vendredi 3 janvier 2014

Attention les gars : la quenelle, c’est un truc de pédé !


Que Dieudonné ait de l’humour, personne n’en doute : il en fallait pour faire débattre la France entière d’une spécialité lyonnaise à base de brochet. Exégète après exégète, notre pays décrypte une gesticulation tantôt antisémite, tantôt « antisystème ».

Là-dessus, je ne m’étendrai pas : lorsqu’un salut est suffisamment flou pour exprimer « peut-être » une insulte raciste, on s’abstient de le faire si l’on est doté de la moindre conscience antiraciste – d’autant plus lorsqu’on connaît la démarche de son instigateur, pas floue du tout.
Reste que la quenelle, au-delà de ce qu’elle dit du suivisme imbécile de ce rang du fond bien connu (celui des mauvais élèves, à qui personne n’a appris à réfléchir, et qui imiteront le plus obscène d’entre eux), révèle l’évidente homosexualité latente de Dieudonné, comme celle de ses épigones. C’est cela, et même strictement cela, le plus drôle dans ce geste fourre-tout.

Une fascination pour la sodomie

Qu’est-ce que la « quenelle » ? Une boulette de forme généralement allongée, molle, de l’envergure d’un pénis.
Quelle est la prérogative d’une quenelle ? De se glisser ici dans « le fion du sionisme », là dans celui de BHL, ou de François Hollande (le public du théâtre de la Main d’or reprend en chœur : « François, tu la sens qui glisses dans ton cul, la quenelle ? »)
Qui pratique la quenelle ? En majorité – comme c’est souvent le cas en matière de crétinisme – des garçons. Des militaires, des policiers, des footballeurs, et des jeunes issus d’une culture où l’on prend sa virilité plutôt au sérieux : bref, de vrais mecs.
Ce qui permet de résumer les choses ainsi : depuis quelques semaines, des milliers de types passent leurs journées à se photographier, ou à collectionner des photographies d’autres types imitant Dieudonné en train de simuler l’introduction d’une verge dans des anus variés (principalement masculins).

Les Village People dans le clip de « YMCA » (Capture)


Dieudonné dépassé par son inconscient

La judéïté de Freud disqualifiant sans doute mon propos à l’égard d’une partie des sujets concernés, soyons lacaniens (lequel restait tout de même – on ne s’en sortira pas – féru de culture judaïque). Souvent en matière d’esprit, le langage nous renseigne par-delà les espérances. En l’espèce, la monomanie de Dieudonné est presque trop limpide : « Glisser une petite quenelle, nous explique-t-il, ça a une dimension… dans le cul quoi, carotte dans le cul. »
La « double quenelle » est plus savoureuse :
« Une dans ta bouche, une dans ton cul. »
Sans parler du bénéfice de la taille, « Ensemble, glissons-leur la plus grosse quenelle », demeurant l’un des slogans phares de Dieudonné.
Le fantasme ne s’arrête assurément pas au phénomène de la quenelle, qui ne fait qu’attester une « pulsion scopique », et son besoin de l’exhiber. Les sketches de l’humo-raciste (je n’arrive pas à écrire « humoriste ») débordent de renvois à ce qui semble constituer le tabou suprême de certains hommes (en d’autres termes, leur désir ultime). Tout « baratin politique » est foutu « droit dans [ton] cul », une faible ouverture d’esprit sera comparée à l’ouverture limitée « d’un sphincter » – muscle fétiche de Dieudonné, lequel conseille systématiquement à ses opposants de se le détendre (le sphincter).
Au-delà des expressions, on retrouve chez Dieudonné toute la panoplie des clichés d’une homosexualité refoulée, transmuée en homophobie de salle de garde : blagues sur les savonnettes dans les douches, peur de se « mettre la communauté gay à dos », enculade comme menace suprême, jusqu’à la caricature automatique du moindre amour entre deux hommes. Dans son exercice d’ensorcellement inconscient, l’humo-raciste entre en scène en demandant :
« Y a-t-il des homosexuels dans la salle ? »
On a envie de répondre : « Toi, par exemple ? »

Soral, un cas d’école

Bien qu’il explique qu’« enculé, quand on est en bagnole, ça ne désigne pas une pratique sexuelle, mais quelqu’un qui vous a refusé la priorité », la latence n’est pas seulement visible chez Alain Soral, autre chantre de la quenelle. Elle se proclame avec mille tambours.
Si Dieudonné est un cas facile, voici un cas d’école. Le magnétisme qu’exerce sur lui la sexualité des gays est d’autant plus intense que la « virilité » (et sa prétendue disparition) compose l’un des axes majeurs de sa réflexion. Dans « Misère du désir » (Ed. Blanche, 2004), Soral raconte qu’il fréquentait jadis « les boîtes homos » (où des mecs se faisaient « chauffer la rondelle »), parce qu’on y rencontrait « des gens différents ».
Plus loin, il regrette les « rapports d’homme à homme à l’ancienne », où l’on échappait « à la merde par la camaraderie ». On y arrive : la thématique fécale est un thème central pour le fondateur d’Egalité et réconciliation (chez Dieudonné, les homosexuels sont des hommes qui « chient dans un bocal »). Par exemple, lorsque Soral ramène une fille pour « la baiser », en compagnie d’un ami gay qui, de son côté, s’est trouvé un mec, il ne regarde pas la fille : il regarde les mecs, et fixe ses yeux sur les « grumeaux de merde ».

Un homme obsédé par « le caca »

L’intellectuel explique (oubliant au passage que l’acte en question n’est ni obligatoire, ni spécifique aux gays) :
« La pratique de l’homosexualité pose quand même un problème d’hygiène, l’homosexualité se définissant d’abord par la sodomie, l’un dans l’autre il faut que l’on s’encule. »
L’évocation du moindre adversaire ramènera chez lui à une semblable obsession :
« Chez Taddeï, je me suis bien tenu pour éviter d’attraper Maffesoli par le col et lui mettre deux tartes dans la gueule. Je le voyais faire caca sous lui. »
Ou encore :
« Beigbeder je l’ai attrapé, je lui ai mis deux baffes dans la gueule. Il a pété. Je l’ai entendu faire prout, il aurait pu faire caca. »
Dans cet élégant tableau de chasse (où Caroline Fourest est « à la marge d’une clique d’enculés »), Alain Soral aura également « botté le cul de Bohringer » – quant à Olivier Besancenot, qui doit « bien faire les pipes », notre soldat compte bientôt « l’attraper » (un geste de pénétration accompagnant son propos). On sent le petit garçon malheureux, piégé par ses propres outrances, forcé d’exagérer à l’extrême une virilité agressive qu’il s’est imposée.

« J’ai vu le monde se transformer en fiotasses »

Comment faire ? En premier lieu, il s’agit de s’auto-persuader : « Je suis encore un homme, j’ai des couilles », affirme Soral (se réclamant au passage des « mecs de banlieue » qui « malgré tous leurs défauts, sont encore des hommes. ») Ensuite, on fera le compte :
« J’ai été un mondain parce que je tirais des gonzesses. J’ai été un prédateur. »
On n’oubliera pas de se départir des pas-assez-virils :
« J’ai vu le monde se transformer en fiotasses, en sous-hommes. […] Vous avez vu le physique des animateurs de Canal+ ? Si je souffle, ils s’envolent. »
Enfin, on tâchera de suggérer sa propre virilité par tous les moyens possibles : enfilage de collants noirs moulants accompagnés de sautillements délicats dans le DVD « La leçon du père Soral, initiation à la boxe française », scènes érotiques des années 80 diffusées sur un écran d’ordinateur en arrière-plan quand le polémiste s’adresse à sa caméra – jusqu’à cette confession bouleversante : « Je roule à moto depuis toujours. »

Touche pas à ma quenelle !

Etant donné tant de fantasmes à fleur de peau, il n’est pas surprenant qu’Alain Soral et Dieudonné se disputent l’utilisation de la quenelle. En effet, qui a la plus grosse ? Qui la glisse dans le fion de qui ? Assisté par combien de mecs ? Leur chicane, par bonheur diffusée dans les médias, ne doit pas faire oublier qu’il s’agit, avant tout, des simagrées d’un vieux couple.
Dans une vidéo intitulée « Petite leçon de virilité », Alain Soral confessait il y a peu :
« J’aime Le Pen pour ça, j’aime Dieudonné pour ça. J’aime un monde où il y a encore des hommes qui sont des hommes, et des femmes qui sont des hommes. »
Des femmes qui sont des hommes ? Oui, vous avez bien lu (c’est à 3 minutes exactement), et Soral, qui ne s’est pas rendu compte de son lapsus, poursuit sa diatribe sans se corriger…
Dieudonné n’est pas en reste, opposant dans un sketch deux sujets interdits selon lui : la Shoah et la Gay Pride. Seulement, si la loi française proscrit l’incitation à la haine raciale, ce n’est que son surmoi qui l’empêche de parler comme il le désirerait de l’homosexualité.
A lui, comme à tous ses disciples « quenelleurs », nous conseillons de laisser libre cours à ce désir, en allant enculer des mecs (ou bien l’inverse) une fois – au moins – au sens propre du terme. Il n’y a pas de mal à ça. Vous resterez des hommes. Vous ne deviendrez pas juifs pour autant. 
Sans compter que Dieudonné, en charmeur romantique, et Soral en bear Harley Davidson, auraient du succès dans leur genre respectif. Quant à la question des partenaires potentiels de nos deux hétérosexuels certifiés, pas d’inquiétude ; leur réputation les précède – hormis eux, tout le monde sait que la quenelle, c’est un truc de pédé !

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