lundi 4 novembre 2013

La fortune sourit aux audacieux....



Du cryptage militaire au contenu en ligne ou comment une unité secrète de Tsahal engendre des géants du high-tech. L'armée recrute des jeunes après le lycée et leur apprend à concrétiser leur vision...

L'armée recrute des jeunes après le lycée et leur apprend à concrétiser leur vision Photo: Tsahal.

Qu’est-ce qu’Adam Singolda, 32 ans, créateur du cabinet de high-tech de premier plan Taboola, et le major Alon (nom supprimé), 30 ans, officier supérieur de cryptage des données dans l’armée israélienne, ont en commun ? Ils sont tous deux originaires du Centre pour le cryptage et la sécurité de l’information (CCSI) de Tsahal, une unité militaire secrète qui s’emploie à ce que l’ennemi ne puisse intercepter les communications les plus sensibles.

Le CCSI permet aux soldats de se parler les uns aux autres depuis différentes villes, via des lignes cellulaires sécurisées ; aux missiles de communiquer en toute sécurité avec les stations de contrôle ; aux pilotes d’avions de chasse de parler aux bases de la Force aérienne ; ou aux batteries de défense (comme le Dôme de fer) d’envoyer et recevoir des signaux vitaux avant d’intercepter les projectiles.

Ces dernières années, le CCSI a joué un rôle de premier plan dans la révolution technologique qui déferle sur l’armée israélienne, et permis la création de ce que les agents de sécurité appellent les « systèmes méga » qui servent maintenant l’armée.

L’unité la plus intelligente du monde


Adam Singolda, natif de Rishon Letsion, a servi au Centre de cryptage et de sécurité de l’information, et continué à utiliser les compétences acquises là-bas pour fonder une société high-tech hautement novatrice et influente de contenu Internet.

Ce fils du fameux guitariste de Shlomo Artzi, Avi Singolda, n’a pas terminé ses études universitaires. Ce qui ne l’empêche pas aujourd’hui de diriger une société multinationale qui dessert 300 millions d’utilisateurs et traite 3 milliards de fichiers de contenu par jour.

S’il vous est arrivé de tomber sur un message, au bas d’un article en ligne, qui suggère que cela vous intéresserait peut-être de cliquer sur le contenu associé, il y a de fortes chances que celui-ci ait été placé par sa société Taboola.

« Nous examinons tous les articles lus par les utilisateurs, leurs flux Twitter, et des dizaines de milliards de points de données. Nous effectuons une analyse toutes les 15 minutes », explique-t-il.

Le courage de se lancer dans la création d’une entreprise comme Taboola lui est venu directement du CCSI. « Quand quelqu’un a une idée, on l’encourage à la poursuivre. La philosophie que nous a léguée le CCSI est : fais-le marcher et améliore-le. » Singolda a commencé à se spécialiser dans les ordinateurs dès le lycée et, déjà adolescent, rêvait de rejoindre le CCSI. « Je savais que c’était l’unité la plus intelligente du monde », déclare-t-il. « Je voulais faire partie d’une petite unité, plutôt que d’une grande organisation comme l’unité de renseignement militaire 8200. Je ne voulais pas être un infime rouage dans l’imposante machine de l’armée. » 

Au cours d’une période d’essai pour intégrer le CCSI, Adam Singolda dirige une équipe de sept personnes, tandis qu’une deuxième équipe est dirigée par un candidat nommé Alon Pilberg. Singolda est tellement impressionné par le talent de programmeur de Pilberg qu’il le recommande à sa place lors de son entretien avec le responsable des sélections du CCSI.

Aujourd’hui, Singolda et Pilberg, qui ont servi au CCSI pendant des années, travaillent ensemble à Taboola. New York, Tel-Aviv, Bangkok


En 2005, après avoir quitté l’armée, Singolda pénètre le monde des start-up.

« Nous avons mis en place des projets qui faisaient concurrence à Skype, en reliant deux téléphones à travers un réseau de voix sur IP », explique-t-il. « On nous a demandé de terminer le projet en un an. Nous l’avons fait en une semaine. Pilberg peut le faire en une heure. » En 2006, Adam Singolda commence à prendre les dispositions nécessaires en vue de la création de Taboola. « C’est aussi au CCSI que j’ai acquis le discernement indispensable pour dénicher des collaborateurs chevronnés » souligne-t-il. « J’ai appris comment créer une entreprise, et laisser les gens y travailler pour donner naissance à d’étonnants projets. » Après avoir recueilli 50 millions de dollars auprès d’investisseurs, Singolda établit Taboola en Israël et commence à recruter son personnel. Aujourd’hui, il vit à New York, où l’entreprise a son siège social, dispose d’un centre de recherche et développement à Tel-Aviv, et a ouvert des succursales au Royaume-Uni et en Thaïlande.

Son ancien collègue de l’armée, le major Alon, est quant à lui resté sous les drapeaux. Il s’engage dans l’armée israélienne en 2000, et pendant dix ans occupe divers rôles top-secret au sein de la Direction des services informatiques de Tsahal, avant de rejoindre le CCSI en 2010.

Aujourd’hui, Alon est à la tête de la Direction du cryptage combiné au sein du CCSI. « Nous réalisons le cryptage combiné. Il s’agit d’un domaine de compétence qui traite de tous les processus de cryptage, des téléphones aux communications de missiles. Tout ce qui est émis à travers l’espace », explique-t-il.

« Le courage est notre métier »


« Ici, les jeunes se voient confier de très lourdes responsabilités. Nous avons un jeune au CCSI qui était en terminale l’année dernière. C’est un programmeur extraordinaire : la lumière jaillit de ses doigts. Maintenant, il travaille au programme de cryptage pour la fronde de David », déclare Alon, qui fait allusion au système de défense anti-roquettes que Tsahal développe pour faire face à l’arsenal de roquettes du Hezbollah.

« Ce que nous faisons ici, c’est de tirer parti de nos atouts – même si le fait de confier ces travaux à des gosses représente un risque énorme. Au bout du compte, c’est un pari dangereux pour l’armée », reconnaît-il. Et il ajoute : « Si un jeune programmeur commet une erreur, il peut planter des systèmes entiers. » « Le courage est notre métier. Nous faisons montre d’une certaine témérité. On dit à un gars de 18-20 ans de faire un essai. Puis, il commence à gérer une équipe. Tsahal les pousse à concrétiser leur vision », déclare Alon. « Je ne sais pas comment ça marche, mais ça marche ! » Le CCSI est un excellent chasseur de têtes pour repérer les recrues potentielles parmi les étudiants du secondaire les plus brillants, et filtrer également les candidatures. Certaines recrues ont déjà reçu une éducation supérieure, avant de rejoindre l’unité. 

« Mais l’expérience nous a appris qu’il est plus facile de trouver les personnes qualifiées que de les garder. Si de nombreux soldats aux dons exceptionnels restent au sein du CCSI, malgré tout, la majorité de nos surdoués ne résiste pas à la tentation d’emprunter le même chemin que Singolda et de mettre leurs précieuses compétences au service du monde des affaires. » Singolda, qui garde un contact étroit avec ses anciens collègues du CCSI, formule l’espoir que « le fleuron » de l’unité reste en son sein. « C’est une question de compétence. Le Centre de cryptage et de sécurité de l’information est un groupe d’individus que rien ne peut arrêter. Ils sont conscients du fait qu’ils ne doivent rien laisser au hasard. Et c’est ce qui engendre leur témérité. Il n’existe rien d’équivalent au monde », conclut-il.


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