jeudi 6 août 2015

Pourquoi Hollande a raison de soutenir l'Égypte....


L'Égypte du maréchal al-Sissi est la seule puissance arabe capable de contenir Daesh alors que le chaos règne dans toute la région.


N'en déplaise aux esprits chagrins, François Hollande a raison de manifester son soutien à l'Égypte en se rendant à l'inauguration du « nouveau canal de Suez ». La participation aux cérémonies d'avions Rafale et de la frégate Normandie, hâtivement rebaptisée Tahya Misr, récemment livrés à l'armée égyptienne illustre la volonté de la France de développer sa coopération avec le seul pays arabe de la région préservé du chaos. Qui pourrait en tenir rigueur au chef de l'État ?
Comme toujours s'élève, bien sûr, ici ou là, la lancinante complainte de l'éternel chœur des pleureuses, défenseurs vétilleux d'une vision angélique de la politique internationale et des droits de l'homme. Ils découvrent brusquement que l'Égypte n'est pas la Suède, que la pratique démocratique n'est guère dans l'ADN des généraux égyptiens et que la notion d'habeas corpus n'est pas très familière aux services de sécurité des bords du Nil, plus prompts à manier la trique qu'à relire Montesquieu.
Il n'empêche : l'Égypte est l'ultime bastion cohérent du monde arabe historique, la seule véritable puissance arabe qui subsiste entre Nil et Euphrate alors que la Syrie et l'Irak ont implosé.
Qui peut réellement endiguer les séides de Daesh ? Les émirats du Golfe ? Des confettis richissimes mais aux moyens humains inexistants. L'Arabie saoudite ? Le roi Salmane dispose d'une manne quasiment inépuisable, l'argent du pétrole, et d'une légitimité religieuse que lui confère le contrôle de La Mecque et Médine. Mais lui aussi manque cruellement d'hommes.

L'assurance-vie des Saoudiens

Après la révolution iranienne de 1979, le royaume wahhabite a demandé au Pakistan de lui fournir des soldats et une brigade blindée pakistanaise, composée uniquement de soldats sunnites, est restée dans le pays jusqu'au milieu des années 1980. 
Aujourd'hui, Riyad apporte une aide financière cruciale au Caire, les Saoudiens ayant compris que le maréchal Sissi constituait pour eux une sorte d'assurance-vie.
L'Égypte, c'est 90 millions d'habitants, une histoire multimillénaire, un État certes bureaucratique mais qui fonctionne tout de même. L'armée, à l'instar de son homologue turque (avant qu'Erdogan y mette bon ordre...), constitue la colonne vertébrale de l'État. Ce sont d'ailleurs des unités du génie qui ont été les maîtres d'œuvre du percement du nouveau canal de Suez.
L'Égypte, c'est aussi le pays qui, en 1977, a fait le choix stratégique de la paix avec son voisin israélien. Malgré les crises, les soubresauts, les tensions, jamais cette option n'a été remise en cause depuis trente-huit ans. Même à l'époque où les Frères musulmans étaient au pouvoir au Caire sous la houlette du président Mohamed Morsi (juin 2012-juillet 2013), les services de renseignements des deux pays ont continué à coopérer.

La plus forte communauté chrétienne d'Orient

Enfin, l'Égypte, c'est aussi le pays du Proche-Orient comportant la plus forte communauté chrétienne (environ 10 % de la population, soit 9 millions de fidèles) et l'une des plus anciennes : c'est l'évangéliste saint Marc qui, selon la tradition, a posé les bases de cette communauté.
La cohabitation avec les musulmans les plus virulents n'est pas toujours un jardin de roses, notamment en haute Égypte, mais l'État veille, tant bien que mal, à préserver la coexistence. Quand en février dernier, vingt et un Égyptiens coptes ont été égorgés par Daesh en Libye, le maréchal Sissi a immédiatement dépêché ses chasseurs bombardiers F16 pour bombarder les bases de l'État islamique dans la région de Dera. Et décrété une semaine de deuil national.
Et le 6 janvier dernier, jour de la célébration du Noël orthodoxe copte, Sissi a assisté officiellement à la messe de minuit à la cathédrale Saint-Marc du Caire. C'était la première fois depuis un siècle qu'un chef de l'État égyptien prenait part à cette cérémonie.

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