Le 5 août 2013, le Ministère de la défense a organisé une conférence visant à promouvoir le service militaire auprès des mouvements scouts chrétiens.
Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach
A cette occasion, le Premier Ministre Benjamin Netanyahu, a lancé l’idée d’un rapprochement entre le gouvernement et les arabes chrétiens du pays, sur la base de ce qu’il a nommé un « forum », en vue de faciliter l’enrôlement au sein de l’armée et la participation de la communauté arabe chrétienne à la vie de l’État.
Pour Benjamin Netanyahu, rien ne justifie l’exemption de la communauté arabe chrétienne du service militaire, qui est de surcroît catalyseur de la cohésion nationale et d’unité : « Les jeunes chrétiens doivent avoir la permission de rejoindre Tsahal. Nous ne tolérerons pas que l’on vous adresse des menaces et nous allons faire en sorte que l’on applique sévèrement la loi contre ceux qui vous persécutent ».
Seuls les chrétiens qui aident Israël, suivent la voie du christianisme ». Cette position est certes, ultra minoritaire au sein de la communauté arabe chrétienne, mais conforte la réputation de Nazareth, centre du rapprochement des communautés arabe et juive.
Cela s’est encore illustré en juillet 2013, avec la création dans la ville, d’un parti politique composé de chrétiens et de juifs (fondé par Ehab Shilyan, frère du conseiller du Ministère de la Défense pour les questions chrétiennes), soutenant la conscription pour les chrétiens.
Cette démarche du Premier Ministre intervient un an après l’engagement des discussions sur le principe d’une conscription universelle et l’abrogation de la loi Tal, le 1er août 2012, qui exemptait les juifs orthodoxes du service militaire.
Actuellement, la communauté arabe, qui représente 20 % de la population israélienne, est dispensée du service nationale, même si les intéressés peuvent demander une dérogation afin d’incorporer l’armée, ce qui reste un choix personnel et individuel.
Le gouvernement voudrait en systématiser le principe, d’autant qu’il existe parmi les jeunes arabes chrétiens, un nombre grandissant de volontaires : 100 jeunes de la communauté arabe chrétienne se sont engagés en 2013, contre 35 en 2012.
Stigmatisés, marginalisés, suscitant la suspicion au sein de la population juive, le choix d’incorporer l’armée israélienne n’a jamais été simple pour les jeunes arabes chrétiens d’Israël.
Ils prennent une position contraire à celle de la communauté chrétienne (majoritairement hostile à cette intégration), et le risque d’être assimilés aux membres de la communauté druze, fidèles à l’Etat d’Israël depuis sa naissance, et d’une extrême intransigeance à l’égard des palestiniens de Judée Samarie.
Les dignitaires religieux chrétiens ont donc martelé leur vive opposition à ce projet dans un document publié le 9 juillet 2013.
La commission liée aux évêques catholiques de la Terre Sainte, présidée par le Patriarche de Jérusalem Michel Sabbah, considère que l’armée sert à poursuivre l’occupation des Territoires palestiniens, c’est-à-dire qu’elle est « une armée d’agression plus qu’une armée de défense ». Plus précisément, le document indique : « enrôler les chrétiens arabes, est clairement une tentative de diviser chrétiens et musulmans en Israël ».
Pour les dignitaires arabes chrétiens, « de nombreux jeunes Arabes d’Israël perdent leur identité nationale, culturelle et religieuse et nombreux sont ceux qui ne se reconnaissent plus comme Arabes. La tâche de l’Eglise est d’éduquer les jeunes à s’accepter comme ils sont, en leur donnant une éducation humaine, nationale et chrétienne équilibrée.
Une éducation qui les aide à intégrer les différents éléments de leur identité (chrétien arabe palestinien et citoyen d’Israël) sans refouler aucun de ces éléments ». En clair, il n’est pas question pour les arabes chrétiens de participer au service militaire sauf à être considérés comme des traîtres au sein de leur communauté.
En marge de ce service militaire, l’Etat hébreu propose, depuis 2007, un service civil (Minhélet), qui permet aux jeunes Arabes de consacrer, un volontariat à raison de 30 à 40 heures par semaine, dans des hôpitaux, des écoles ou des associations d’aide, en percevant le salaire de base des soldats non combattants.
Leur nombre était de 2 400 en 2012, soit moins de 10% des nouveaux majeurs de la communauté arabe (dont le nombre est de 30 000). Le gouvernement aimerait rendre ce service civil obligatoire à compter de 2016 mais le principe heurte encore les responsables de la communauté arabe israélienne qui considèrent également les jeunes arabes effectuant ce service comme étant des traîtres.
C’est effectivement le danger auxquels s’expose le gouvernement en cherchant coûte que coûte, à intégrer une population résidente dans un corpus de valeurs qui ne lui appartient pas.
La question se pose donc de savoir s’il ne conviendrait pas, au contraire, de respecter le choix et l’identité de la population non juive d’Israël qui ne partage pas les convictions de la population juive, ne se projette pas dans le même devenir. Les arabes israéliens se considèrent non comme des israéliens mais comme des palestiniens en Israël, c’est-à-dire des « non nationaux » en situation régulière.
Si l’Etat juif acceptait de respecter le choix identitaire de la population arabe, son refus de se considérer israélienne et de chanter la hatikva, il pourrait être calqué, en Israël, ce qui se fait dans l’ensemble des pays des Nations Unies, à savoir une distinction entre la nationalité israélienne (leoumaout) et la citoyenneté israélienne (ezrahout).
Les arabes israéliens qui n’entendent pas s’associer au devenir de l’Etat d’Israël (et c’est bien leur droit), opteraient pour la nationalité palestinienne et deviendraient des « non nationaux » en situation régulière sur le territoire israélien.
Ils continueraient, en pareille occurrence, à bénéficier de l’ensemble des prérogatives réservées aux nationaux israéliens à l’exclusion, bien évidemment du droit de vote, conformément aux règles du Droit international.
L’Etat juif pourrait alors instituer, en marge de la citoyenneté israélienne qui existe déjà et qui est réservée aux personnes en situation régulière sur le territoire, une nationalité israélienne, israélite c’est-à-dire juive (et incarnerait enfin sa vocation d’Etat nation). Il suffirait alors d’adopter une 15ème Loi fondamentale sur la nationalité israélienne et le statut des personnes.
Celle-ci déterminerait les prérogatives des résidents suivant qu’ils sont ou non nationaux, figerait le lien entre les juifs et leur terre, et fixerait les principes fondamentaux de l’Etat juif (les non nationaux y portant atteinte seraient alors expulsables).
L’Etat juif n’aurait plus à craindre l’importance des non nationaux sur le territoire et bien évidemment, les arabes israéliens marqués par l’identité palestinienne seraient définitivement exemptés du service militaire, pour la plus grande satisfaction de leurs dirigeants.
A cette occasion, le Premier Ministre Benjamin Netanyahu, a lancé l’idée d’un rapprochement entre le gouvernement et les arabes chrétiens du pays, sur la base de ce qu’il a nommé un « forum », en vue de faciliter l’enrôlement au sein de l’armée et la participation de la communauté arabe chrétienne à la vie de l’État.
Pour Benjamin Netanyahu, rien ne justifie l’exemption de la communauté arabe chrétienne du service militaire, qui est de surcroît catalyseur de la cohésion nationale et d’unité : « Les jeunes chrétiens doivent avoir la permission de rejoindre Tsahal. Nous ne tolérerons pas que l’on vous adresse des menaces et nous allons faire en sorte que l’on applique sévèrement la loi contre ceux qui vous persécutent ».
Caporal Elinor Joseph, 1ère femme arabe dans une unité de combat.
A cette occasion, le père Gabriel Nadaf, prêtre grec orthodoxe de Nazareth, s’est dit également favorable au recrutement des arabes chrétiens au sein de Tsahal : « Notre objectif est de protéger la Terre sainte et l’État d’Israël.Seuls les chrétiens qui aident Israël, suivent la voie du christianisme ». Cette position est certes, ultra minoritaire au sein de la communauté arabe chrétienne, mais conforte la réputation de Nazareth, centre du rapprochement des communautés arabe et juive.
Cela s’est encore illustré en juillet 2013, avec la création dans la ville, d’un parti politique composé de chrétiens et de juifs (fondé par Ehab Shilyan, frère du conseiller du Ministère de la Défense pour les questions chrétiennes), soutenant la conscription pour les chrétiens.
Cette démarche du Premier Ministre intervient un an après l’engagement des discussions sur le principe d’une conscription universelle et l’abrogation de la loi Tal, le 1er août 2012, qui exemptait les juifs orthodoxes du service militaire.
Actuellement, la communauté arabe, qui représente 20 % de la population israélienne, est dispensée du service nationale, même si les intéressés peuvent demander une dérogation afin d’incorporer l’armée, ce qui reste un choix personnel et individuel.
Le gouvernement voudrait en systématiser le principe, d’autant qu’il existe parmi les jeunes arabes chrétiens, un nombre grandissant de volontaires : 100 jeunes de la communauté arabe chrétienne se sont engagés en 2013, contre 35 en 2012.
Stigmatisés, marginalisés, suscitant la suspicion au sein de la population juive, le choix d’incorporer l’armée israélienne n’a jamais été simple pour les jeunes arabes chrétiens d’Israël.
Ils prennent une position contraire à celle de la communauté chrétienne (majoritairement hostile à cette intégration), et le risque d’être assimilés aux membres de la communauté druze, fidèles à l’Etat d’Israël depuis sa naissance, et d’une extrême intransigeance à l’égard des palestiniens de Judée Samarie.
Les dignitaires religieux chrétiens ont donc martelé leur vive opposition à ce projet dans un document publié le 9 juillet 2013.
La commission liée aux évêques catholiques de la Terre Sainte, présidée par le Patriarche de Jérusalem Michel Sabbah, considère que l’armée sert à poursuivre l’occupation des Territoires palestiniens, c’est-à-dire qu’elle est « une armée d’agression plus qu’une armée de défense ». Plus précisément, le document indique : « enrôler les chrétiens arabes, est clairement une tentative de diviser chrétiens et musulmans en Israël ».
Pour les dignitaires arabes chrétiens, « de nombreux jeunes Arabes d’Israël perdent leur identité nationale, culturelle et religieuse et nombreux sont ceux qui ne se reconnaissent plus comme Arabes. La tâche de l’Eglise est d’éduquer les jeunes à s’accepter comme ils sont, en leur donnant une éducation humaine, nationale et chrétienne équilibrée.
Une éducation qui les aide à intégrer les différents éléments de leur identité (chrétien arabe palestinien et citoyen d’Israël) sans refouler aucun de ces éléments ». En clair, il n’est pas question pour les arabes chrétiens de participer au service militaire sauf à être considérés comme des traîtres au sein de leur communauté.
En marge de ce service militaire, l’Etat hébreu propose, depuis 2007, un service civil (Minhélet), qui permet aux jeunes Arabes de consacrer, un volontariat à raison de 30 à 40 heures par semaine, dans des hôpitaux, des écoles ou des associations d’aide, en percevant le salaire de base des soldats non combattants.
Leur nombre était de 2 400 en 2012, soit moins de 10% des nouveaux majeurs de la communauté arabe (dont le nombre est de 30 000). Le gouvernement aimerait rendre ce service civil obligatoire à compter de 2016 mais le principe heurte encore les responsables de la communauté arabe israélienne qui considèrent également les jeunes arabes effectuant ce service comme étant des traîtres.
C’est effectivement le danger auxquels s’expose le gouvernement en cherchant coûte que coûte, à intégrer une population résidente dans un corpus de valeurs qui ne lui appartient pas.
La question se pose donc de savoir s’il ne conviendrait pas, au contraire, de respecter le choix et l’identité de la population non juive d’Israël qui ne partage pas les convictions de la population juive, ne se projette pas dans le même devenir. Les arabes israéliens se considèrent non comme des israéliens mais comme des palestiniens en Israël, c’est-à-dire des « non nationaux » en situation régulière.
Si l’Etat juif acceptait de respecter le choix identitaire de la population arabe, son refus de se considérer israélienne et de chanter la hatikva, il pourrait être calqué, en Israël, ce qui se fait dans l’ensemble des pays des Nations Unies, à savoir une distinction entre la nationalité israélienne (leoumaout) et la citoyenneté israélienne (ezrahout).
Les arabes israéliens qui n’entendent pas s’associer au devenir de l’Etat d’Israël (et c’est bien leur droit), opteraient pour la nationalité palestinienne et deviendraient des « non nationaux » en situation régulière sur le territoire israélien.
Ils continueraient, en pareille occurrence, à bénéficier de l’ensemble des prérogatives réservées aux nationaux israéliens à l’exclusion, bien évidemment du droit de vote, conformément aux règles du Droit international.
L’Etat juif pourrait alors instituer, en marge de la citoyenneté israélienne qui existe déjà et qui est réservée aux personnes en situation régulière sur le territoire, une nationalité israélienne, israélite c’est-à-dire juive (et incarnerait enfin sa vocation d’Etat nation). Il suffirait alors d’adopter une 15ème Loi fondamentale sur la nationalité israélienne et le statut des personnes.
Celle-ci déterminerait les prérogatives des résidents suivant qu’ils sont ou non nationaux, figerait le lien entre les juifs et leur terre, et fixerait les principes fondamentaux de l’Etat juif (les non nationaux y portant atteinte seraient alors expulsables).
L’Etat juif n’aurait plus à craindre l’importance des non nationaux sur le territoire et bien évidemment, les arabes israéliens marqués par l’identité palestinienne seraient définitivement exemptés du service militaire, pour la plus grande satisfaction de leurs dirigeants.
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