jeudi 17 janvier 2013

MA FRANCE: HAKARAT HATOV!




MA FRANCE: HAKARAT HATOV!

Ce doit être l'âge, mais je deviens irascible ces derniers temps. Car voyez-vous je relève ci et là des mots, des phrasesà l'encontre de la France venant de certains juifs qui commencent à m'exaspérer. Des paroles indignes de notre tradition millénaire,indigne de l'éthique d'un simple homme, indigne de toute personne qui a souffert et qu'on a abrité.

La Thora nous enseigne une chose magnifique. Lors de la sortie d'Egypte, la population a poursuivi les esclaves juifsjusqu'à la mer, afin de les ramener au pays. Ces poursuivants et leurs chevaux ont été engloutis par les eaux. Et les juifs ont alors chanté pour célébrer cette victoire. Dieu est intervenu en leur disant: "quoi , vous chantez au moment où mes créatures sont en train de périr?". 

De façon générale, notre tradition nous enseigne l'importance de la "reconnaissance" à l'égard de tous ceux qui nous ont fait du bien.


Celui qui t'a respecté, souviens toi de lui. Celui qui t'a aidé aussi. Celui qui t'a enseigné plus encore. Et tout cela montre que notre mémoire doit graver à jamais les bienfaits dont nous avons profité et ceux qui y ont participé.

L'ingratitude n'est pas un sentiment juif!


Pour moi, et tant d'autres, l'histoire est simple. Bien sûr, la France a eu comme d'autres pays  
ses moments d'errements, ses périodes d'horreur même. Mais souvenons nous de toutes les choses belles, glorieuses dont nous avons profité. 


Je hais plus que tout , et que tous, ces collaborateurs; mais nous savons, chiffres à l'appui, qu' il y a euune France héroïque, une France qui a permis de garder en vie l'une des plus importantes proportions de juifs de toute l'Europe.


Car chaque famille juive encore vivante , c'est forcément des français qui un jour ou l'autre les ont cachés, nourris, conduits.
 

Ma vie nécessite un long chapelet de reconnaissances. En remontant bien loin, lorsque deux petits tunisiens
-mon grand oncle , dont je porte fièrement le nom, et mon grand-père- ont eu les honneurs d'être pour l'un chevalier de la légion d'honneur(vers 1920), pour l'autre membre du conseil économique et social. 


Nous avons aussi reçu comme héritage en prime cette langue si fleurie et subtile.


La mienne. Celle avec laquelle je sais dire mon amour ou ma peine; celle qui me permet d'hurler ou, au contraire,de sussurer tendrement des comptines à mes petits-enfants. Pour avoir la chance de me débrouiller dans certaines autres langues, je remercie de ciel de m'avoir tant privilégié en m'offrant
ce trésor.

 
Puis vint le temps des études. Et, une fois encore, moi le petit tunisien j'ai vécu avec de nouvelles gens. Ils avaient une particule bien souvent.


Ils étaient brillants toujours. Et ils étaient tant avec moi dans les combats politiques les plus durs, face à la résurgence des horreurs autour de nous.


Ces gens de la belle France étaient mes amis. Nous avons habité ensemble, jusqu'en Amérique. En tant que juif, jamais une remarque ou un mot déplacé.


Ces gens, aujourd'hui, sont à la tête du pays et n'ont jamais levé leur nez pour justifier leur supériorité. L'un , Gilles P . fut patron de Disneyland, puis du Groupe Accor. L'autre, François M, est l'actuel président d'Unilever. Le troisième, Serge V,est président de Price Waterhouse C . Encore un autre, incroyable,Guillaume D. est administrateur du groupe Taittinger, président de la banque du Louvre(qui a depuis changé son nom).Lui, je l'avais connu quelques années auparavant, lorsqu'il participait avec les juifs aux batailles rangées face aux gens du GUD. 


Encore un est simplement président du directoire de PSA. Sans parler de mon pauvre copain de l'époque, Edouard Stern, génie de la finance,patron notamment de la banque du même nom, assassiné prétendument par sa maitresse.Tous ces amis m'ont intégré dans ce monde très fermé de l'aristocratie française, sans s'émouvoir de mes origines. Je m'interroge sur une situation équivalente dans la bourgeoisie de Boston...


Je ne parierai pas sur mon immersion sans heurts.


Puis, j'ai travaillé, essentiellement dans une direction, intéressante et assez noble. Là encore, je ne peut que remercier mes collaborateurs,qui se sont pliés à toutes mes règles étranges; qui ont accepter de les comprendre, et de les respecter . Mes deux plus proches non juives Lydia,pouvait en apprendre à mes clients juifs. Brigitte sans aucun doute également tant sa curiosité intellectuelle la faisait progresser.


Mes clients eux aussi n'ont jamais raté une occasion de me dire leur respect à mes exigences infernales. Certains allant très très loin.


Ainsi, ce repas où j'avais d'abord refusé de me rendre, où in fine on m'a fait livrer pour mon épouse et moi un plateau casher bien sûr; mais où, comble de délicatesse, devant près de 200 personnes du gratin de la finance, on m'a demandé de venir à l'arrièrede la salle à manger pour ouvrir moi-même la bouteille de vin. L'organisateur de cela, Bernard Maître, est longtemps resté un bonami, jusqu'à ce que nos vies professionnelles et personnelles ne s'éloignent. Lui étant resté l'un des grands gourous français du capital risque.


Une autre fois, on m'a convié à la reception annuelle d'un fonds majeur, Galileo Venture. Pour me faire plaisir, les associés-fondateursont eu l'élégance d'organiser l'ensemble du cocktail de près de 500 personnes "sous le contrôle du Beth Din de Paris".


Les pauvres invités ont dû se satisfaire de surimi au lieu de ces excellentes gambas fraîches que l'ont sert ailleurs!

C'est ça aussi la France.


Puis, mon chemin a croisé encore une fois des gens exemplaires, à la fois intellectuellement, techniquement, mais surtout moralement.


Dans un cabinet d'audit qui aurait pu ressembler à la caricature antisémite de l'establishment financier français, ce fut tout le contraire.


Ces nouveaux associés s'appellaient Deloitte, du nom du deuxième groupe mondial d'audit. Et là, comme d'habitude, le respect, l'amitié.


Comme toujours, les réunions dans des palaces, avec un menu spécial José Boublil, casher trois étoiles. Tout, depuis les couverts jusqu'à la déclinaisondes couleurs de vins(heureusement, je consomme peu). En faisant cela, certes ils honorent ce que nous sommes, mais ils respectent des codes millénaires
de la fraternité humaine. Ces codes qui les placent très haut parmi les hommes. 


La plupart des artisans de cet accueil sont encore très jeune,et en activité: ils se nomment Alain Pons, Amadou Raimi, Philippe Vassor ou encore Jean-Paul Picard.


Voilà ce qu'est l'exemplarité de certains français. Et je vous passe l'éthique en matière de relations financières.
A ces petits modèles d'une France à mon échelle, il faudra tout de même rajouter tous les bienfaits que ce pays m'a apporté.


Rappeler que nous ne payions pas l'école. Pas grand'chose pour mes études , au regard de ce que nous coûtions.


Nous nous sommes fait soigner gracieusement toutes ces années. Et ils nous ont même payé pour avoir fait des enfants.


Sur ces derniers points, la France est, sans l'ombre d'un doute, le pays au monde où le système social et le système scolairesont les plus beaux. 


Il s'agir de modèle de justice que je rêve de voir appliquer en Israel, dès que la pays en aura les moyens.


Ainsi, comprenez-vous, lorsque dès votre arrivée vous comprenez ce qu'est ce pays, dont j'ai à peine survolé les vertus,vous nous imaginerez mon père et moi lors des jeux olympiques de Mexico, debout pendant la Marseillaise pour Colette Besson,les larmes coulant sur nos joues. Ce fut la première fois, et il y en eut des tas d'autres.


On ne contrôle pas cela, il s'agit d'une chose simpe: la gratitude. Les rabbins appellent cela "hakarat hatov".


Voilà! Je suis heureux d'être "monté en Israel", car je n'ai pas "quitté la France".Cette montée est le droit de tout juif d'aspirer à une vie dont le spiriituel prend une place plus large. En aucun cas il est acceptable de mettre les deux vies en opposition.


Nos valeurs se complètent, et je rêve qu'enfin nos deux pays se retrouvent en écartant tous ces calculs inappropriés.


Hakarat Hatov pour la France!
 


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