USA - Le deuxième mandat de Barack Obama sa traduira par un lachage d'Israël sur les principaux dossiers sécuritaires
par Gerard Fredj
Il y a quelques jours, Benjamin Netanyahou expliquait dans un entretien télévisé que le gouvernement avait dépensé des milliards de shekels pour doter l'armée israélienne de capacités militaires qui lui faisaient défaut jusqu'à présent; pour le Premier ministre, Israël se devait d'être plus forts que jamais –face à la menace iranienne, aux risques en provenance de Syrie, et à la montée de l'islamisme radical dans la région – pour pouvoir un jour faire la paix.
Dans le même temps, alors qu'Israël exprimait sa préoccupation face aux menaces syriennes d'attaques contre Israël en cas de chute du régime de Bashar Al-Assad(voir notre édition du 18 janvier), ces risques existentiels étaient discrètement poussés dans un coin par le Secrétaire d'Etat à la Défense sortant, Leon Panetta, et Martin Dempsey, le Chef d'Etat major général de l'armée américaine.
Dans une conférence à Washington, ils expliquaient tous deux que si Bashar Al-Assad décidait d'utiliser des armes de destruction massive – notamment des armes chimiques – il serait "impossible pour les services de renseignements américains de le savoir à l'avance ou de l'arrêter".
Il n'y a pas si longtemps, en aout dernier, le même Leon Panetta assurait, lors d'une rencontre avec le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak qu'il était certain que si l'Ayatollah Khameini "donnait l'ordre d'assembler une bombe nucléaire, nous le saurons, nos services de renseignements comme le vôtre".
La dernière déclaration semble amorcer un virage sensible de la position américaine : incapable de détecter l'emploi d'armes de destruction massive en Syrie, comment l'Amérique pourrait-elle effectivement débusquer l'assemble d'ogives nucléaires.
Il semble que l'administration Obama ait déjà répondu à cette interrogation.
Lundi dernier, David Albright, un expert très influent dans les agences américaines de sécurité et de renseignement, a présenté un rapport de plus de 150 pages qui présente une stratégie de moindre implication américaines "dans un moyen orient changeant".
Il est aussi l'un des coauteurs d'un rapport explicitant les étapes clés, jusqu'à la mi 2014, qui permettront à l'Iran " de produire assez d'uranium militaire enrichi pour une ou plusieurs bombes nucléaires sans détection par les pays occidentaux".
Alors que Barack Obama vient de prêter serment pour un second mandat, il prépare également le pays à un changement de stratégie sur le dossier des armes non conventionnelles au Proche Orient : contrairement aux précédentes affirmations, les Etats Unis, sur la base des estimations de ces "experts", déclarent désormais qu'ils sont incapables de détecter ces menaces, et donc d'intervenir.
Ce qui écarte, par la même, toute idée d'opération préventive.
Le monde doit donc s'habituer à l'idée de se réveiller un matin en apprenant que l'Iran a procédé avec succès à un essai nucléaire, ou que Bashar Al Assad a déclenché une attaque chimique.
A ce moment là seulement, L'administration américaine commencera à se demander comment elle peut agir.
Pour éviter cela, Obama espère que les négociations secrètes qu'il a initiées avec l'Iran le mois dernier, - accompagnées par des sanctions dont on sait désormais qu'elles affectent l'Iran sans ralentir sa course au nucléaire – permettront d'arrêter la république islamique sur le chemin de la bombe atomique.
Pour cela, Albright estime que le Président américain dispose d'au moins de 18 mois.
Mais ni Albright ni Obama ne répondent à une question de plus en plus insistante : que sont devenues les cinq tonnes d'uranium enrichies dont disposait Bashar El Assad pour son réacteur nucléaire d' Al Kibar, détruit par Israël en 2007.
Le très sérieux Financial Times se faisait l'écho de cette inquiétude dans son édition du 9 janvier, estimant que ce stock d'uranium – suffisant pour produire cinq bombes atomiques – aurait pu être donné à l'Iran.
Les nuances du discours de Benjamin Netanyahou laissent entendre qu'il a senti le vent tourner à Washington : au lieu d'affirmer, comme d'habitude, qu'il ne permettrait jamais à l'Iran de produire des bombes nucléaires, il déclare maintenant "investir des milliards pour préparer le pays à faire face à la menace iranienne".
La nomination de Chuck Hagel au poste de Secrétaire à la Défense ( un fervent partisan du non interventionnisme), tout comme l'attitude de l'administration américaine face à l'intervention française au Mali, montrent que cette nouvelle stratégie est déja en place.
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