mercredi 14 mai 2014

La femme berrichonne, la femme bretonne et la femme arabo-palestinienne....


« L’Année Internationale de Solidarité avec le Peuple Berrichon vous invite à une exposition du Printemps du Berry. Comme chacun le sait, la camisole est le vêtement porté par toutes les femmes berrichonnes, il représente le cœur de leur identité, et c’est à cela que s’exprime la grandeur et l’avenir de la berrichonnité… »

« L’Année Internationale de Solidarité avec le Peuple Breton vous invite à une exposition du Printemps de la Bretagne. Comme chacun le sait, le bigouden est la coiffe portée par toutes les femmes bretonnes, il représente le cœur de leur identité, et c’est à cela que s’exprime la grandeur et l’avenir de la bretonnité…. »

Sans doute, cela paraît-il incongru de voir dans un élément de l’habillement un facteur identitaire dans la France du XXIe siècle, de même que l’identification d’une culture à un symbole relève plus du folklore que d’une réalité. Et il est évident que la société bretonne n’est pas fédérée aujourd’hui pas le bigouden, mais par la langue et par l’histoire qui sont aujourd’hui en revitalisation. 

Et aux identités imposées se trouve substituée le sentiment libre d’appartenance : personne ne sera aujourd’hui, dieu merci, exécuté pour ne pas se soumettre aux diktats d’un nationalisme breton revanchard, et aucun parti breton ne revendique l’expulsion des non-Bretons comme le seul moyen possible d’atteindre la plénitude de son identité. Ce serait non seulement l’expression d’une xénophobie crasse, mais un non-sens absolu, irrationnel.

Pourtant, aujourd’hui, lorsqu’il est question de la culture dite « palestinienne », ce qui relève du folklore se fige en identité éternelle hypostasiée dans ses formes les plus anecdotiques socialement, et les violences xénophobes trouvent encore des justifications prétendument rationnelles.
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Comme beaucoup semblent l’avoir oublié, à juste titre, le milieu universitaire, censé être le garant d’une liberté d’expression combiné à l’exercice d’une pensée critique. Comme chacun le sait, l’université française est émancipatrice : elle poursuit avec grandeur la lutte entamée depuis les Lumières contre le préjugé et contre lesidéologies. Elle est le dernier lieu d’une lutte contre les forces réactionnaires et impérialistes. 

Une association étudiante, financée par l’université de Lorraine, organise chaque année, un « Printemps de la Palestine » et dans ce cadre, offre un panel d’exposition et de manifestations, toutes au service de la noble « cause ».

Un passage du programme de cette année à Vandœuvre-lès-Nancy mérite toute notre attention. On y lit : 

« La soirée débutera par un défilé de robes palestiniennes. La robe traditionnelle nous parle avant tout de la femme palestinienne. Elle nous parle de couleurs chaudes et de délicats motifs géométriques qui se conjuguent avec harmonie. Elle nous parle aussi de la vie de ces femmes, de leur moment d’espoir et de bonheur. Elle nous parle enfin d’une terre et d’une longue histoire.

Le défilé sera suivi d’une conférence-débat de Leila el Ali, directrice de l’association Najdeh, une association palestinienne qui intervient dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban.

Enfin, la soirée se poursuivra par la projection d’une interview-vidéo de Madame Halima Swidane Oum Mhamed qui a vécu la Nakba (la catastrophe de 1948), l’arrachement à son village et le départ vers les camps de réfugiés du Liban. Un beau témoignage. »
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Comme l’auteur de ses lignes, je ne doute pas une seconde que le lecteur ne sente en lui les larmes d’émotions couler à torrent dans l’attente de ce « beau témoignage » dont je sens que la charge émotionnelle attendue, espérée d’arrache-pied, me fait déjà haïr les Juifs.
Il suffit d’être attentif à ces véritables « témoignages » : la vie faite d’harmonie, d’espoir et de bonheur que transcrivent dans des motifs artistiques les robes palestiniennes, le tout en lien avec une terre et une histoire si longue qu’on n’en dira aucun mot. Et ce tableau champêtre digne d’un Watteau arabe se déchire avec effroi lors de la fameuse, oui, la terrible et dramatique Nakba. 

Oublions ces Hindous, Musulmans et Sikhs qui par millions ont traversé la nouvelle frontière entre le Pakistan et l’Inde en marchant entre les cadavres des centaines de milliers victimes de cette partition. Un détail de l’histoire. 1948, c’est l’arrachement au village, le vrai, l’unique, l’arrachement aux racines préhistoriques, le rêve brisé, et le départ vers ces tragiques camps de réfugiés qui existent toujours plus de soixante ans plus tard, avec les mêmes vieilles tentes qui accueillent les familles expulsés, les clés rouillées vendues par le marchand ambulant du coin mais qui crient leur amour de la patrie perdue. 

C’en est trop, l’émotion ne peut pas plus se contenir, l’Eden perdu qu’est la Palestine heureuse sans Juifs est le seul drame humain qui puisse valoir ma solidarité ! Et je ne sais pas encore ce qui me retient de faire payer ceux qui ont eu l’infâme projet de détruire le paradis sur terre….
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Si l’on suit cette présentation, les principales caractéristiques sont la réduction de la pluralité de la société arabo-musulmane à une unité fantasmée : sont exclues les spécificités bédouines, chrétiennes, tcherkesse, l’opposition entre le monde rural et les quelques villes, l’opposition de classe entre les familles aisées vivant à Beyrouth, Damas et au Caire, et les familles de fellaheen miséreux dont la robe plaidera en faveur de leur pauvreté plus que d’une terre de bonheur et d’abondance. 

Notons également l’absence du mot clé : le folklore. Les femmes japonaises sont-elles toutes habillées en kimono et portent-elles au pied des sandales de bois ? Peut-être pour leur mariage, et encore, seulement comme folklore. Les femmes arabes portent-elles toutes ces robes chatoyantes et colorées ? 

Sans doute sont-elles interdites par le misérable occupant israélien, car de Ramallah aux checkpoints, je n’en vois aucune. La « femme » est ici instrumentalisée comme figure de continuité dans l’histoire permettant de transcrire visuellement les nœuds rhétoriques : fragilité de la femme, symbole d’émotion, d’empathie, de la famille, ancienneté et bonheur d’une part, présence juive tardive, source de malheur d’autre part. Et l’absence de toute mention d’Israël est d’autant plus éloquente que c’est un silence accusateur. 

En ne qualifiant pas la robe « palestinienne » de folklore et en ne la comparant pas à l’art des vêtements en Jordanie ou au Liban, et en omettant l’idée évidente d’une modernisation de la société arabe, cette présentation qui se veut, dans son intention, émancipatrice et pédagogique, devient oppressante et insidieuse. La femme arabe n’y est alors plus qu’un artifice argumentatif, visuel, et ne sert qu’à alimenter les motivations idéologiques des promoteurs du « Printemps de la Palestine ».

En effet, la déception est immense : nous ne partons pas à la découverte d’une culture, de son évolution, de ses tensions, c’est-à-dire de sa réalité, mais nous inventons une culture, créant une image conforme aux préjugés. La robe « palestinienne » témoigne des crimes d’honneur, des mariages publics d’enfants, des femmes kamikazes et des femmes qui, en échange d’argent, vendent leurs enfants pour qu’ils deviennent des terroristes. 

Et la femme arabe qui s’émancipe et réussit n’est précisément plus celle qui vit dans ce folklore de théâtre qui masque la réalité crue, mais complexe, des sociétés arabes contemporaines, traversés de crispations et de tensions, et toujours oppressives envers les individus.

Quelle ironie si on se rappelle que le fameux Edward Saïd s’est servi d’une critique du paternalisme idéologique occidental dans son essai sur l’Orientalisme afin d’appuyer la cause palestinienne et l’intégrer dans une vaste délégitimation du discours occidental sur l’orient! Et ce sont les mêmes « défenseurs » de la « cause » palestinienne qui réifient la question de la femme arabe dans le seul but d’exclure les Juifs de l’histoire, et ce faisant, ils prouvent une fois de plus qu’est à l’œuvre un projet constant d’invention du peuple palestinien.

Ironie de l’histoire : le déracinement, l’exil, l’attachement et la fidélité à la terre d’origine: les palestiniens et leurs thuriféraires n’auraient pas trouvé meilleur modèle que celui du peuple juif.
A voir aussi crime d’honneur et terrorisme – folfkore palestinien c’est ICI

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