VIDÉO - Architecte japonais visionnaire, il vient de remporter un concours à Montpellier pour construire une tour décoiffante, et il rénove une maison en Normandie, en invente une autre en Espagne en cherchant à réconcilier nature et architecture.
Début mars, la mairie de Montpellier a tranché et choisi de confier son nouveau projet à un architecte japonais de 43 ans associé à deux agences de jeunes architectes français qui ont fait leurs classes avec Jean Nouvel. C'est cette équipe qui a remporté le concours «Les Folies architecturales du XXIe siècle» et qui construira une tour de 17 étages associant des logements, des bureaux, un restaurant, une galerie d'art et un bar panoramique au sommet. Livraison prévue fin 2017. Son nom? L'Arbre blanc.
Imaginé par les agences de Sou Fujimoto, Nicolas Laisné Associés et Manal Rachdi OXO Architectes, associées aux promoteurs régionaux Promeo Patrimoine et Evolis Promotion, le projet veut créer une cohérence entre l'intérieur et l'extérieur. La patte de Fujimoto. Le Japonais a un univers poétique, il cherche à réinventer la relation entre les constructions et l'environnement. Inspirés par la forêt, les projets de Fujimoto cherchent à créer de nouveaux espaces, à faire entrer la nature dans les immeubles. «J'ai été impressionné par la manière de vivre à l'extérieur à Montpellier, notre projet s'inspire beaucoup de cela», explique-t-il. Cette tour de 56 mètres s'élèvera entre le centre-ville et les quartiers récents de Port-Marianne et d'Odysseum. Elle permettra à ses occupants de vivre un peu dehors et de profiter du soleil de l'Hérault, tout en ouvrant un nouveau lieu aux Montpelliérains grâce au bar panoramique. «Il a une fraîcheur créatrice singulière quelle que soit l'échelle à laquelle il travaille», explique Nicolas Laisné.
Admirateur de Le Corbusier
Architecte qui monte, admirateur de Le Corbusier, Sou Fujimoto est capable de concevoir des constructions gigantesques, comme une tour de 300 mètres pour laquelle Taïwan lui a fait confiance (elle est toujours à l'état de projet), mais aussi de s'intéresser à de tout petits chantiers. Comme la rénovation d'une maison dans un petit village du centre de la France, ou d'une autre en Normandie à Arromanches. Là, c'est une maison face à l'Océan qu'il va complètement transformer en l'évidant.
En janvier, lors d'une exposition de ses maquettes au RBC Design Center de Franck Argentin à Montpellier, Sou Fujimoto expliquait son travail dans un anglais parfait. «Les propriétaires de Normandie qui connaissaient mon travail m'ont appelé au Japon. C'est un petit projet, mais il m'intéresse. J'ai cherché à faire un lien entre l'extérieur et l'intérieur, je suis allé au-delà des attentes des propriétaires. J'ai réalisé plusieurs projets résidentiels pour des particuliers aux Etats-Unis, en France et en Allemagne. J'ai aussi reçu des demandes venant d'Inde et des Philippines. La rénovation m'intéresse, on entre dans une histoire. En travaillant dans des pays différents, on doit s'adapter au mode de vie local. Au Japon, les gens n'ont pas peur de vivre dans des espaces ouverts, d'être vus. En France, c'est différent, les familles demandent plus d'intimité.»
Une «cabane» pour Robinson de luxe
En Espagne, il fait partie de la quinzaine d'architectes mondiaux sélectionnés dans le projet à part que constitue Solo Houses. A deux heures au sud de Barcelone, dans un endroit préservé dans la région de Matarranya, à quarante minutes de la mer, en bordure du parc naturel de Los Puertos de Beceite, endroit cher à Picasso, chacun d'eux construira une maison qui sera ensuite vendue à des passionnés d'architecture. «Solo Houses a de quoi faire fantasmer. Ce programme d'une dizaine de résidences secondaires est signé par les architectes les plus excitants de la jeune garde contemporaine internationale, comme Pezo & Von Ellrichshausen Architects (Chili), Sou Fujimoto (Japon), Didier Faustino et son bureau Mésarchitecture (France), Mos Office (Etats-Unis), Johnston Marklee (Etats-Unis), Office KGDVS (Belgique), Studio Mumbai (Inde), TNA (Takei-Nabeshima-Architects, Japon). Solo Houses donne carte blanche à chaque architecte», explique Delphine Aboulker chez Architecture de Collection, qui commercialise ce programme hors norme.
Les occupants de la première maison de ce domaine pour fous d'architecture, dessinée par le Chilien Pezo, s'apprêtent à y passer leurs premières vacances. Sou Fujimoto, lui, a imaginé là-bas une maison abritée du soleil par un assemblage de troncs d'arbres harmonieux qui ne sont pas sans rappeler les blanches tiges du pavillon éphémère qu'il avait conçu en 2013 pour le musée d'art contemporain de Kensington Gardens, à Londres.
L'idée est de filtrer les rayons du soleil. «Ce sera comme une forêt primitive: elle fera de l'ombre avec des formes irrégulières quand le soleil tape», explique-t-il. On s'y déplacera comme on grimperait dans un arbre. «Sou Fujimoto revisite les origines de la cabane pour inventer une maison protectrice et ouverte sur l'extérieur pour un retour aux sources», résume Delphine Aboulker. Prix de la maison et de ses 2,5 hectares: 1,58 million d'euros. Une cabane pour Robinson de luxe!
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