Internet fait son entrée dans la voiture. Les acteurs de l'automobile veulent en profiter pour faire croître leur chiffre d'affaires. Mais ils sont menacés par les géants de l'électronique.
Il sera bientôt possible d'entrer dans une voiture et d'être conduit à sa destination sans que personne ne touche le volant.
Les annonces en ce sens se sont multipliées ces dernières semaines. Nissan parie sur une voiture sans conducteur à un prix raisonnable d'ici à 2020.
De son côté, l'équipementier automobile Valeo s'est allié avec le spécialiste de l'aéronautique Safran pour effectuer des recherches sur la robotisation des véhicules au sol afin de les rendre plus autonomes.
Ce thème de l'autonomie sera d'ailleurs l'un des points d'orgue du Salon automobile de Francfort, qui ouvrira ses portes au grand public le 12 septembre.
Sur ce sujet, un acteur a déjà une belle avance, mais il n'est pas issu du monde de l'automobile. Il s'agit du géant de l'Internet, Google, qui a même immatriculé une «Google Car» au Nevada.
De nombreuses technologies ont été développées pour permettre cet exploit d'une voiture sans conducteur: vision à 360°, gestion des obstacles, reconnaissance du parcours.
Ces outils nécessitent de connecter la voiture aux infrastructures routières ou simplement à Internet. La révolution est là.
La voiture n'est plus simplement une cellule autonome mais elle dialogue avec son environnement pour se faire guider afin d'éviter les bouchons, informer son assureur sur les kilomètres réellement parcourus afin de moduler son tarif, ou simplement se détendre en téléchargeant de la musique ou des films pour les passagers.
Ce besoin de connexion va révolutionner le monde de l'automobile, même s'il faudra attendre la généralisation de l'Internet mobile très rapide (4G) pour ces services se banalisent.
«D'ici à 2027, nous estimons que 100 % des nouveaux véhicules seront connectés en Europe occidentale, en Amérique du Nord et au Japon», prévient Rémi Cornubert, spécialiste de l'automobile dans le cabinet Oliver Wyman. Tous ces véhicules ne seront pas sans chauffeur mais tous dialogueront vers l'extérieur et offriront des nouveaux services grâce à Internet.
La plupart des constructeurs se sont lancés sur ce créneau, en développant des interfaces spécifiques comme Ford Sync, Audi Connect ou R-Link chez Renault.
«Aujourd'hui ces interfaces sont propriétaires mais des recherches sont également menées pour développer des standards ouverts», détaille Sébastien Amichi, chez Roland Berger.
Une bataille de géants
Le marché potentiel est énorme, que cela soit sur les applications ou les systèmes embarqués. Pour ces derniers, Sébastien Amichi estime que le marché pourrait «tripler d'ici à 2020 pour atteindre 15 milliards d'euros dans le monde».
Problème: comme le montre l'exemple de Google, des nombreux acteurs qui ne sont pas présents sur le marché de l'automobile s'y intéressent également.
Les constructeurs vont devoir se battre s'ils veulent conserver une part de cette valeur ajoutée nouvelle.
Google, Apple, Nokia, Samsung, IBM compte bien entrer sur ce marché nouveau. «Les constructeurs risquent d'être les perdants de la course à l'intégration du smartphone dans la voiture», estime Sébastien Amichi.
Tous les acteurs historiques de l'automobile ont conscience du potentiel, mais également des risques liés à l'émergence de la voiture connectée.
«Dans certaines industries, des acteurs historiques ont été rattrapés, voire ont disparu, suite à l'arrivée de nouveaux entrants», conclut Rémi Cornubert.
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