Après sa qualification, l'équipe de France doit désormais se préparer pour le Brésil.
Il faut savourer l'exploit des Bleus - et le scénario rocambolesque de la qualification - sans pour autant se complaire dans la béatitude : battre l'Ukraine et se qualifier pour la Coupe du Monde étaient des objectifs raisonnables.
Autrement dit, la victoire éclatante au Stade de France corrige simplement l'anomalie du match aller à Kiev, où les hommes de Didier Deschamps n'ont jamais existé.
En juin prochain, ils devront aborder le Mondial avec beaucoup d'humilité, en assumant un statut d'outsider auquel la France n'est pas vraiment habituée. Ce n'est pas une honte et cela vaut mieux que le déni : quand bien même certains pensent encore très fort à 98, l'équipe de France n'est aujourd'hui même plus dans le top 20 du foot mondial.
Sur les trois dernières compétitions officielles qu'elle a disputées, elle a été éliminée deux fois dès le premier tour (Euro 2008 et Coupe du monde 2010) et n'a remporté qu'une seule victoire, à l'Euro 2012...face à l'Ukraine.
Pour tenter de faire un bon coup au Brésil en juin prochain, il y a donc encore du boulot, mais rien d'insurmontable : le potentiel est là.
1- Une clonne vértébrale se dégage
Les Bleus sont à court de joueurs capables de peser sur un match mal embarqué. De leaders qui peuvent sortir leurs coéquipiers de la torpeur et de la léthargie, celles qui ont failli coûter la qualification à l'équipe de France après son match en Ukraine.
Ils manquent aussi de certitudes : depuis la prise de fonction de Didier Deschamps, la fébrilité de cette équipe est criante. Elle encaisse beaucoup de buts, se complique parfois la tâche dans la construction et pèche souvent au niveau du réalisme.
Si la prestation de mardi au Stade de France a été très bonne, il faut aussi garder à l'esprit celle de Kiev, qui n'est pas qu'un accident. Depuis l'Euro 2012, les Bleus n'ont gagné que huit fois en dix-huit matches et peinent à être réguliers.
Il reste sept mois aux joueurs français, qui ne partent pas de zéro, pour bosser. Mardi, ils ont prouvé qu'ils avaient du talent - et pas seulement Franck Ribéry, favori pour le Ballon d'Or l'hiver prochain - encore plus quand ils décident de jouer ensemble.
Ce 3-0 pourrait ainsi constituer le match référence qui manquait à "la Dèche" et permettre de dégager (enfin) une ossature. S'il y a quelques semaines, Hugo Lloris et "Ti Franck" semblaient être les seuls "indéboulonnables" en sélection, d'autres ont peut-être arraché leur place durant ces barrages.
C'est le cas de Paul Pogba et de Yohan Cabaye excellents au milieu de terrain ou encore de Mathieu Valbuena, très précieux dans le secteur offensif.
Dans l'axe de la défense, où le staff peine à trouver la bonne paire, Raphaël Varane et Mamadou Sakho, pourraient aussi s'installer durablement et faire un malheureux, Laurent Koscielny, qui jusqu'à son carton rouge à Kiev, partait avec une longueur d'avance sur tout le monde.
2- De nouveaux visages pour apporter de la fraîcheur (et de la qualité)
Durant les matches de préparation, Didier Deschamps pourrait faire appel à de nouvelles têtes pour maintenir son groupe sous pression. S'il ne devrait pas tout chambouler - ne serait-ce que pour les automatismes, qui font encore défaut aux Bleus - il lui reste un peu de temps pour tenter quelques expériences. Exemples :
- Le 1er janvier prochain, Antoine Griezmann aura terminé de purger sa suspension d'un an pour sortie nocturne. Vif, malin et adroit, le milieu offensif de la Real Sociedad, formé en Espagne - et recalé en France pour son petit gabarit - a un profil différent, plus direct et plus technique. Il en est à 8 buts en Liga et ne devrait pas s'éterniser au Pays Basque cet été ;
- Patrice Evra terriblement maladroit, Gaël Clichy trop timoré, le sélectionneur pourrait être tenté de tester le Monégasque Layvin Kurzawa - l'une des révélations du début de saison - sur le côté gauche de la défense. Un poste sur lequel Lucas Digne pourrait lorgner aussi, à condition bien-sûr d'arracher une place de titulaire à Maxwell au Paris Saint-Germain.
- Morgan Schneiderlin a gravi les échelons du foot anglais depuis 2008 et cartonne à Southampton. Personne ne le connaît en France, mais outre-manche, tout va bien pour le défenseur strasbourgeois. D'ailleurs, Roy Hogdson, le séléctionneur anglais, le surveille de près ;
- Florian Thauvin avait tout du futur banni du football français après sa grève estivale pour rejoindre Marseille. L'ex-Lillois - si l'on peut l'exprimer ainsi - est en pleine bourre. Après sa très belle saison à Bastia l'an passé, il porte l'OM sur ses épaules depuis quelques semaines et cartonne avec les Espoirs, avec lesquels il a inscrit un triplé il y a quelques jours face à l'Arménie ;
- Ce n'est pas un novice, mais Didier Deschamps pourrait convaincre Jérémy Toulalan de revenir en équipe de France. Encore traumatisé par la Coupe du monde 2010 - il avait été suspendu un match après Knysna - le Monégasque a jusque-là déclaré ne plus vouloir enfiler le maillot Bleu. Il ferait pourtant énormément de bien, dans une sélection qui manque de purs milieux défensifs.
3- Les Bleus peuvent se préparer sereinement
Comme pour les barrages, l'équipe de France ne sera pas tête de série au Mondial. En fonction des chapeaux, elle pourrait même hériter d'un groupe très compliqué. Chose importante à savoir, depuis 2002, la Coupe du monde est une compétition beaucoup plus ouverte qu'auparavant.
Si la France n'est pas du tout favorite, elle ne doit pas s'interdire d'avoir des ambitions, quand bien même celles-ci sont beaucoup moins élevées que par le passé.
Passer le premier tour semble être un minimum. Pour le reste, il faudra voir une fois sur place. Les matches de préparation livreront quelques indices, mais ne préfigureront en rien de ce qui se passera une fois la compétition commencée. La fraîcheur physique et mentale, les blessures, l'état de forme des adversaires sont autant de facteurs plus ou moins compliqués à prévoir.
Parlons football
Mardi soir, l'équipe de France a marqué des points aux yeux du public, qui a fait du très bon boulot au Stade de France . Mieux, celle-ci s'est assurée de pouvoir préparer sereinement sa Coupe du monde, sans pression superflue (à condition bien-sûr qu'elle évite les polémiques).
Car en plus d'avoir fait preuve d'orgueil, les Bleus ont balayé, grâce à leur fantastique remontée, les débats stériles sur leur prétendu désamour du maillot. Le scénario parfait : une qualification sans rebondissements (de type 0-0, 1-1) n'aurait certainement pas suscité tant d'euphorie et de mea-culpas.
On ne va pas s'en plaindre : cela permettra, au moins pour un moment, de parler un peu plus de football, parce que c'est quand même de cela dont il s'agit.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire