dimanche 13 septembre 2015

Analyse : le miel du Nouvel an de Netanyahou....


Ce qui semblait être un fiasco diplomatique cette semaine semble s'être transformé en victoire pour Israël
Une des principales feuilles satiriques a publié vendredi l’information suivante: “le Premier ministre Benyamin Netanyahou a téléphoné cette semaine à la Reine Elizabeth pour la féliciter d’être devenue le monarque anglais au règne le plus long et a promis de battre son record”.
Avec ses trois mandats (bien que non consécutifs) et ayant entamé la seconde année du quatrième, les événements de la semaine passée ont mis une fois de plus en évidence sa capacité de résistance.
Trois fiascos majeurs de la diplomatie israélienne en moins de 24 heures, et aucune “égratignure publique” pour le Premier ministre qui est également le ministre des Affaires étrangères.
Netanyahou a fait la semaine dernière ce qu’il préfère. Il a fait une tournée le long de la frontière israélienne avec la Jordanie, annonçant la construction d’une nouvelle barrière de sécurité, lui donnant ainsi une nouvelle occasion de lancer une mise en garde contre les dangers du tsunami islamiste qui risque de submerger la région.
Il a fraternisé avec la crème de la société britannique et des hommes politiques à Londres, s'est volontiers pris au jeu des photographes devant l'entrée au 10 Downing Street, où il a été chaleureusement accueilli par son homologue, David Cameron, apparaissant sans se laisser perturber par les manifestations anti-israéliennes non loin de là.
Pourtant, dans la capitale britannique, il a appris deux mauvaises nouvelles : l'approbation à une large majorité de Assemblée générale des Nations unies de hisser le drapeau palestinien dans l'enceinte de son siège à New York, et le vote du Parlement européen pour l'étiquetage des produits fabriqués dans les implantations de Cisjordanie.
Un homme de moindre envergure aurait été abattu. Pour Netanyahou, ces nouvelles lui ont fourni une nouvelle occasion d'exprimer sa profonde conviction - partagée par une majorité d'Israéliens - qu'Israël est une victime, et de transformer une défaite apparente en une victoire morale.
"Ceci est injuste. La racine du conflit ne sont pas les territoires, et la racine du conflit ne sont pas les implantations", a-t-il lancé.
Il en a également profité pour rappeler aux Européens les péchés de leurs pères. "Nous avons la mémoire historique de ce qui est arrivé quand l'Europe a étiqueté des produits juifs", a-t-il dit.
En combinant réprimandes sévères et promesses pour tout ce que ses hôtes voulaient entendre ("Je suis prêt à rencontrer le président Abbas n'importe où, à partir de maintenant, pour parler de paix sans conditions préalables), il a réussi à mettre un visage positif sur ce que certains critiques en Israël ont qualifié de semaine désastreuse pour le pays et les annales de la diplomatie israélienne.
Avant de partir pour Londres, il s'est assuré que personne ne gâche l'esprit de vacances avant le Nouvel an juif que les Israéliens vont célébrer dimanche soir, annulant les entretiens traditionnels que les Premiers ministres israéliens accordent habituellement aux grands médias au début de l'année juive.
Evoquant des problèmes d'emploi du temps, il a utilisé à la place Facebook, où il a posté une courte vidéo dans laquelle il a listé ce qu'il décrit comme des réalisations de la politique intérieure et étrangère de l'année écoulée. Parmi ceux-ci, il vanté le fait que la plupart des Américains sont d'accord avec lui au sujet de l'accord sur le nucléaire iranien, égratignant une nouvelle fois au passage le président Barack Obama.
Mais la Maison Blanche avait apparemment décidé d'être magnanime dans la victoire après avoir obtenu l'approbation de l'accord sur le nucléaire iranien au Sénat, et offert à Netanyahou un cadeau pour la nouvelle année : l'annonce d'une réunion dans le Bureau ovale avec Obama en novembre.
Les assistants du Premier ministre ont également été prompts à mettre en avant les observations qu'Hillary Clinton a faites cette semaine, dans un discours important de politique étrangère au sujet de son engagement aux côtés d'Israël. En d'autres termes, Israël semble assuré d'un fort soutien américain, peu importe qui remplacera Obama.
Tout cela semble aller à l'encontre des avertissements sinistres des experts en ce qui concerne les dommages à long terme infligés au plus important atout stratégique d'Israël - ses liens avec les Etats-Unis - suite à l'épisode de l'accord sur le nucléaire iranien.
Les sondages en Israël donnent également des motifs de satisfaction à Netanyahou : pas seulement les Américains estiment qu'Obama a obtenu un marché de dupe, la grande majorité des Juifs israéliens le pensent également, selon le sondage mensuel de l'Institut de démocratie d'Israël et de l'Université de Tel Aviv.
Et que dire de la pression de boycott européen de plus en plus forte sur Israël pour résoudre le conflit avec les Palestiniens? Netanyahou semble certain qu'il peut compter sur le soutien des États-Unis sur ce front, comme en témoigne le vote américain à l'ONU cette semaine contre le drapeau palestinien. On peut comprendre qu'après avoir sécurisé l'héritage de sa politique étrangère avec l'accord iranien, Obama ne soit pas particulièrement pressé de lancer une autre initiative de paix risquée au Moyen Orient avec des dirigeants israéliens et palestiniens réticents.
Ainsi, alors que Netanyahou, sa famille et ses invités célébreront la nouvelle année dimanche en trempant des tranches de pomme dans le miel, le Premier ministre se dira probablement - certains diraient qu'il se trompe - que, dans l'ensemble, il est sorti renforcé de ses dernières péripéties.

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