Lors de l'assaut final donné samedi par les forces spéciales algériennes, sept otages étrangers auraient été tués ainsi que onze islamistes. | AFP/FAROUK BATICHE
Au lendemain de l'intervention de l'armée algérienne qui a mis fin, samedi 19 janvier, à quatre jours d'une prise d'otage spectaculaire par un groupe islamiste lié à Al-Qaida sur le complexe gazier d'In Amenas, dans le sud-est de l'Algérie, le sort de plusieurs otages restait incertain, dimanche matin.
Les corps de 25 otages ont été découverts dimanche par les forces spéciales algériennes qui sécurisaient le site gazier du Sahara, a rapporté la télévision privée algérienne Ennahar qui cite une source sécuritaire. Selon Ennahar, ces corps sont sans doute ceux des otages exécutés par les djihadistes. L'opération de"nettoyage" du site prendra 48 heures, a ajouté la chaîne.
La veille au soir, un premier bilan officiel du ministère de l'intérieur algérien que"685 employés algériens et 107 étrangers", avaient été libérés par les forces algériennes, mais que 23 otages étaient morts depuis mercredi, ainsi que 32 ravisseurs. Dimanche, le ministre algérien de la communication Mohamed Said a indiqué qu'un nouveau bilan serait annoncé dans la journée. "Je crains fort, hélas, que ce bilan ne soit revu à la hausse", a averti le ministre sur la radio publique Chaîne 3.
Le communiqué du ministère de l'intérieur algérien sur le site Tout sur L'Algérie....
Selon le premier bilan officiel, deux personnes, un Britannique et un Algérien, ont été tuées dans l'attaque du groupe islamiste débutée mercredi à l'aube près d'In Amenas, à 1 300 km au sud-est d'Alger. Au cours de la prise d'otages qui a suivi, 21 captifs ont péri, et 32 ravisseurs ont été tués par l'armée algérienne qui a mené un assaut contre le complexe.
NEUF JAPONAIS EXÉCUTÉS
Plusieurs heures après la fin de l'ultime assaut, lancé samedi, plusieurs pays ont en effet indiqué que des ressortissants employés dans ce complexe étaient toujours portés disparus. "Nous avons eu confirmation que 41 de nos employés étaient sains et saufs mais le sort des dix Japonais restants et de sept autres étrangers reste à déterminer", a déclaré dimanche matin un porte-parole de la compagnie japonaise JGC Corp qui employait 78 personnes sur le site.
Deux témoins algériens ont déclaré dimanche à l'AFP avoir vu neuf Japonais être exécutés par les islamistes dès mercredi. Les deux témoins ont expliqué que les islamistes avaient d'abord tué trois Japonais qui s'étaient échappés du bus, chargé vers 4 heures GMT (5 heures heure française), d'emmener notamment des expatriés vers l'aéroport d'In Aména. "Nous avons tous eu peur quand nous avons entendu des tirs de rafales mercredi à 05h30 (04h30 GMT). Après, nous avons réalisé qu'il venaient de tuer trois de nos collègues japonais qui voulaient s'enfuir du bus", a expliqué un témoin, Riad, qui travaille pour le Japonais JGC.
Les six autres Japonais ont été tués dans la base-vie, selon les deux Algériens. Riad a raconté que les assaillants étaient "arrivés sur le site avec des arraches-clous et se sont dirigés vers les chambres des Japonais". "Ils étaient au courant de toutes nos procédures", a-t-il affirmé. "Un terroriste a crié 'open the door' ("ouvrez la porte") avec un accent nord-américain, puis a tiré. Deux autres Japonais sont morts et nous avons trouvé quatre autres cadavres de Japonais à l'intérieur de la base-vie", a-t-il dit, très ému.
LE SORT DE CERTAINS OTAGES INCERTAIN
La Norvège est pour sa part sans nouvelles de cinq de ses ressortissants, la Malaisie de deux. Et la Grande-Bretagne indique désormais que trois autres de ses ressortissants sont "sûrement" morts, outre les trois Britanniques et le résident au Royaume-Uni qu'on savait déjà avoir été tués. Alors que le département d'Etat américain a indiqué vendredi soir la mort d'un de ses citoyens, la chaîne de télévision NBC News a assuré que deux Américains s'étaient échappés et que le sort de deux autres demeurait inconnu.
Parmi les otages confirmés morts jusqu'à vendredi figurent notamment des ressortissants des Etats-Unis, de Roumanie, de Grande-Bretagne et d'Algérie. Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères a annoncé vendredi soir la mort d'un otage français originaire du Pays-Basque, mais indiqué que trois Français avaient la vie sauve.
Lire le récit des otages : Prise d'otages en Algérie : le puzzle des témoignages
L'USINE AVAIT ÉTÉ MINÉE
C'est samedi à la mi-journée que les forces spéciales algériennes ont donné l'assaut final contre les ravisseurs, lesquels avaient indiqué être retranchés avec sept otages étrangers sur le site de l'usine de Tiguentourine. L'armée aurait été forcée à intervenir après qu'un feu s'est déclaré dans l'usine. Citant une source sécuritaire algérienne, l'agence de presse algérienne APS a indiqué que onze militants islamistes avaient été tués dans l'assaut, après avoir exécutés leurs sept otages étrangers.
Un communiqué du ministère de l'intérieur algérien indique que de l'armement a été retrouvé sur place : "6 fusils-mitrailleurs (FMPK), 21 fusils PMAK, deux fusils à lunettes, 2 mortiers 60mm avec roquettes, 6 missiles de type C5 60 mm avec rampes de lancement, 2 RPG7 avec 8 roquettes, 10 grenades disposées en ceintures explosives". L'opération aurait aussi permis la récupération de "tenues militaires étrangères et d'un stock de munitions et d'explosifs". Une opération de déminage du site gazier était en cours. "L'usine a été minée dans le but de la faireexploser", a indiqué la compagnie Sonatrach dans un communiqué.
UN COMMANDO INFILTRÉ DEPUIS LE NIGER
"Le groupe terroriste, qui a accédé au territoire national à partir de pays limitrophes, à bord de plusieurs véhicules tout terrain, était constitué de 32 criminels, dont trois Algériens, avec des spécialistes en explosifs", a indiqué le ministère de l'intérieur, ajoutant que "les autres criminels sont de différentes nationalités".
Abdoul Rahman, dit "le Nigérien", aurait été à la tête du commando d'une quarantaine de djihadistes qui a perpétré la prise d'otages sur le site de In Amenas, dans le sud-est algérien. | AFP/ANI
Depuis le lancement de l'opération militaire, quatre importants chefs djihadistes participant au commando ont été tués, indique le quotidien algérien El Watan. Il s'agit de Abdelrahmane, dit "le Nigérien", du chef "des fils du Sahara pour la justiceislamique ", Lamine Moucheneb, alias Taher, de l' Algérien Abou Al-Baraa et du mauritanien Abdallahi Ould Hmeida. D'après les sources djihadistes citées par ANI, le commando était dirigé par Abdelrahmane, dit "le Nigérien" et est composé d'une quarantaine de personnes originaires d'Algérie, d'Egypte, du Niger, duTchad, de la Mauritanie, du Mali et du Canada qui se seraient infiltrés en Algérie depuis le Niger.
Citant des sources au sein du groupe des "signataires du sang" de Mokhtar Belmokhtar, commanditaire de la prise d'otages, l'agence ANI a affirmé que ce dernier avait proposé "à la France et à l'Algérie de négocier pour l'arrêt de la guerre livrée par la France" dans le nord du Mali. Mokhtar Belmokhtar, un djihadiste algérien, voulait en outre "échanger les otages américains détenus par son groupe" contre un Egyptien, Omar Abdel-Rahman, et une Pakistanaise, Aafia Siddiqui, emprisonnés aux Etats-Unis à la suite d'accusations liées au terrorisme."Les Etats-Unis ne négocient pas avec les terroristes", lui a rétorqué le département d'Etat américain.
Le ministre de la défense français, questionné sur la présence éventuelle d'un djihadiste français parmi les preneurs d'otage, a par ailleurs indiqué qu'il ne pouvait"pas assurer que ce djihadiste français, qui s'appellerait Le Guen, soit présent sur le site". "On le saura assez vite", a-t-il ajouté, en précisant que ce djihadiste "n'a pas quitté la France hier: il était au Mali depuis plusieurs semaines".
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