Il n’y a aucun rapport entre l’état du pays et les résultats de l’équipe qui est censée le représenter dans une compétition internationale.
Ras le bol ! Cette expression résume le sentiment qui domine les Français aujourd’hui. Pour être franc plutôt que gaulois, je dois confesser un petit ras-le-bol personnel : marre du Mondial et des « Bleus », de l’invasion des médias par les commentaires stratégiques, par les lamentations et les accusations !
Saturé par le retour au vestiaire, le départ de l’hôtel, la montée et la descente de l’avion ! On ne va quand même pas finir par les border !
Si l’équipe nationale n’est pas au Brésil, rien ne changera fondamentalement pour la France, parce qu’il n’y a aucun rapport entre l’état du pays et les résultats de l’équipe de foot qui est censée le représenter dans une compétition internationale.
La victoire de 1998 dont on a fait un événement historique a soutenu deux discours trompeurs : le premier a donné le sentiment que notre pays était un gagnant au moment même où ses gouvernants, par leur action,
les réformes absurdes (comme les 35 heures), leur inaction (comme l’absence de réformes structurelles) ou leur paresse habituelle (comme la dépense improductive de la « cagnotte ») préparaient nos lendemains désenchantés.
Le second avait favorisé le thème du « métissage », assaisonné à toutes les sauces pour développer un communautarisme profondément antirépublicain. Le football est une invention française qui nous est revenue d’outre-Manche avec un nom anglais. Les cultures des immigrés n’y sont pour rien. C’est plutôt un outil d’assimilation efficace si on s’abstient d’un discours idiot sur le métissage culturel qui n’a rien à y voir.
Si, vade retro satanas, on fait allusion à la pigmentation de la peau des joueurs, ce qui est la base même du racisme, c’est encore plus faux. Le football est un sport populaire qui recrute des joueurs jeunes, résistants et puissants. Les qualités psychologiques personnelles y sont essentielles. L’appartenance à telle ou telle famille humaine y est secondaire.
C’est la raison pour laquelle il ne faut pas voir chez un sportif ou dans une équipe une quelconque représentation de la nation. Cela varie d’un sport à un autre.
Faut-il considérer que les résultats des champions nationaux ou des équipes nationales ont une importance pour le pays ? Il s’agit d’abord d’un symbole, et d’un symbole fallacieux. On sait qu’il a été utilisé par les pays totalitaires, avec l’usage sans vergogne de moyens chimiques, par exemple dans l’ex-RDA.
L’affrontement des blocs y a trouvé un exutoire. Les performances réelles d’un pays n’ont aucune relation avec celles de ses sportifs.
Au-delà de ce voile trompeur, de ces jeux du cirque qui peuvent faire oublier le manque de pain, il y a l’exemplarité des champions.
Des joueurs surpayés, exilés fiscalement, professionnels de clubs étrangers, au comportement privé (mais rendu public) douteux, et dont certains ont témoigné de leur peu de respect pour le maillot qu’ils portaient en Afrique du Sud, qui, aujourd’hui encore, semblent peu impliqués dans les résultats de l’équipe nationale, sont-ils des symboles ou des contre-exemples ?
Les grandes compétitions peuvent avoir deux intérêts : le premier est de donner envie aux jeunes de pratiquer un sport, c’est-à-dire de gagner en respectant la règle et l’adversaire.
Le second est de donner lieu à des spectacles de qualité qui fassent vibrer les foules, pendant une heure et demie par exemple, sans que cela déborde ou n’obscurcisse le regard sur le réel.
La grande fête brésilienne aura lieu. Comme toute fête, elle sera une parenthèse dans la réalité bien grise du moment. Que la France y soit ou non avec cette équipe ne gâchera en rien le spectacle.
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