dimanche 10 mars 2013

VOILÀ UN ARTICLE ÉDIFIANT ...



L’élément tragique de l’homme moderne, ce n’est pas qu’il ignore le sens de la vie, c’est que cela le dérange de moins en moins (Vaclav Havel) 

L’occultation de l’antisémitisme (info # 011003/13) [Analyse] 

Par Guy Millière © Metula News Agency 

Le 19 mars, un an se sera écoulé depuis l'effroyable tuerie de trois enfants juifs et du père de deux d'entre eux à l'école Otzar Hatorah (le trésor de la Torah). 

Le tueur, Mohamed Merah, a assassiné aussi des militaires français d'origine maghrébine. Il a agi en djihadiste. Il a agi en antisémite. Il a perpétré l’acte antisémite le plus abominable commis en France depuis la Seconde Guerre Mondiale. Et même durant ce conflit, aucun nazi ou collaborateur n'a, à ma connaissance, tué d'enfants dans la cour d'une école. 

Les actes de Mohamed Merah sont extrêmement graves et absolument abjects. Ils ont, c'est un fait, entraîné une recrudescence de la violence antisémite dans toute la France et une vague d'agression contre des Juifs, marquée par plusieurs incidents majeurs. Mohamed Merah est devenu un héros dans tout ce qu'il est convenu de nommer désormais les « banlieues de l'islam ». 

Les media français, dans leur quasi-totalité, se sont déshonorés en le présentant tantôt comme un « loup solitaire », tantôt comme un « gamin des cités » qui a mal tourné. Encore aujourd’hui, on évoque à peine les réseaux qui ont permis au « tueur au scooter » de devenir ce qu'il est devenu et d'accomplir ses crimes. 

On sait que son frère aîné est emprisonné depuis des mois, mais on ne dispose d'aucun détail sur les raisons de cette mise en détention. On sait que sa famille, à l'honorable exception d'un seul de ses membres, est imprégnée des mêmes idées infectes que les siennes. 

Ce n’est pas parce qu’un courant est abject et que lesmedia l’occultent qu’il n’existe pas 

On a vu le père de Mohamed Merah accuser la police française d'assassinat et recruter une avocate islamiste, à qui on a donné fort aisément la parole, comme si sa parole était recevable. 
La semaine dernière, le 6 mars, une soirée spéciale Mohamed Merah a été organisée par une chaîne de la télévision publique française. J'ai eu du mal à regarder la télévision ce soir-là : savoir que l'on accordait la parole à tous les protagonistes du dossier – y compris à la mère, « en larmes », de Merah et son immonde sœur Souad – m’a donné la nausée et j’ai passé mon chemin. 

Comment peut-on laisser s’exprimer publiquement la famille de l'assassin au même titre que celle des assassinés ? Comment peut-on mettre en parallèle des adeptes de l'assassinat de Juifs comme Souad Merah, et des victimes de ces crimes ? À quel degré d'avilissement le relativisme ambiant a-t-il fait tomber ce pays ? 

Manuel Valls, plus de vingt-trois heures plus tard, a tenu des propos dignes de ses fonctions, dont acte. Mais un peu plus tôt, le réalisateur du documentaire sur Merah a osé affirmer que Souad était de « bonne foi » lorsqu’elle a déclaré, devant sa caméra, penser aux victimes de son frère. 

C'est au nom de cette « bonne foi », sans doute, que le réalisateur n'a pas effectué le moindre entretien avec Abdelghani Merah, le frère ainé, qui, il y a quelques semaines, en caméra cachée, a filmé avec la même Souad un entretien en tous points différent. 

De toute la soirée, seul Arié Bensemhoun, président de la communauté juive de Toulouse – un homme pour qui je nourris une profonde estime – a prononcé les mots appropriés, clairement, avec sobriété et justesse. A savoir qu'en présentant Mohamed Merah comme cela avait été fait, on créait d'autres Mohamed Merah. 

Arié Bensemhoun a eu la parole immédiatement après le documentaire : mais de combien de temps a-t-il disposé ? De trois minutes ? 

Si un reste d’à propos et d’objectivité dans l’information existait encore, une soirée au contenu différent aurait été organisée. Elle aurait été centrée sur le fait majeur : le plus abominable acte antisémite commis en France depuis la Seconde Guerre Mondiale a été perpétré en 2012 à Toulouse. Il en a résulté une poussée d'antisémitisme, symptôme d'une pathologie très profonde et virulente dans la France d'aujourd'hui. 

Cette soirée aurait pu être l'occasion de rappeler tous les crimes commis en Europe contre les Juifs depuis des siècles. 

On aurait pu aussi insister sur l'autre fait majeur que la tuerie de Toulouse a révélé davantage encore : les idées djihadistes ne sont pas mortes en France. Au contraire, il existe, dans l’Hexagone, une influence grandissante de l'islam radical et de l'antisémitisme musulman. Ce qui implique de dénoncer et de combattre cette influence en appelant, pour commencer, les choses par leur nom. 

Je sais qu'un tel programme aurait été impensable : on n'ose plus, en France, dénoncer l'antisémitisme qu'en termes génériques vagues et symboliques, de peur de désigner les vrais coupables. L’on préfère, si possible, l’occulter en l'incluant dans une lutte, plus générique et plus vague encore, contre le « racisme », censé provenir, cela va de soi, uniquement de l'extrême droite. 

On ose de moins en moins évoquer les crimes commis au fil du temps contre les Juifs, et on n'évoque plus du tout ce que nous tous, Occidentaux, devons aux Juifs : cela pourrait, dit-on, éveiller l'antisémitisme que, par ailleurs, l’on veut minimiser. 

On n'ose parler du djihadisme que lorsqu'il agit loin de la France, ou qu'il touche des éléments marginaux. On s’obstine à occulter l'influence en France de l'islam radical, et quant à l'antisémitisme musulman, on n’en parle pas du tout. 

Cela s'accompagne, bien sûr, d'une multitude de discours pernicieux et pervertis contre Israël et de propos hypocrites rappelant qu'il ne faut pas « importer » ici un conflit qui se déroule ailleurs. 

Le fait que des êtres tel Mohamed Merah appartiennent au djihad et ont le cerveau imprégné des idées dictées par l'islam radical et l'antisémitisme musulman, et que les discours malveillants concernant Israël diffusés en France influencent leur esprit malade est, cela va de soi, totalement laissé de côté. 

On voit beaucoup, ces derniers temps, Latifa Ibn Zlaten, la mère d'Imad Ibn Zlaten, l'un des soldats tués par Merah. Imad Ibn Zlaten était un homme digne et courageux, qui s'est battu pour la France. Sa mère, Latifa, s’avère être une femme elle aussi digne et courageuse. 

Le titre du livre publié sous son nom se révèle, cela dit, incomplet : son fils est « mort pour la France », soit. Il n'est pour autant pas mort au combat, mais tué par un djihadiste. Il est mort en France parce que soldat français d'origine maghrébine et musulmane, tué par un musulman de nationalité française imprégné d'islam radical. 

Par ailleurs, l'assassinat de soldats ne saurait dissimuler l’élimination d'enfants juifs dans la cour d'une école. Tuer un soldat est très grave. Tuer des soldats français maghrébins parce que l'islam radical les considère comme des traîtres l’est aussi, et doit conduire à s'interroger de façon plus profonde que cela n’est le cas. 

Abattre des enfants, simplement parce qu'ils sont juifs, d'une manière aussi cruelle et abominable, alors que leur vie commence à peine, cela est plus grave encore. 

Personne ne le dit ni ne le dira. 

Les apparitions publiques de Latifa Ibn Zlaten ne s'accompagnent pas d'une égale médiatisation de l'assassinat d'enfants juifs dans la cour d'une école, et vient, au contraire, faire d'elle une forme de figure emblématique des victimes de Mohamed Merah, figure derrière laquelle les enfants juifs assassinés, et le père de deux d'entre eux, disparaissent. 

Cela participe d'une gravité absolue.

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