vendredi 8 novembre 2013

Fred Marzo, ou comment lancer sa marque de chaussures....



Quand je rêve ma vie pour savoir ce qui me plaît le plus au monde (à part les chaussures), je réalise que la réponse est de rencontrer les gens pour comprendre comment ils font, eux, pour gérer tout ce bouzin qu’est la vie. Et donc (pour ne pas sortir du sujet) (on pourrait parler des heures sinon), de rencontrer des créateurs de chaussures pour savoir comment ils font, eux, pour gérer tout ce bouzin qu’est la mode.
Et puis, écouter les autres raconter comment ils sont allés au bout de leur rêve, c'est jubilant de beauté et de motivation, non ?
Alors, pour tous ceux qui se posent la question de comment lancer sa marque de luxe, voici ce qu'en pense Fred Marzo. L'un des ptits jeunots de sa génération qui a le plus de personnalité et de choses à dire, je trouve.
À son actif, Titine, l'escarpin avec le bord qui remonte sur le pied, comme une vague, et fait une cambrure ambiance Marylin Monroe à TOUTES les filles qui enfilent une paire. Ci-dessus, les modèles de sa collection automne-hiver 2013.
L'autre jour, j'ai reçu un mail me demandant comment on devenait créateur de chaussures, quel est ton parcours à toi ?
Après l'obtention de mon Brevet de Technicien "Création Mesure" à Cannes, je suis monté sur Paris pour mon diplôme de stylisme au Studio Berçot. Mon parcours professionnel a commencé chez Stéphane Kélian. Après une brève expérience en Italie j'ai travaillé chez Christian Louboutin sur la maroquinerie et ensuite, chez Sartore depuis maintenant 6 ans.
Lancer sa marque de luxe, quel challenge en-ces-temps-de-crise, qu'est-ce qui t'a poussé à sauter le pas ?
J'avais besoin de changement sur le plan professionnel, et envie de m'exprimer d'avantage. Depuis la fin de mes études, j'ai toujours eu le désir d'avoir ma marque. Il fallait juste se lancer!
Pour lancer sa marque, il faut avoir quelque chose à dire, c'est quoi ton pitch ?
Je souhaite proposer des souliers élégants et féminins sans vulgarité. Une chaussure qui mette en valeur la femme avec un twist moderne/Vintage et des lignes épurées. Actuellement, je trouve que les marques sont dans une telle surenchère que la notion d'élégance est vite oubliée. La femme est belle alors pourquoi la rendre ridicule? (c'est un coeur ce Fred, hein ?) (parce que, le pire, c'est qu'il est sincère !)
C'est une question un peu bateau, mais QUI t'inspire ?
Je ne fantasme pas sur une femme en particulier mais plutôt sur une attitude, une élégance un peu perdue, comme celle de Grace Kelly par exemple. J’aime les femmes qui imposent leur style, qui portent les choses qui leur vont, sans être soumise aux tendances du moment.
Pourquoi avoir choisi la gamme "luxe" ?
Parce que j'aime les belles peausseries ! (Et quand la matière première est belle, le prix est inévitablement élevé...)
C'est quoi ta technique pour créer tes souliers ?
Question difficile ! Car avec ma marque (Fred travaille aussi en free lance pour Sartore, voir plus bas), je ne réfléchis pas, tout est à l’instinct. Je peux être devant la télé à 11h du soir, avoir subitement une idée et attraper à la hâte mon carnet de croquis!
Comment faire pour exister face aux Goliaths que sont les grands groupes de luxe ?
On ne peut pas rivaliser face aux moyens dont disposent les grandes marques et je ne le souhaite pas ! Je fais mes "petites" collections dans mon coin, j'y prends beaucoup de plaisir, j'essaye de me faire connaître et je propose un service de demi mesure pour satisfaire au mieux mes clientes. Une chose est certaine si on veut pouvoir se développer ou, du moins, avancer, il ne faut pas compter ses heures!
Concrètement, quelles ont été les plus grandes difficultés lors de la création de ta boîte ?
La partie financière est LA difficulté majeure, surtout dans les chaussures... La réalisation des prototypes est un énorme investissement, puis l'avance de trésorerie pour lancer la production... Il est indispensable que quelqu'un croit en toi. Par exemple, l'usine peut te soutenir en acceptant des petites quantités de commandes au début ou en t'aidant sur les prototypes.
Qu’est-ce qui te semble le plus important à considérer quand on monte sa marque ?
Le plus important est de ne pas se précipiter. Il faut bien étudier le moindre détail. D’abord bien cerner le marché par rapport au produit que l’on souhaite proposer. Et surtout, considérer que l’on passe moins de temps à créer et plus de temps à l’administratif ! Il faut bien étudier tout cela car il y a beaucoup de surprises ! Et puis, il faut écouter son instinct car, comme on dit, les conseilleurs ne sont pas les payeurs.
Du coup, comment (sur)vit-on quand on est un jeune créateur ? (en gros, qu'est-ce qu'on dit à papa et maman?)
On vit sur un nuage ou... complètement angoissé, comme on peut ! Les premières années sont dures, heureusement ma famille et mes amis m'ont toujours soutenus. On peut aussi travailler en free lance pour d'autres marques et ainsi gagner sa vie tout en faisant ce qu'on aime. Sartore me permet de faire l'équilibre financièrement mais aussi du point de vue stylistique. C'est enrichissant et très important de ne pas être centré seulement sur sa marque.
En quoi est-ce important de travailler pour quelqu'un d'autres ? On pourrait penser l'inverse...
Parce que je ne m’enferme pas sur ma marque. D'une part, c'est un travail créatif très différent. Et d'autres parts, comme ce n'est pas mon entreprise, je ne suis pas impliqué dans les décisions stratégiques ou économiques qui sont très stressantes ! Je propose des styles et ils sont validés ou pas. Au départ, cet univers n’était pas évident pour moi, mais aujourd’hui j’arrive bien à cerner l’adn de la marque, le côté bottier et sellier. La démarche est à l’opposé de celle de Fred Marzo.
Des rêves, Fred ?
Je rêve constamment... Mais pour être concret, j'ai des projets pour la marque comme une boutique Parisienne, quelques modèles pour homme ou encore de développer la maroquinerie... Je prends mon temps mais j'y pense.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

La grandeur de Binyamin Netanyahou....

Binyamin Netanyahou était en visite aux Etats-Unis pour la conférence annuelle de l’AIPAC. Cette visite devait être triomphale. Elle a ...