Un comte roi du stand-up, une fille de "Bref", un Belge, un récital de Daft Punk, et deux jeunes talents à suivre... L'humour drôle, c'est maintenant.
Le spectacle à voir absolument
Waly Dia, Face à Face(s) *****
Vainqueur du concours Nouveaux Talents du Rire 2011 et Coup de cœur du Festival L'Humour en Capitale 2012, Waly Dia est sans conteste un comique qui a de l’avenir. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas en profiter dès aujourd’hui. Dans son spectacle Face à Face(s), sketch up alliant stand up moderne et personnages classiques, le jeune Grenoblois brasse large. De son métissage qui le rend « romantique comme un Français et polygame comme un Africain », aux joies des plaisirs masculins en solitaire en passant par un zouk endiablé avec… un tabouret. Âgé de seulement 23 ans, il excelle dans sa description des années 90. Ceux qui ont grandi en tentant de reproduire un kaméhaméha dans leur chambre, qui ont passé leur dimanche devant Walker Texas Ranger et qui ont fabriqué des pots à crayons en cours de techno s’y retrouveront. Les autres ne seront pas en reste puisque son énergie, son charisme et ses qualités d’acteur (il alterne les voix et les mimiques avec une facilité et une efficacité redoutables) sont universelles. Ajouté à cela un physique agréable (en atteste le nombre de demoiselles dans la salle), tout est réuni pour faire de Waly Dia un visage incontournable de la scène comique française. SC.
Du jeudi au samedi au Comedy club (Paris 10) jusqu'au 11 mai
Les spectacles à voir.......
Walter, Belge et méchant ****
Depuis quelques mois, Walter fait de plus en plus de bruit avec son spectacle Belge & Méchant. Au point de se retrouver sur la couverture de L’Anthologie de l'humour belge(Editions Jourdan) en compagnie de Philippe Geluck et François Damiens. Ne soyons pas chauvins, il faut reconnaître que son one-man-show est un des plus efficaces du moment. Walter nous entraîne sur la pente glissante de l’humour sans limite, introspectif et trash sans jamais être vulgaire. « J’ai tété ma mère jusqu’à quatre ans, mon père jusqu’à 14 », voilà comment débute son show. Le grand bonhomme, costard bien cintré et cheveux parfaitement coiffés, tape sur tout le monde : les religions (« Sauf les juifs, parce que je n’ai pas encore d’avocat »), les habitudes sexuelles des couples (« Après le mariage les femmes veulent faire des enfants, elles ne veulent plus les avaler ») et même Coluche, l’intouchable de l’humour français. Mais si on peut l’apparenter aux Desproges, Proust et compagnie, il a une élégance bien à lui, en dandy naturellement classe qui peut sortir les pires horreurs avec le plus grand chic. Jamais hystérique, jamais dans l’imitation. Son écriture est elle aussi à part, fine et rythmée à la seconde près, si bien qu’on ressort de son spectacle avec l’envie d’y retourner.SC et MD.
Du mercredi au samedi à 20h au Point Virgule (Paris
4) jusqu'au 29 juin
Bérengère Krief ****
Ceux qui ne connaissent pas son nom l'ont peut-être déjà aperçu dans Bref, la mini-série à succès de Canal +, dans laquelle elle donnait la réplique à Kyan Khojandi. Le fameux "plan cul" du héros looser, c'était elle. Dans une (quasi) tenue d'Eve qu'elle maîtrise bien, installée dans un simulacre de chambre de jeune célibataire à l'aise avec ses formes, cherchant trois fringues à porter, c'est ainsi que Bérengère Krief démarre son one-woman-show déluré. Avec son charmant minois, cette blonde trentenaire et pimpante joue avec brio les superficielles, raillant ses contemporains tout en jouant à fond l'autodérision. Et trouve dans la télé sa principale source d'inspiration, avouant avec fierté ses péchés cathodiques, ces émissions que l'on refait avec ses copines mais qu'on cache regarder à ses collègues de bureau. Ainsi, que penser de L'Amour est dans le pré, « agence matrimoniale avec du fumier, où les candidates ont le choix entre Guy Georges, Émile Louis et Michel Fourniret » ? Excitée sur scène mais jamais gueularde, Bérangère fait partager sans pudeur (et c'est tant mieux) ses désirs les plus fous, comme celui d'adapter la vie de Natascha Kampusch à l'écran : « huit ans dans une cave, elle a autant de choses à raconter qu'un bon bordeaux ». Les mecs, le cul, les copines écervelées, les soirées années 80... La comédienne joue les bonhommes en enchaînant les blagues salaces et s'impose en Florence Foresti des 18-25 ans. MD.
Du mardi au samedi à 20h au Grand Point Virgule (Paris 15) jusqu'au 29 juin
Yacine Belhousse ****
Révélé par le Jamel Comedy Club en 2006, Yacine Belhousse a depuis tardé à se lancer à fond dans son one-man-show. On l’a donc vu à travers le monde avec la troupe du Comedy Club, à la radio, ou dernièrement dans plusieurs épisodes de Bref. Du coup, il se définit lui-même « un comique en voie de développement, comme l’Ouzbékistan... ou le Portugal ! ». Sauf qu’à force de tourner à droite et à gauche, il a acquis une maîtrise parfaite de la scène et de ses sketchs. Résultat : un spectacle excellemment absurde. Loin du cliché « jeune humoriste issu de la minorité », Yacine s’est construit un univers loufoque à la Monty Python, dans lequel il invite une souris toxicomane accro au sucre, le hamburger le plus cher du monde ou encore un décorateur d’intérieur... de vagin ! Le constat est clair, si Yacine est « en voie de développement », vivement la suite. SC.
Du jeudi au et samedi au Théâtre de Dix Heures (Paris 18)
Thomas VDB chante Daft Punk ****
Après deux one-man-shows, Thomas VDB, passé par le Jamel Comedy club, veut en finir avec l’humour. Pour l’ancien critique rock, « les blagues, c’est terminoche », maintenant, « place à la zizik, pour se faire zizir ». Il n’y a plus que la french touch qui compte. Mais surtout Daft Punk, à qui le comique consacre son dernier spectacle. Pendant plus d’une heure, c’est en blaireau fan de musique que Thomas VDB rend hommage au groupe culte, revisitant les titres à sa sauce. Ainsi, casque de moto sur la tête et blouson en cuir, accompagné de DJ Nasser (« un dealer rencontré à Barbès à qui j’ai proposé du boulot »), l’humoriste leur dédie un récital et revoit les titres phares du duo électro : une vanne de Toto sur fond de house et voix auto tunée, une version rastafari d’Around The World, ou encore un medley de tubes tout en sifflant (« je suis pas super drôle mais je suis le roi de la sifflote »). Sa reconversion n’est pas aisée et le French qui se touche essaie de se diversifier : « Plutôt que d'avoir plusieurs cordes à mon arc, je préfère avoir plusieurs arcs ». Il y croit, et c’est tant mieux. Taclant au passage Michel Sardou, il brocarde gentiment l’électro et ses déclinaisons élitistes, la musique africaine (Mori Kanté en prend pour son grade), se livre dans une fausse interview « façon Canal ». Et la Sacem dans tout ça ? Peu importe, n’en déplaise à Daft Punk, Thomas VDB les invite à lui consacrer une comédie musicale. MD.
Le mardi et le dimanche à 21h15 au Point Virgule (Paris 4) jusqu'au 7 mai
Le Comte de Bouderbala ****
Au tournant des années 2000, la plupart des comiques revendiquaient le stand-up, cette forme d’humour venue d’Amérique qui remplace les sketches par une tchatche freestyle sur le principe : une phrase, une vanne. On pensait en avoir fait le tour quand déboule le Comte de Bouderbala. Sami Ameziane, de son vrai nom, ex-basketteur, pratique l’art du contre-pied en virtuose. Fils d’immigrés algériens, il joue la carte du frenchy exilé aux États-Unis. « Les States, c’est le pays de la valorisation », dit-il sur scène, avant de comparer la cérémonie de remise de diplômes dans une université américaine et l’étudiant français qui reçoit une lettre de la fac avec son nom, son timbre et son écriture sur l’enveloppe. Avant de filer à l’ANPE où un conseiller lui propose « un pré-stage d’insertion intérimaire à durée illimitée non rémunéré mais payant… en Roumanie. » Né à Saint-Denis, le Comte prouve que la culture banlieue ne rime pas qu’avec le rap du 9-3. D’ailleurs, il en profite pour tailler gentiment les rappeurs : « On veut rendre les rappeurs responsables du chômage, des émeutes et du réchauffement climatique… alors qu’ils n’expriment que leurs difficultés à vivre et leurs difficultés en français. » On l’aura compris, le Comte de Bouderbala est drôle et intelligent. Il montre aussi qu’il faut prendre les comiques au sérieux. Quand ils sont bons, ils en disent plus sur la société que nombre de politiques. ES.
En tournée dans toute la France jusqu'au 4 juillet et en 2014
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