Journaliste et essayiste.
Avec le titre suivant : « Salonique la Juive, d’où émigra le grand-père de Sarkozy ».
C’est pourquoi, nonobstant ma très faible notoriété, je ne désespère pas de lire ici un article intitulé : « Bialystok la Juive, d’où n’émigra pas le grand-père de Rayski. » Tous les miens, et des centaines de milliers d’autres, ont en effet été gazés à Treblinka.
C’est à eux, et avant tout aux trois enfants tués d’une balle dans la tête à Toulouse, que je voudrais dédier les lignes qui vont suivre.
Il y a de cela 69 ans, le 22 février 1944, furent fusillés au Mont Valérien 23 combattants rendus célèbres par l’Affiche rouge. Ils étaient résistants et terroristes. Et bien sûr, certains n’ont pas hésité à évoquer, à leur propos et dans une veine ignominieuse, les « résistants » et « terroristes » palestiniens ou islamistes.
Les résistants de l’Affiche rouge auraient bondi d’horreur à l’idée d’être enrégimentés dans la famille des égorgeurs islamistes spécialisés dans le découpage de têtes au couteau. Ils étaient immigrés et étrangers.
Donc pas français, donc eux aussi, en quelque sorte, issus de la « diversité », comme on dit à l’extrême gauche. Une imposture révoltante.
Évidemment qu’ils étaient français, français comme plus personne n’ose l’être aujourd’hui.
Ils aimaient la France, la langue française (dans les familles juives d’où ils venaient pour la plupart, on leur faisait un devoir, précisément parce qu’ils étaient d’ailleurs, d’être les premiers dans cette matière à l’école), ils aimaient le drapeau tricolore avec un penchant évidemment prononcé pour le rouge.
Et puis ils étaient juifs, très juifs. Ils allaient à la schule pour apprendre le yiddish et, dans leur identité, les mots « Juif », « Français », « communiste » (je ne suis pas sûr de l’ordre, c’était peut-être « communiste », « Français », « Juif ») formaient un puzzle d’une fabuleuse générosité. Ceux de l’Affiche rouge venaient d’un monde qui n’existe plus.
Un monde juif, ouvrier et rouge. Ils habitaient des quartiers populaires, des vrais quartiers populaires, où il n’y avait pas de Mohamed Merah, où l’on ne brûlait ni les voitures ni les écoles, où l’on ne se frappait pas à coups de barre de fer et où l’on ne violait pas les filles parce qu’elles avaient l’outrecuidance de porter une jupe.
Il y a des jours où le Mont Valérien devient une banlieue de Toulouse.
Et Toulouse, une banlieue de Bialystok.
Benoît Rayski, le 19 mars 2013
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