Si les pronostics sont exacts, la République tchèque pourrait bien devenir le premier pays, autre qu'Israël et la Suisse, à élire un président juif.
Jan Fischer, 62 ans, ancien Premier ministre en 2010, est au coude à coude dans les sondages avec Milos Zeman, social-démocrate et chef du gouvernement de 1998 à 2002.
Le premier tour des élections présidentielles aura lieu vendredi et samedi.
Et s'il ne gâche pas ses chances, après une piètre performance lors du débat télévisé de la semaine dernière, Jan Fisher a tout pour se retrouver au second tour.
"C'est un peu notre Joe Lieberman", a déclaré Tomas Kraus, président de la Fédération tchèque des communautés juives.
Espérons pour lui qu'il ne connaître pas le même sort ! Joe Lieberman avait été le premier Juif américain à être embarqué sur le ticket présidentiel du parti démocrate, comme Vice Président d'Al Gore, si celui ci était élu pour succéder à Bill Clinton.
Mais Jan Fisher, lui, concourt tout seul et pour lui-même.
Ce qui n'était peut-être pas le sort que lui réservait une carrière de mathématicien et de super technocrate dans la haute-administration tchèque après avoir été membre du Parti communiste pendant neuf ans "pour conserver mon emploi et je n'en suis pas fier", s'est-il excusé publiquement.
Avant le Parti communiste, il y a eu la synagogue et, à cet égard, l'éducation qu'a reçue Jan Fisher, est typique de ce pouvait être la vie juive en Europe centrale après la Seconde Guerre mondiale.
Son père, statisticien à Prague pendant la guerre, avait été contraint de compiler des données numériques sur les familles juives des nazis.
Et s'il a survécu à Auschwitz, il le doit à sa qualité de mathématicien dont Mengele a pensé qu'elle pourrait lui être utile.
Sa mère était catholique. Il a donc célébré aussi bien le Noël tchèque à l'église que Pourim, Roch Hachana ou Yom Kippour à la synagogue.
"À Pessa'h, se souvient-il, nous ne faisions pas de seder mais nous mangions de la matsa. Mon père est resté membre de la communauté juive jusqu'à la fin des années 1950.".
Après, bien sûr, c'était plus difficile.
Le régime communiste tchécoslovaque est devenu de plus en plus violemment anti-religieux.
Le retour vers le judaïsme s'est fait grâce à son fils, né en 1989, l'année même de la Révolution de velours qui a balayé le communisme dans le pays.
"C'est lui qui m'a ramené vers mes racines juives", raconte Jan Fischer pour qui l'expérience de la Shoah est une forme d'appartenance à la communauté juive.
Interrogé sur l'antisémitisme en République tchèque, le candidat Fisher a coutume de répondre que "ce n'est pas l'un des nombreux problèmes de ce pays".
Pourtant lorsqu'il est devenu Premier ministre, des blogs et des commentaires désobligeants ont souligné négativement ses origines juives, insinuant qu'il faisait partie d'une confrérie secrète.
De même son traitement énergique des groupes extrémistes qui terrorisaient les Roms, a valu à son fils d'être placé sous protection policière.
En Tchéquie, les pouvoirs du président sont essentiellement honorifiques, comme en Israël, et son influence en politique étrangère sera quasi-nulle.
Mais il n'a jamais caché sa fierté "des relations très amicales" que la République tchèque entretient avec Israël.
Lui comme son rival, Milos Zeman, sont d'accord sur ce point même si lui n'appelle pas publiquement à une frappe préventive contre l'Iran.
En revanche, il est très critique des déclarations et condamnations répétées de l'Union européenne en ce qui concerne Israël.
Ses adversaires dénoncent son manque de charisme et sa grande réserve qui trancheraient après des personnalités aussi fortes que le grand humaniste Vaclav Havel et l'eurosceptique Vaclav Klaus.
Le rabbin Manes Barash, qui dirige une synagogue 'Habad à Prague où Fischer prie parfois, en plaisante : "Beaucoup de ceux qui ont du charisme se révèlent parfois être des escrocs, alors on ne va pas se plaindre !".
Ses adversaires dénoncent son manque de charisme et sa grande réserve qui trancheraient après des personnalités aussi fortes que le grand humaniste Vaclav Havel et l'eurosceptique Vaclav Klaus.
Le rabbin Manes Barash, qui dirige une synagogue 'Habad à Prague où Fischer prie parfois, en plaisante : "Beaucoup de ceux qui ont du charisme se révèlent parfois être des escrocs, alors on ne va pas se plaindre !".
Plus sérieusement, le rabbin Barash ne voit dans la candidature de Fischer et sa possible victoire que des perspectives positives pour le pays, l'un des plus athées dans le monde, selon les sondages.
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