade de cheveux… Pour Madame Figaro, cinq écrivains donnent la part belle aux femmes. Morceaux choisis.

Le cou, par Aurélien Bellanger


« Le mythe sexuel de la sirène résiste à l’analyse des problématiques évidentes que pose son anatomie. C’est d’autant plus vrai que si l’on retourne le problème en lui prêtant des jambes de femme et une tête de poisson, hypothèse plus pratique, la sirène perd aussitôt sa puissance érotique. L’explication est sans doute à chercher dans la théorie de l’évolution, qui fait de l’apparition de la tête mobile un progrès majeur. Qu’est-ce qu’une tête mobile ? 

C’est la projection loin du corps des organes de contrôle, qui seront seulement rattachés par un fin cordon : le cou. C’est la partie la plus gracieuse des femmes. Délicat, traversé par plusieurs flux vitaux et par des veines décoratives, résille de tendons frémissants et emprisonnant la voix, qu’on choisira, pour ses vibrations régulières, plutôt grave. Le cou coordonne le corps et l’appétit sexuel. Il existe, dans la littérature classique, une certaine imprécision lexicale, qui consiste à utiliser indifféremment le mot “gorge” pour décrire la poitrine et le cou. C’est une troublante formulation du principe métaphysique d’identité des indiscernables : les deux seins, identiques, doivent se fondre dans un objet unique, doux et manipulable. »
Dernier livre paru : La Théorie de l’information (éd. Gallimard).

La main, c’est la porte d’entrée du monde féminin

Les mains, par David Foenkinos


« J’ai tant de souvenirs où l’idée de tenter de tenir la main d’une fille me paraissait comme la quête du Graal. Combien de films ai-je vus au cinéma en n’étant qu’obsédé par une avancée millimétrée de ma main fébrile vers une main féminine ? Et même aujourd’hui, c’est souvent le premier contact charnel que l’on peut avoir. La main, c’est la porte d’entrée du monde féminin. Cela peut paraître si désuet par rapport à la féminité, au désir, si peu érotique même, et pourtant non, tenir la main d’une femme n’est jamais anodin. Est-ce pour cela qu’il m’arrive souvent d’observer les mains ? Peut-être, car j’imagine où elles pourraient être…

 Je n’ai pas de style particulier par rapport aux mains. Cela peut être des mains délicates, et fines, des mains de pianistes ou de rêveuses. Mais j’aime tout autant les mains maquillées, les ongles longs, le vernis, et même une forme de vulgarité pourquoi pas. J’ai l’impression que l’on trouve beaucoup d’une femme dans les mains. C’est de leurs mains qu’elles nous font signe de les rejoindre. »

Dernier livre paru : Je vais mieux (éd. Gallimard).

L’épaule, par Charles Pépin


« Faire le tour d’une épaule comme on fait le tour d’un monde. Rien à voir avec la main, qui sait faire tant de choses… Ni même avec la gorge, qui promet autre chose… L’épaule ne promet rien ; l’épaule est tout un monde. Dénudée, elle est une fin en soi, un résultat déjà. Savoir s’y arrêter, contempler, ne rien demander de plus. Le rond d’une épaule et une main d’homme qui se referme : caresser… ou tenir ? Admirer ou protéger ? Aimer ou posséder ? 

Tout est dit dans cette simple forme, dans le délice de l’arrondi et dans cette main qui se replie : je voudrais te posséder, te loger dans ma vie comme ton épaule dans le creux de ma main, je voudrais, mais je sais, je sens que l’amour vrai est ailleurs, amour de l’inconnu et du mystère – d’une beauté qui jamais ne sera mienne. Et ma main qui se promène, hésite, dit ce balancement même, entre le tour du propriétaire et l’accueil du mystère. »

Dernier livre paru : Quand la beauté nous sauve (éd. Robert Laffont).
Les cheveux sont hérétiques,érotiques et politiques
Suite ci dessous :

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