dimanche 13 septembre 2015

L’islam, c’est aussi ça !


Je suis heureux de voir que M. Hindi défend une interprétation pacifique et tolérante du Coran. Je lui demande seulement de comprendre qu’il n’y a aucune raison, pour que nous, non-musulmans, retenions son interprétation comme la seule authentique.

Contrarié par la critique de l’Abbé Pagès, M. Hindi réagit vivement et entend donner à son contradicteur des leçons d’exégèse coranique. Ainsi, nous dit-il, le verset cité par l’abbé Pagès (5:33 : « Seule rétribution de ceux qui combattent Dieu et son Envoyé et se démènent à faire dégât sur la terre : les tuer, ou les crucifier, ou leur couper les mains et les pieds en diagonale, ou les bannir… ») ne concernerait pas les détracteurs de l’islam mais uniquement les criminels de droit commun.
Il se trouve que j’ai récemment fait l’acquisition du Tafsir d’Ibn Kathir dans sa version abrégée par M. Al-Adawi. Ibn Kathir est un érudit musulman qui fut professeur à la grande Mosquée de Damas au cours du XIVe siècle. Le Tafsir est un commentaire du Coran verset par verset, s’appuyant sur les hadiths que l’auteur estime authentiques.
Que nous dit donc le Tafsir d’Ibn Kathir au sujet du verset débattu (5 :33) ?
« L’expression al-muharaba (faire la guerre) signifie la désobéissance et l’opposition, et elle s’applique aussi bien à la mécréance qu’au brigandage et au banditisme. »
Les autres commentaires d’Ibn Kathir sur ce verset concernent essentiellement le cas de brigandage. Il n’empêche qu’Ibn Kathir nous dit que ce verset s’applique également à la « mécréance ». Et cette interprétation n’est pas surprenante, puisque le verset nous parle de « ceux qui combattent Dieu et son Envoyé ». Il est donc difficile de reprocher à l’abbé Pagès de penser que ce verset s’applique aux détracteurs de l’islam.
Je pourrais également rapporter des commentaires belliqueux d’Ibn Kathir au sujet du « verset du sabre » (2 :190-192), verset dont M. Hindi affirme qu’il ne concernerait que des guerres de légitime défense.
Je tiens aussi à faire remarquer que mon édition du Tafsir d’Ibn Kathir est préfacée par M. Zakaria Seddiki. M. Seddiki n’est pas n’importe qui. Il a enseigné pendant plusieurs années à l’IESH de Château-Chinon, un institut de formation des imams lié à l’UOIF, la première organisation musulmane en France. Bien entendu, une préface ne vaut pas approbation de la totalité du livre, mais cela montre que les écrits d’Ibn Kathir ne sont pas lus uniquement par d’obscurs religieux saoudiens.
Au fond, il existe mille et une façons d’interpréter le Coran. Je suis heureux de voir que M. Hindi défend une interprétation pacifique et tolérante du Coran. Je lui demande seulement de comprendre qu’il n’y a aucune raison, pour que nous, non-musulmans, retenions son interprétation comme la seule authentique.
Par ailleurs, comme M. Hindi est marocain, je lui suggère d’illustrer ses écrits en défendant une véritable liberté religieuse au Maroc, où les autorités n’hésitent pas à expulser et emprisonner régulièrement les missionnaires chrétiens. Et pour que ce débat soit l’occasion d’un échange de bons procédés, je m’engage, de mon côté, à défendre la liberté religieuse des musulmans en France, à commencer par la liberté de porter le voile dans les lycées.

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