mardi 27 décembre 2011

Monde juif - Inde : Malabar, malgré tout...




par Laurent Cohen et Gérard Fredj
Il y a plusieurs centaines d'années, deux groupes de juifs migrèrent vers l'Inde et s'installèrent sur la cote de Malabar.


Moins de quarante personnes constituent aujourd'hui les descendants de ces groupes, les autres étant soient décédés soit "montés" en Israël.
Les touristes ne peuvent éviter la boutique luxuriante d'Elias Josephai – plus connu sous son surnom, Babu – qui surplombe le marché d'Ernakulam

Mais personne ne sait que la lourde porte en bois à l'arrière de sa boutique ouvre sur un autre "sanctuaire" la synagogue "Kadavumbhagum".

Babu est l'un de ces 30 survivants de la communauté juive Malabari. 
En 1948, les 2500 juifs qui constituaient alors la communauté sont tous partis en Israël, à l'exception d'une centaine de personnes qui sont restées sur place.

La synagogue date du 16è ou 17è siècle; elle a été fermée en 1972 faute d'une communauté suffisamment importante pour qu'elle continue à fonctionner, mais n'a rien perdu de sa magnificence : un nuage de lampes en verre à l'entrée, dix larges fenêtres symbolisant les 10 commandements, des peintures de lotus, une arche faite de bois et d'or –mais le sefer est maintenant lui aussi en Israël.

Pendant des siècles, la minorité juive a vécu en bonne entente avec ses compatriotes hindous, musulmans ou chrétiens. Le seul conflit notable a été...entre juifs, avec l'arrivée au 16è siècle de juifs européens et du Moyen orient, qui sont devenus les "Paradesis" (étrangers).

Une lutte de pouvoir s'en est ensuivie entre ces juifs à la peau claire, et ceux plus "sombres" déjà installés, pour le leadership de la communauté. Ces Paradesis sont aujourd'hui moins de dix, et ont le privilège d'être la plus petite communauté juive du monde.

Selon Shalva Weil, professeur d'anthropologie à l'Université hébraïque de Jérusalem - qui fait autorité sur l'histoire des communautés juives de l'Inde - , même en rassemblant les deux communautés, "il n'y a pas dix hommes, ce qui signifie vraiment la fin de cette communauté au sens juif du terme".

Babu espère que sa fille de vingt ans rejoindra son ainée en Israël, mais elle exprime des réticences à laisser derrière elle sa culture et ses amis, tout en affirmant qu'en Israël, "elle s'est sentie fière d'être juive, et a pleuré en touchant les pierres du Kotel".

Ce qui lui manquera aussi, c'est cette habitude de voir juifs, musulmans et hindous vivre et marcher en bonne intelligence dans les mêmes rues.
Pour Babu, l'Inde est "une terre sainte car elle respecte toutes les religions, mais il n'y a plus d'avenir pour les juifs ici".

Cette semaine, pour la première fois depuis 1972, les juifs ouvriront les portes de la synagogue Kadavumbhagam d' Ernakulam et allumeront une Hanoukia

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