MEMRI Middle East Media Research Institute
Dépêche spéciale n° 5429
Iran : Si la Syrie est attaquée, elle frappera les États-Unis, l´Arabie saoudite, la Jordanie, la Turquie, Israël, et les intérêts européens ; Israël sera détruit..
Réagissant à l´éventualité d´une frappe militaire américaine contre la Syrie, suite aux divulgations sur l’utilisation par le président Bachar el-Assad d’armes chimiques contre ses propres citoyens, l´Iran a proféré une série de menaces contre les pays arabes de la région, Israël et l´Occident, dans l’intention d’éviter une attaque contre son allié syrien et de veiller à ce qu’Assad reste au pouvoir. [1]
S´il est vrai que la promesse de représailles du président Assad, dans l´éventualité d´une attaque, manquait d’emphase, et que la réaction du Hezbollah fut quasi-inexistante [2], la plupart des déclarations des responsables iraniens sur la question incluaient des menaces de réactions syriennes susceptibles d´embraser toute la région. Seules quelques-unes de ces menaces font directement allusion à des représailles iraniennes – et furent émises avant même les déclarations du Guide suprême iranien Ali Khamenei du 28 août (voir ci-dessous) [3].
Il semble que, comme par le passé, les promesses iraniennes de conflagration régionale aient pour seul objectif d’intimider, et leur mise à exécution reste peu probable.
Ci-dessous des extraits de quelques-unes des menaces iraniennes.
Le Guide suprême iranien Khamenei : une attaque contre la Syrie sera un désastre pour la région
Le 28 août 2013, le Guide suprême iranien Ali Khamenei déclarait qu´une attaque américaine contre la Syrie serait « un désastre pour la région », ajoutant qu’avec une telle offensive, les Etats-Unis non seulement embraseraient l´ensemble de la région, mais seraient eux-mêmes affectés : « Toute ingérence ou belligérance [en Syrie] nuira sans aucun doute à ceux qui attisent les flammes. Dans le cas d’une intervention, les Américains seront sans conteste affectés, comme ils le furent en Irak et en Afghanistan. Une intervention des puissances extérieures à la région ne fera qu’attiser les flammes [de la guerre] et exacerber la haine des nations envers [ces puissances]. Un tel bellicisme est comme une étincelle dans un dépôt de poudre à canon, et ses dimensions et conséquences ne peuvent être évaluées ». [4]
Le commandant du CGRI Jafari : La Syrie sera un second Vietnam pour les Etats-Unis, Israël sera détruit
Dans une interview parue le 28 août 2013 sur le site Tasnim, le commandant du Corps des Gardes Révolutionnaires iraniens (CGRI) Mohammed Ali Jafari menace : « Les Américains ont connu une expérience beaucoup plus amère en Afghanistan et en Irak. S’ils déclenchent une attaque militaire contre la Syrie, la chaîne de leur défaite sera complète, et ils connaîtront leur défaite historique la plus honteuse de toutes ; en outre, la Syrie deviendra un abattoir et une arène de guerre beaucoup plus dangereuse que le Vietnam. En fait, la Syrie deviendra un second Vietnam pour les Etats-Unis.
« Les sionistes doivent savoir qu´une attaque militaire américaine contre la Syrie ne sauvera pas [leur] régime des griffes de la résistance, mais entraînera la destruction imminente d´Israël... Certains gouvernements de la région et régimes réactionnaires arabes qui soutiennent l´attaque militaire contre la Syrie doivent également savoir que les flammes [allumées par] ce bellicisme ne se limiteront pas à la Syrie, mais se propageront à tous ceux qui ont déclenché et soutenu la guerre [résultant de l´attaque] ». [5]
Le chef d’état-major adjoint de l’armée iranienne Massoud Jazayeri : Franchir la ligne rouge de la Syrie aura des conséquences désastreuses pour la Maison Blanche
Le chef d’état-major adjoint iranien Massoud Jazayeri a déclaré : « Tout ceux qui collaborent avec les États-Unis et le régime sioniste dans la guerre terroriste contre la Syrie rencontreront des problèmes, et ceux qui attisent ces flammes ne seront pas épargnés par la vengeance des nations... Les États-Unis savent où se trouvent les lignes rouges sur le front syrien, et tout franchissement de cette ligne rouge aura des conséquences désastreuses pour la Maison Blanche. » [6]
En une autre occasion, Jazayeri a affirmé : « Dans le cas d´une opération militaire [menée par] un front anti-syrien, le peuple syrien résistera, et le résultat de sa résistance sera la victoire... et, avec l´aide de Dieu, les flammes de cette guerre mettront le feu aux sionistes ». [7]
Le commandant des Brigades Qods, Qassem Suleimani, aux troupes américaines : Quand vous irez en Syrie, n’oubliez pas d´emporter des cercueils
Le 29 août 2013, le commandant des Brigades Qods Qassem Suleimani a publié un message aux forces américaines dans lequel il déclarait : « Tout parachutiste qui doit sauter d´un avion, tout tireur qui doit débarquer d´un navire de guerre, et tout combattant de commando qui doit monter dans un véhicule blindé doit penser à emporter son propre cercueil. La Syrie est la ligne rouge de la révolution islamique ; c´est le lieu [d’où] que nous nous élevons vers le paradis, et c’est votre cimetière. » [8]
Le chef d´état-major iranien Hassan Firouzabadi : une opération contre la Syrie mettra le feu aux sionistes
Le chef d´état-major iranien Hassan Firouzabadi a déclaré le 28 août 2013 : « Toute opération militaire contre la Syrie mettra le feu aux sionistes... Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le reste de leurs alliés seront affectés par une démonstration de puissance militaire dans la région et en Syrie... Le résultat de la résistance de la nation syrienne dans toute autre guerre sera la victoire... » [9]
Hosseini, porte-parole du comité du Majlis pour la sécurité nationale et la politique étrangère : "Si les Etats-Unis envoient un missile en Syrie, ils recevront leurs représailles à Tel-Aviv"
Hosseini, porte-parole du comité du Majlis pour la sécurité nationale et la politique étrangère
Le porte-parole du Majlis, Larijani : La guerre en Syrie s’étendra aux autres pays de la région
Le porte-parole du Majlis, Ali Larijani, a déclaré : « Le résultat de l´action hasardeuse et imprudente sera une conflagration qui saisira à la gorge les pays innocents de la région... Vous pouvez commencer l´opération contre la Syrie, mais vous ne serez pas ceux qui la termineront. Craignez pour votre progéniture sioniste illégitime dans la région. » [10]
Un éditorial de Kayhan : « La Syrie aura la main haute dans une guerre potentielle... En tant qu’un des membres dominants de l´axe de la résistance, la Syrie ne doit pas manquer cette occasion historique »
Dans éditorial du 29 août 2013, le quotidien Kayhan, proche du Guide suprême Ali Khamenei, énumère les objectifs d´une éventuelle contre-attaque syrienne : les installations pétrolières et les intérêts stratégiques de pays comme l´Arabie saoudite, la Jordanie, le Qatar, la Turquie et Israël, ainsi que les installations et intérêts américains et européens - qui seront frappés par un arsenal massif de missiles syriens, dont les missiles russes Yakhont.
Selon l’éditorial, « une guerre potentielle engagera les Etats-Unis et plusieurs pays européens et régionaux, qui seront donc... perçus comme des pays belligérants, ou comme des pays prenant part à la guerre. Par conséquent, conformément à l´article 51 du chapitre VII de la Charte des Nations unies, il y aura une attaque militaire syrienne sur les centres et installations militaires, économiques et autres de ces pays qui mettent leurs capacités militaires à la disposition de l´offensive contre la Syrie et jouent un rôle [dans cette offensive]...
« L´Arabie saoudite, la Turquie, la Jordanie et le Qatar ont officiellement annoncé leur participation à la coalition militaire contre la Syrie. Par conséquent, leurs centres stratégiques et militaires peuvent être inclus dans la liste des cibles d´une attaque militaire syrienne, si l´attaque a lieu.
« De toute évidence, le régime qui occupe Jérusalem, qui est la base militaire américaine dans la région, aura une place privilégiée dans ce choix [de cibles]. Le gouvernement syrien a déjà annoncé qu´il destine ses missiles de longue et courte portée [à Israël], et qu´ils causeront beaucoup de dégâts quand ils exploseront. La centrale nucléaire de Dimona, et Tel-Aviv, ainsi que certains aéroports et autres centres stratégiques du régime qui occupe Jérusalem, font partie des cibles pressenties des frappes des missiles syriens.
« Conformément à l´article 51 [du chapitre VII] de la Charte des Nations unies, le quartiers généraux et les installations militaires, les camps militaires, les aéroports et d´autres [installations] stratégiques de certains pays qui sont les partenaires régionaux des États-Unis dans une guerre potentielle peuvent et doivent être attaqués. Dans ce cadre, une attaque contre les installations pétrolières syriennes, les ports et les pétroliers du golfe Persique sera d´une importance sans cesse croissante et aura un effet paralysant... Au regard des capacités militaires syriennes, en particulier en ce qui concerne les missiles, et de la proximité des cibles, qui sont dans le champ de la Syrie, [l´attaque] est très possible.
« La Syrie peut également prendre pour cibles des navires de guerre américains et britanniques en Méditerranée avec ses missiles supersoniques longue portée Yakhont. Le Hezbollah au Liban possède des missiles similaires, avec lesquels il a détruit le navire de guerre israélien Saar en Méditerranée pendant la guerre du Liban en 2006. Ceux-ci et d´autres missiles balistiques, dont la Syrie possède un grand [arsenal], peuvent également être lancés vers des [cibles] stratégiques, dans les pays qui agissent au nom des États-Unis dans la région et qui ont rejoint la coalition [formée dans l’objectif d’une] attaque contre la Syrie. La Syrie n´a pas besoin d´autorisation pour utiliser l´espace aérien du pays situé entre elle et l´Arabie saoudite [la Jordanie la possible coalition militaire contre la Syrie, et la Syrie pourrait également attaquer ses centres stratégiques...
« Si la guerre éclate, les Etats-Unis opteront à coup sûr pour les [missiles] à longue portée. Par conséquent, la Syrie sera contrainte d´attaquer les navires de guerre américains et d´autres intérêts américains et britanniques dans la région, ainsi que les installations et centres militaires, économiques et stratégiques des pays de la région qui participent à la coalition. Cela peut signifier que la Syrie aura la main haute dans une guerre potentielle... En tant qu´un des membres dominants de l´axe de la résistance, la Syrie ne doit pas manquer cette occasion historique. » [11]
Kayhan : « Des milliers de missiles atterriront chaque jour dans les territoires occupés ainsi que sur les installations stratégiques [israéliennes] »
Le 28 août, la veille de la publication de son éditorial, Kayhan promettait qu´Israël et les autres alliés américains dans la région, à savoir l´Arabie saoudite, la Jordanie, la Turquie et le Qatar, seraient pris pour cibles dans une contre-attaque : « Il est très probable que tous ces hauts cris [ne] soient qu’une guerre psychologique visant à soutirer des concessions à la Syrie lors la conférence de Genève à venir... Si les États-Unis peuvent déclencher la guerre [contre la Syrie], son dénouement ne sera pas déterminé par [les Etats-Unis] ou par leurs alliés...
« Israël est le talon d´Achille des Etats-Unis et de ses alliés européens. Nul doute que dès l´instant où une offensive contre la Syrie débutera, des milliers de missiles atterriront chaque jour sur les territoires occupées et sur les installations stratégiques [israéliennes]…
« Le monde islamique en a assez de la propagande belliciste des Etats-Unis, d’Israël et de certains pays arabes, et il compte les minutes qui le séparent d´une confrontation directe avec les sionistes... Une offensive contre la Syrie donnerait aux nations musulmanes encerclant Israël une occasion en or.
« L’Arabie saoudite, la Jordanie, la Turquie et d´autres pays ont officiellement annoncé leur participation à une opération militaire contre la Syrie, et si une guerre éclate, ils seront évidemment les cibles d´une contre-attaque syrienne, puisqu’ils seront des Etats hostiles. Etant donné que ces pays ont connu, ces dernières années, un soulèvement populaire ancré dans l´éveil islamique, leur éventuelle implication dans la guerre servira certainement à leurs populations de terrain fertile pour destituer leurs gouvernements, qui travaillent pour le compte [des Etats-Unis]. Au Qatar, qui ressemble plus à un centre commercial [qu’à un Etat], la situation est sans doute encore plus changeante... Tous les signes indiquent que l’heure H est proche... » [12]
Notes :
[1] Selon le quotidien libanais Al-Safir, proche du régime syrien, l´Iran considère Damas comme le « jumeau » de Téhéran, et une guerre contre la Syrie est une guerre contre l´Iran. Selon une source proche de hauts responsables iraniens, Téhéran a informé la Russie et la Chine qu´elle avait l´intention de se tenir aux côtés de la Syrie « jusqu’à son dernier souffle » et qu’elle ne l’abandonnera pas. Al-Safir affirme qu’au moment où une attaque sur la Syrie s’est révélée possible, les plans iraniens prévus face à un tel scénario ont été déposés sur le bureau de Khamenei. L´Iran a l’intention de transmettre aux États-Unis et à l´Occident le message qu´une telle échappée, quelle que soit sa portée, se terminera dans un bourbier pour tous ceux participant à l´offensive, et qu’après l´attaque, le monde ne sera plus jamais le même. Al-Safir(Liban), le 28 août 2013.
[2] Le député Hezbollah Walid Sakariya estime que si l´attaque occidentale restait limitée et ne visait pas à renverser le régime d´Assad, le Hezbollah n’interviendrait pas pour en faire un conflit régional. Cependant, poursuit-il, si les Etats-Unis visaient à faire tomber Assad, à assiéger la résistance et à porter un coup sérieux à l´Iran et la Syrie, le front israélien serait ouvert. Al-Mustaqbal (Liban), 29 août 2013. Le quotidien libanais Al-Nahar, proche des Forces du 14 mars, rapporte, citant des sources proches de faiseurs d’opinion du Hezbollah, que le Hezbollah poursuit sa politique : il ne dévoile pas ses cartes et ne révèle pas quelle sera sa réaction en cas d´offensive contre la Syrie. Al-Nahar (Liban), 29 août 2013.
[3] Le 24 août 2013, le président le la Commission de la sécurité nationale du Majlis, Ala Al-Din Boroujerdi, a déclaré : « Les alliés régionaux de la Syrie ne resteront pas les bras croisés face à une offensive potentielle [sur la Syrie] ». Press TV (Iran), 24 août 2013. Le lendemain, le 25 août, lors d´une visite au détroit d´Ormuz, le commandant du CGRI Ali Jafari a affirmé : « Nos actions dépendent des positions et des mesures de l´ennemi. Jusqu´ici, nous n´avons été attaqués par aucun Etat, mais si les mesures de l´ennemi, qu’elles soient directes ou indirectes, se transformaient en menaces, nous considérerons que nous défendre est notre droit indéniable... Le rôle du régime sioniste dans les événements sanglants de la région se clarifie de plus en plus et de jour en jour, mais le résultat final ne bénéficiera sûrement pas à ce régime [sioniste]... » Fars (Iran), 25 août 2013.
[4] Leader.ir, 28 août 2013.[5] Tasnim ( Iran ), 28 août 2013.[6] Fars ( Iran ), 25 août 2013.[7] ILNA ( Iran ), 28 août 2013.[8] Afsaran.ir, 29 août 2013.[9] ISNA ( Iran ), 28 août 2013.[10] Fars ( Iran ), 28 août 2013.[11] Kayhan ( Iran ), 29 août 2013.[12] Kayhan ( Iran ), 28 août 2013.
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