La visite du PM singapourien vient consolider près de cinquante ans de coopération entre les deux États..
L'actuel Premier ministre singapourien, Lee Hsien Loong, a répondu à l'invitation du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Le troisième chef de gouvernement de l’histoire de Singapour est le premier dirigeant à se rendre en Israël, où il est arrivé lundi dans le cadre d'une visite historique consolidant près de cinquante ans de relations et de coopération entre les deux États.
Le lien entre la Cité-État et l'État hébreu remonte aux premières années qui ont suivi la décolonisation britannique, avant même que des relations diplomatiques n’aient été officiellement établies quatre ans après l'indépendance en 1965.
A cette date, le chef de gouvernement et père de l'actuel Premier ministre, Lee Kuan Yew, s'est retrouvé contraint de quitter la fédération malaise pour fonder Singapour. Son armée ne comptait alors que deux régiments d'infanterie commandés par des officiers britanniques et était formée de deux tiers de soldats étrangers. Comme Israël en 1948, Singapour a très rapidement ressenti la nécessité de construire un outil de défense dans un contexte local et régional difficile.
Pris par cette urgence de la situation, Lee Kuan Yew s'adressa d'abord à l'Inde et à l'Égypte, les alliés "naturels" du clan des non-alignés, pour finalement choisir d'avoir recours à des conseillers militaires israéliens auxquels il fera appel "secrètement".
Le général Rehavam Zeevi (Gandhi), le colonel Yaacov Elazari ainsi que le colonel Yehuda Golan et d'autres officiers surnommés "les Mexicains" par le gouvernement singapourien qui voulait dissimuler leur présence dans la région, ont ainsi permis la création de l'actuelle armée singapourienne et ont été à l'origine de sa doctrine militaire: le "Livre brun".
GPO
"Le ministre singapourien de la Défense Goh Ken Swee et le général israélienl Rehavam Zeevi (Gandhi),le 22 juillet 1967"
"Le ministre singapourien de la Défense Goh Ken Swee et le général israélienl Rehavam Zeevi (Gandhi),le 22 juillet 1967"
"L’armée de Singapour a été construite, entraînée et équipée sur la base de l’armée israélienne. Les Singapouriens sont entourés de pays musulmans, ce qui fait de leurs îles un endroit qui pousse à la paranoïa. Pour cette raison l’État a développé une armée disproportionnée, large et puissante. Et de ce point de vue, leur armée est pour eux très similaire à l’armée israélienne", explique Yossi Melman, spécialiste de la sécurité et du renseignement israéliens.
Les hommes singapouriens, qu'ils soient d'origine chinoise ou qu'ils appartiennent aux petites minorités malaise ou indienne, sont tous soumis à un service militaire de deux ans suivis, jusqu'à l’âge de 40 ans, de périodes de réserve qui peuvent atteindre quarante jours par an.
L’armée singapourienne, considérée aujourd'hui comme l'une des plus puissantes en Asie du sud-est, a utilisé dès la fin des années 60 le même type d’armement que les Israéliens et peut mobiliser des centaines de milliers de réservistes en quelques heures.
"L'armée singapourienne conçue selon le modèle israélien"
Depuis que les conseillers militaires israéliens ont quitté progressivement la Cité-État à partir du milieu des années 1970, des relations étroites se sont par ailleurs développées dans les domaines de l’industrie de l’armement, dans le secteur de la Défense, mais aussi plus largement les secteurs technologiques.
Pour Israël, Singapour constitue aujourd’hui l’un des principaux clients de son industrie militaire, aboutissement de quarante années de coopération soigneusement tenue secrète.
"On trouve à Singapour presque tous les types d’armement produits par l’armée israélienne. Les projets de recherche ou les prototypes de certains d’entre eux sont même parfois financés partiellement par l’État-cité, qui bénéficie ensuite d’une licence l’autorisant à produire ces systèmes", affirme Melman.
Parmi les contrats d’armements réalisés par l’État hébreu figurent la vente de tanks, de missiles air-sol "Barak", ainsi que la livraison de drones "Hermes", d’avions de combat équipés de systèmes électroniques israéliens et de navires de guerre.
Dernièrement, la coopération entre les services de renseignement des deux États s’est accentuée du fait de la menace terroriste posée par l’organisation islamiste "Jemaah Islamiyah", tenu responsable des attentats de Bali en 2002 et de l'hôtel Marriott de Jakarta l'année suivante.
"Israël jouit d’une présence importante à Singapour avec des experts, des délégations et des installations militaires. En outre, il existe une collaboration étroite en termes d’échange d’informations dans le domaine des renseignements, notamment en raison de la présence en Asie du sud-est de groupes terroristes comme al-Qaïda et de réseaux dirigés par le Hezbollah", selon Yossi Melman.
En 2014, l’industrie militaire israélienne avait dévoilé lors du salon aéronautique de Singapour, son drone "Super Héron", développé par la société IAI (Israel Aerospace Industries) dont les caractéristiques surpassaient celles de son prédécesseur, le Héron ("Shoval", en hébreu), opérationnel depuis 2005 dans l’armée de l’air de Tsahal.
"Corvette lance-missiles "RSS Victory." équipée de matériel israélien"
En outre, le salon avait été l'occasion pour le groupe de défense national israélien Rafael de présenter pour la première fois son nouveau système "Faisceau de fer", inspiré de la technologie du "Dôme de fer", capable d'intercepter des mortiers et des missiles de très courte portée à l'aide d'un laser.
Aussi, la visite de Lee Hsien Loong fait, somme toute, écho aux déclarations amicales du président israélien Reuven Rivlin, qui s'était rendu à Singapour pour présenter ses derniers hommages au premier Premier ministre du pays décédé en mars dernier à l’âge de 91 ans.
"Je vais représenter l’État d’Israël et ses citoyens, non seulement pour exprimer nos condoléances pour le décès d’un fondateur de Singapour, mais aussi pour exprimer notre estime pour son travail en tant que leader précieux et important. Et je n’ai aucun doute quant au fait que les relations entre les deux pays continueront à se renforcer", avait affirmé Rivlin.
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