Tribune - Pourquoi le monde doit-il rendre hommage aux femmes un jour par an depuis que l'ONU, un jour du 8 mars 1975, l'a décrété comme tel ?
Un jour par an c'est dérisoire, démagogique et insignifiant. Comme si le monde veut se donner bonne conscience et faire de cette journée une journée de pardon pour l'infamie qu'il fait subir aux femmes depuis des millénaires.
Même ce dieu prétendument juste et équitable ne reconnaît aucun droit aux femmes, sujet mineur dans les religions monothéistes, reléguées au rang de ventre porteur, absentes de son Panthéon de ses prophètes, jugées dépourvues de raison et de foi par l'islam et interdites d'officier aux messes publiques dans le christianisme.
Une journée pour marquer l'indignation du monde face aux injustices qui les frappent et les conditions de vie humiliantes et dégradantes dont elles sont l'objet ou rappeler au monde le régime d'apartheid auquel sont soumises les femmes arabes et musulmanes, c'est du placebo.
Le 8 mars, une journée qui ressemblerait donc à une journée de trêve des confiseurs ! Ce qui sous-entendrait qu'il est permis le reste de l'année de lapider, d'humilier, de brimer, de violer, de violenter, d'harceler, d'opprimer et de discriminer.
La vraie journée des femmes est le respect total et absolu de tous ses droits tout au long de sa vie, du berceau jusqu'à la mort.
De l'état fœtal à leur naissance, où l'on continue encore en Chine et en Inde avec la complicité de la médecine moderne à pratiquer des avortements sur le fœtus féminin. Un véritable crime "foeticide féminin"
Avec cette journée, le monde veut se refaire une virginité de façade pour se racheter des milliers d'années de traitement inhumain, raciste et barbare infligé aux femmes, exclues du banquet de la nature, condamnées à vivre dans l'ombre des hommes, à se contenter de vivre de ses restes.
L'homme roi et la femme son esclave
Même en Occident, terre de naissance du féminisme internationaliste, théâtre des combats épiques pour les libertés des femmes, les droits de la femme restent encore un vœu pieux et la parité homme-femme est un mythe.
On est encore aujourd'hui à revendiquer en France l'égalité des salaires entre les hommes et les femmes occupant le même poste de travail. Toujours absentes des conseils d'administration des grandes entreprises.
Sous-représentées dans toutes les sphères de la société, sauf dans les pays scandinaves. Figurantes et faire-valoir.
A titre d'exemple, aucune femme présidente de fédérations sportives nationales et internationales.
Victimes de sexisme et de machisme. Plus d'une femme sur deux a été victime au moins une fois dans sa vie d'agression ou de tentative d'agression sexuelle.
Partout en Occident où des femmes meurent sous les coups de conjoints violents, on a mis en place des plans de lutte contre la violence faite aux femmes.
Quid des droits des femmes dans les pays où la religion légitime le viol, l'exclusion, le bannissement, la relégation, les brimades, la négation de ses droits, l'avilissement, la répudiation, son statut d'objet sexuel, son inféodation et son maintien à l'état d'infériorité vis-à-vis de l'homme, son maître et son seigneur ?
Aucune statistique et information fiable émanant de ces pays, où les droits humains sont à l'état embryonnaire quand ils existent.
Les Nations Unies seraient plutôt avisées d'adopter une Charte Universelle pour les droits des femmes, avec obligation à tous ses pays membres de l'adopter sous peine d'exclusion de la communauté internationale. Ne l'a-t-elle pas mis en quarantaine autrefois l'Afrique du Sud et l'ex Rhodésie à cause du régime d'apartheid dont furent l'objet les populations noires africaines ?
Ce qui était valable hier devrait l'être plus que jamais aujourd'hui parce qu'il y va de l'avenir même de l'humanité.
Si on veut réellement lutter contre le terrorisme djihadiste, il faut éduquer la femme musulmane.
Habib Bourguiba avait compris avant tout le monde qu'il ne pouvait y avoir des progrès humains aux dépens de la moitié de la société. Seules des femmes libres et émancipées peuvent apporter leur contribution à l'édifice de la nouvelle Tunisie.
En voulant libérer la femme, il s'est heurté frontalement aux gardiens des dogmes de la foi musulmane qui voient en lui un apostat et qui aimeraient tant lui infliger une nouvelle mort pour avoir brisé les tabous et violé les interdits religieux dont ils se servaient et continuent plus que jamais aujourd'hui à s'en servir comme barrières à l'univers carcéral de la femme.
Bourguiba a placé la femme au cœur de la société. Il l'avait sortie de l'ombre vers la lumière, faisant d'elle une citoyenne de plein droit et non un sujet mineur. Il a été le premier Chef d'Etat d'un pays musulman à porter l'âge nubile au mariage à 15 ans avec l'autorisation conjointe et expresse des deux parents.
On ne brise pas les chaînes avec lesquelles on a enserré les femmes, juste le 8 mars pour les leur remettre le lendemain. Le monde doit faire comme l'a fait Bourguiba qui avait fait tomber publiquement le voile un jour à une femme pour lui rendre sa liberté et sa dignité dont la société l'avait privée.
Comme s'il s'agit pour les hommes de mettre un bémol à leurs pulsions violentes.
Le 8 mars ne doit pas être une sorte de jour de Grand Pardon demandé aux femmes.
Elles n'ont pas à être célébrées un jour non plus comme une icône pour se voir brûlées le lendemain.
Les sociétés les plus moribondes au monde sont comme par hasard les sociétés qui n'assument pas leur part de féminité à cause de leur religiosité maladive.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire