Alors que ce mardi matin se tenait la messe d’installation du pape François, le Président de la République a brillé par son absence.
Mais pourquoi ? Réponse avec Samuel Pruvot, Rédacteur en chef du service actualités deFamille chrétienne et auteur de François Hollande, Dieu et la République, qui vient juste de sortir aux éditions Salvator.
« Il est d’usage dans le protocole que ce soit le premier ministre – au moins depuis Jacques Chirac - qui aille à cette messe d’installation. Mais en fait s’il le voulait, il pourrait y être ! Il n’y a aucune interdiction ! » nous explique Samuel Pruvot.
Le problème, selon l’auteur, c’est que ça n’est pas sa priorité. Pour des raisons politiques, et peut-être pour des raisons personnelles, plus insondables.
Rendez-vous manqués
Tout nouveau Président de la République devient Chanoine honoraire de Saint-Jean de Latran. Nicolas Sarkozy était venu recevoir ce titre en grandes pompes, durant le mois de décembre succédant son élection.
« Il y a deux sortes de présidents, ceux qui disent merci, je viendrai plus tard, façon François Mitterrand et François Hollande, et ceux qui disent merci, oui je viens, façon Nicolas Sarkozy ou Charles de Gaulle. »
Si François Hollande se rendait au Latran, ce serait très certainement pour y faire l’anti discours de Nicolas Sarkozy, qui, souvenez-vous, réinscrivait la France dans ses racines chrétiennes…
Un Nicolas Sarkozy qui y avait vanté les mérites d’une laïcité ouverte, et surtout la supériorité du curé face à l’instituteur. A l’inverse, « François Hollande, c’est le discours du Bourget. La laïcité sans qualificatif. » décrypte Samuel Pruvot.
Et, est-ce vraiment possible d’aller au Latran pour y faire le discours inverse de celui de Nicolas Sarkozy ?
Peut-être difficilement. D’ailleurs on apprend aussi avec Samuel Pruvot que François Hollande aurait eu l’occasion de rencontrer Benoît XVI, mais qu’il n’a eu avec le Souverain pontife, aujourd’hui émérite, que des rendez-vous manqués.
Une visite était prévue le 4 septembre, une visite a minima :« poignée de mains, entretien, échange de cadeaux. Sans passer au Latran. » Mais, tandis qu’il rencontrait Mario Monti, et tentait de sauver l’euro, il n’est pas allé jusqu’à la place Saint Pierre.
Peut-être qu’en ce moment l’Ambassade de France près le Saint-Siège s’agite pour enfin convenir d’une date. Avec le nouveau pape, qui s’appelle tout de même François, l’attention aux pauvres… il serait peut-être opportun pour François Hollande de se montrer à ses côtés…
Plus qu’ avec un Benoît XVI chantre de la lutte contre le relativisme… Mais au-delà de l’image, la séquence française n’est tout de même pas des plus favorables.
Une séquence défavorable
Si l’ambassadeur auprès du Saint Siège, Bruno Joubert, devait aller présenter au pape les dossiers du gouvernement socialiste avant toute audience papale, voilà ce que dit de manière imagée Samuel Pruvot :
« Alors, en apéritif, vous aurez le mariage pour tous, et puis après, l’euthanasie, au dessert, les recherches sur l’embryon. » Inutile donc de dire qu’il y aurait comme des étincelles.
Un non-dit qui reste à préciser ?
Le livre tente de réinterroger la façon dont François Hollande a su jouer habilement de son héritage chrétien, en l’utilisant ou parfois en le masquant, façon Machiavel. Le président serait l’incarnation de cette génération politique de la décroyance…
Le journaliste reprend ainsi à son compte dans le livre les observations du Cardinal Poupard : « La génération Hollande, qui arrive maintenant au pouvoir, serait imperméable à toute interrogation métaphysique et parfaitement insensible au patrimoine chrétien. »
Décroyant ou non, Samuel Pruvot pense que le président aurait intérêt à préciser son rapport à la religion catholique en particulier … Le journaliste devait rencontrer François Hollande, le rendez-vous n’a jamais eu lieu.
Il a longuement pu s’entretenir avec ses très proches, comme Jean-Pierre Jouyet. Si on comprend mieux l’utilisation politique que François Hollande a su faire de la religion, après la lecture du livre, on se dit que le rapport de François Hollande à son héritage chrétien reste toujours énigmatique. « Il ne veut pas sortir du bois » résume l’auteur.
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