mardi 29 janvier 2013

Tunisie : Une mise au point sur le cimetière de Sousse et sa profanation....


Le cimetière de Sousse, situé à l’entrée de la ville sur un promontoire qui domine la mer, est un lieu chargé d’histoire car les stèles funéraires, qui montrent une continuité historique rare sur plus d’un siècle, sont recouvertes d’inscriptions en hébreu, en judéo-arabe, en français et en italien.
Au cours de mon travail de recherche sur « La communauté juive de Sousse de 1857 à 1957 », à laquelle je suis attachée par mes origines, j’y ai découvert de grandes richesses mais aussi un état de délabrement déjà très préoccupant en 2010.

Quels sont les faits qui ont entraîné une flambée médiatique sur le Net ?

Le 24 janvier 2013 un jeune juif, David, a été inhumé au cimetière de Sousse. Quelques juifs présents, sensibilisés par la profanation d’une tombe de femme en janvier 2013, ont publié le même jour, sur les réseaux sociaux, un article et des photos de tombes saccagées, provoquant ainsi une très vive émotion en Tunisie, en France et ailleurs. Était-ce une profanation liée à la situation actuelle de la Tunisie ou un problème récurrent ?

L’association Hadrumète, (nom phénicien de Sousse), qui réunit des juifs français originaires de Sousse, s’est immédiatement mise en relation avec les responsables de la parution afin de faire émerger la vérité sur le problème.

Dès 2007, des dégradations systématiques avaient été constatées sur le site du cimetière. Une délégation dirigée par la Présidente, Madame Viviane Adida, avait alors rencontré le Gouverneur, Ragoubi Taieb et le Maire de Sousse. 

Par la suite, nous avons, grâce à des dons collectés en France, engagé des travaux coûteux, avec l’autorisation des autorités tunisiennes : surélévation du mur d’enceinte à une hauteur de quatre mètres, renforcement du portail et des serrures et surveillance accrue par des rondes policières.

Il semble que ce soit le même processus qui se prolonge dans les actes de vandalisme constatés en janvier 2013, même si les photos de tombes saccagées publiées sur le site le 24 janvier 2013 sont antérieures à cette date.

Des voyous continuent de s’introduire dans le cimetière, en cassant le mur d’enceinte. Ils profanent des tombes et s’emparent du marbre des stèles pour le revendre, actes offensants. Nous excluons donc actuellement, toute connotation politique à ces dégradations, en accord avec la communauté juive de Sousse qui en est révoltée et aimerait que l’on mette fin à ces violations.


Depuis la propagation des images sur Internet, différentes démarches locales ont été entreprises. En voici les éléments communiqués par un avocat juif de Sousse qui nous écrit :

« Je viens par moi-même ce matin de clôturer une rencontre fructueuse avec le Gouverneur, en l’occurrence, Monsieur Mokhlese Jemal, a qui j’ai signalé plusieurs profanations constatées sur l’enceinte du cimetière et notre volonté de mettre fin à ces atteintes. 

Monsieur le Gouverneur a pris note de tous les points qui ont été soulevés en me promettant une action rapide notamment en ce qui concerne la réparation de la clôture, la restauration des tombes, l’entretien général du cimetière, et le renforcement des patrouilles. 

Nous avons aussi contacté par téléphone Maître Mounir Tounsi qui est en même temps membre du Conseil de la Municipalité de Sousse et qui m’a promis que le sujet du cimetière serait traité en priorité lors de la prochaine réunion, (notamment la question de désigner un gardien).

Le président du Barreau de la section régionale de Sousse, Maître Rached Barkache, interviendra aussi pour plaider cette question auprès du Gouvernement et du Conseil constitutionnel lors de son prochain rendez-vous avec le Chef de l’État, le Chef du Gouvernement et le Président du Conseil constitutionnel.

Le Grand Rabbin de Tunisie, Monsieur Haim Bittan, et le Chef du comité, Monsieur Khlifa Attoun, sont désormais informés. »

Nous espérons que ces informations auront apporté des éléments objectifs permettant d’éclairer la situation actuelle du cimetière de Sousse.

Je me permets cependant d’insister sur l’urgente nécessité d’une enquête pour découvrir et arrêter les coupables et sur la mise en place par le Gouverneur de Sousse de mesures de sécurité plus efficaces pour lutter contre ces actes de délinquance sur des morts.

Le cimetière de Sousse doit être protégé car il est le témoin d’une histoire au cours de laquelle Musulmans, Juifs et Chrétiens ont su vivre ensemble pendant des siècles.

Claire Rubinstein-Cohen
Docteur en Histoire

Auteure d’une thèse parue en 2011 et intitulée « Portrait de la Communauté juive de Sousse, 1857-1957 »

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Le cimetière juif de Sousse (Tunisie) a été profané ce jeudi 24 janvier 2013 par des vandales antisémites qui ont cassé des pierres tombales.

Plus de 68 tombes juives ont été retrouvées profanées, le jour de la fête de la naissance présumée de Mohammed.

Ces actes d’extrémistes musulmans renforcent la peur de la communauté juive tunisienne, écœurée par l’absence de réactions des autorités, qui regardent faire ou détournent le regard.

Après les manifestations de haine contre la communauté juive, les radicaux s’attaquent maintenant à leur morts et aux cimetières.

Les islamistes tunisiens cherchent par tous les moyens à chasser les quelques familles juives qui ne sont pas encore parties.

Les choses semblent évoluer négativement, alors que sous Ben Ali, la communauté vivait sereinement.
Sous le régime précédent, les islamistes radicaux étaient considérés, à juste titre, trop dangereux.

Aujourd’hui ils sont au pouvoir.

La peur monte graduellement dans la petite communauté juive tunisienne, l’une des dernières existant encore dans le monde arabe.

La Tunisie, dont le gouvernement a été renversé par un coup d’État en janvier 2011, est passée de « Suisse du Maghreb » à « État islamiste ».

Malgré cela, les juifs qui sont restés en Tunisie ne veulent pas quitter leur terre.

En 1946, la communauté juive de la ville de Sousse comptait 3.530 personnes.

En 2013 il ne reste que 33 personnes.


De toutes ses nombreuses synagogues, il n’en reste qu’une seule : la synagogue “Keter Torah”, fondée par le rabbin Youssef Guez Zal (1860-1934), natif de la ville, grand rabbin de Sousse (1906-1928) et qui devint, sous le protectorat français, le premier grand rabbin autochtone de la Tunisie (1928-1934).

Cette Synagogue a été déjà souillée en mars 2011 d’inscriptions antisémites à la gloire de la « religion de paix » de Mohammed.

En novembre dernier, un réseau qui préparait des actions terroristes anti-juives – kidnapper des Juifs de la « Hara » de Zarzis, a été découvert et démantelé avant qu’il puisse se mettre en action.

Un fonctionnaire musulman au service de la communauté juive planifiait les kidnappings pour obtenir une rançon des « riches Juifs ».

Le cerveau du groupe, un agent de la sécurité chargé de la protection des Juifs du sud tunisien, avait recruté des jeunes après avoir obtenu le financement par un groupe terroriste libyen.

Ce qui se passe en Tunisie depuis la venue d’Ennahdha est dramatique pour les Juifs. Le nombre de tentatives d’attaques augmente au point qu’on ne peut plus dire qu’il s’agit d’actes isolés.

« Nous nous sentons dorénavant très inquiets », expliquait Perez Trabelsi, le président de la communauté juive du pays interviewé par Magharebia.

« Le gouvernement tunisien doit nous accorder davantage de protection afin de nous épargner ces menaces répétées qui planent sur nos têtes.
Toutefois, il s’agit de notre pays et nous ne le quitterons pas ; nous avons le droit d’y vivre comme tous les Tunisiens », a-t-il ajouté.

Dans une lettre ouverte, Gilles Jacob Lellouche, un Tunisien de confession juive qui s’était présenté sur une liste aux élections du 23 octobre 2011, avait exhorté les autorités à réagir avant qu’il ne soit trop tard.

De son côté, l’Association tunisienne de soutien des minorités, créée après la révolte, a déposé plainte l’année dernière pour des incidents antisémites commis en janvier 2012 lors de la visite en Tunisie du chef du gouvernement terroriste du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et en février 2012 lors d’une tournée d’un prédicateur radical égyptien.

Devant le silence accablant du gouvernement tunisien, des associations et des avocats juifs en Europe ont porté plainte contre Hannibal TV qui a diffusé, vendredi 30 Novembre dernier, un prêche violemment antijuif du Sheikh Ahmad Al-Suhayli.

L’imam de la mosquée de Radés n’a pas caché sa haine contre les Juifs en disant « Ô Allah, comme vous avez détruit le peuple d’Aad et les Tamud, détruisez cette horde de Juifs…

Que leurs femmes soient stériles ». Le religieux tunisien a qualifié les Juifs de « tueurs de prophètes et grands singes » et a prié qu’Allah les anéantisse.

L’antisémitisme est utilisé par certains milieux radicaux comme levier pour diaboliser d’Israël (en Europe, les radicaux de gauche utilisent l’antisionisme comme levier pour développer l’antisémitisme).

Il est temps de dire tout haut que le gouvernement islamiste tunisien refuse de confronter les radicaux salafistes, et qu’il refuser d’assumer ses responsabilités.
De fait les Juifs tunisiens ne doivent se faire aucune illusion sur leur sort.

Les Juifs de Sousse en particulier, qui se sont réveillés jeudi en découvrant la profanation de leur cimetière, portent encore l’amer souvenir des conditions de vie humiliantes en terre d’islam, marqué par la soumission et la précarité.

La communauté juive de Sousse, 1500 personnes en 1857, était soumise au statut de la Dhimma.
Des membres de la communauté ont été contraints de porter l’étoile jaune de novembre 1942 à avril 1943.



Des sépultures juives, des stèles renversées et brisées, des pierres tombales et des dalles endommagées.




Les dégradations sont importantes.


http://www.jforum.fr/forum/communaute/article/une-mise-au-point-sur-le-cimetiere

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