בס''ד
Un relais appelé ‘’dé zahav’’
Le livre de Devarim s’ouvre par une énumération des lieux de campement des enfants d’Israël sortis d’Egypte dans leur traversée du désert. L’évocation de ces lieux rappelle de par leur dénomination les remontrances qui leur sont adressées à la suite de leurs méfaits auxquels il est fait allusion pour leur épargner un déshonneur.
Parmi les relais, apparaît le nom de ‘’dé zahav’’ qui évoque selon nos Sages, la faute du veau d’or, rendue possible par la surabondance de ce matériau précieux en leur possession, comme mentionné par le prophète Osheya : ‘’je leur ai donné beaucoup d’argent et de l’or et ils en ont fait un baal’’ (Os. II – 10).
Le Talmud souligne cet enseignement dans la yeshiva de Rabbi Yanaï qui prête cette plaidoirie à Moché Rabbenou :
‘’S’adressant à l’Eternel, Moché Rabbenou dit : ‘’maître du monde, c’est l’argent et l’or que tu as déversé sur Israël jusqu’à ce qu’il dise assez, qui les a amenés à confectionner le veau d’or’’ .
Le nom ‘’dé zahav’’ signifie d’ailleurs: ‘’suffisamment d’or’’ . Ainsi, si les enfants d’Israël n’avaient pas été en possession de cette grande richesse sollicitée des Egyptiens lors de la sortie d’Egypte, et amassée sur la rive après la traversée de la mer des Joncs, ils n’auraient pas eu de quoi confectionner le veau d’or.’’
C’est en ces termes que Moïse intercède en faveur des enfants d’Israël pour réclamer la miséricorde divine à leur égard.
Par ailleurs, au nom de Rabbi Hya bar Abba au nom de Rabbi Yohanane, le Talmud abonde dans le sens de la plaidoirie de Moché Rabbenou et illustre cela par l’image d’un homme qui entoure son fils de tous les soins, lui donne un bain, le frictionne avec de l’huile parfumée, le
nourrit à satiété, l’abreuve à volonté. Puis lui met une bourse pleine d’or au cou et le place à l’entrée d’une maison de plaisirs. Peut-on s’étonner que ce fils succombe à la tentation ?
Ainsi en est- il des enfants d’Israël affranchis de l’esclavage, enrichis de beaux vêtements , de biens et d’or.
Le Rabbin Soloweitchik s’étonne de cette illustration et trouve que cette analogie n’est pas heureuse à priori, parce qu’elle est une chimère. Quel est le père qui agirait ainsi à l’égard de son fils et l’exposerait de la sorte à la perdition ?
Et le Rabbin Soloweitchik explique que l’Egypte est l’exemple des épreuves que connaîtra le peuple juif à travers ses exils. A l’instar de l’Egypte, grande puissance dominante dans le monde de la culture et des arts de l’époque, avec laquelle sont aux prises les enfants d’Israël, seront confrontés de même aux empires de Babel, des Mèdes et des Perses, de la Grèce et de Rome. Et si le dessein de D… est de mettre le peuple juif en présence de ces grandes civilisations et qu’il soit soumis à leur influence culturelle, technologique et scientifique, c’est pour que nous apprenions à distinguer dans notre vécu et dans notre chair les enseignements du mode de vie préconisé par la Thora donnée du ciel, de celui des nations fondé sur le droit et les lois institués par l’homme.
C’est dans ce sens que nous devons comprendre cet épisode rapporté dans la Thora :
‘’Moché ayant grandi , sort auprès de ses frères et vit leur charge. Il aperçoit un homme égyptien frapper un Hébreu d’entre ses frères’’ ; et le texte précise ‘’Moché se tourna de ci et de là, vit qu’il n’y avait personne (ich) , frappa à mort l’Egyptien et l’enterra dans le sable.’’
Le texte souligne le qualificatif de ‘’ich mitzri’’ – un homme égyptien - qui frappe un ‘’ich yivri’’- un homme hébreu . L’accent mis sur le mot ‘’ich’’ dénote la qualité noble et humaine de la personne. Mais suite à la conduite de cet homme égyptien, Moïse réalise que celui-ci ne mérite pas le titre de ‘’ich’’ . aussi cet homme brute et cruel vis-à-vis de son prochain, mérite d’être enseveli sous le sable. Et c’est pour mettre cela en exergue que le texte précise que Moché se tourne de ci et de là et vit qu’il n’y avait pas de ‘’ich’’ dans le sens du terme ‘’l’homme dans sa grandeur épris de justice et d’équité’’.
Un enseignement analogue nous est dispensé par le Malbim (Rabbi Meïr Layvouch ben Yehehiel Mikhaël Weizer – 1809 – 1879). Il fait référence à la réplique du patriarche Avraham au Roi Avimelekh, signifiant que s’il suspecte la cour royale de vouloir attenter à sa vie pour lui prendre son épouse, c’est parce qu’il ne règne pas dans cette contrée la déférence envers le juge suprême.
En d’autres termes, dit le Malbim, même si en apparence une personne ou un peuple appartient à une civilisation dotée de grands hommes de science et de culture, de bonnes mœurs , épris de lois et de civilités et prônant une société fondée sur la justice et l’équité, on ne peut néanmoins être assuré de leur part d’une conduite morale lorsqu’ils sont soumis à l’épreuve , telle que la cupidité et la sensualité débordante.
Il est à craindre en effet, qu’à l’abri du regard , la personne soit emportée par ses impulsions et se laisse aller à faire le mal pour assouvir ses désirs. Seule une conscience profonde animée de l’intérieur par la déférence envers le créateur, peut amener à une adhésion entière et totale à l’éthique et à la morale émanant du créateur. C’est dans cet esprit que nous proclamons : ‘’Tu nous as choisis parmi tous les peuples, Tu nous as aimés et agréés, et Tu nous as élevés au-dessus de tous les idiomes, Tu nous as sanctifiés par tes commandements’’.
Le Grand Rabbin Chalom Benizri
La Haftara est Isaïe 66
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