L'envoyé pour le Moyen-Orient des Nations unies a déclaré qu'à moins que les deux parties n’œuvrent en faveur d'un vrai changement, "une autre explosion est presque une certitude"
Nations unies — L’envoyé pour la paix au Moyen-Orient de l’ONU a estimé mardi qu’Israël et le Hamas se trouvaient à « quelques minutes seulement » d’une nouvelle « confrontation dévastatrice » à Gaza samedi – un affrontement empêché après que les efforts diplomatiques livrés par l’ONU et l’Egypte ont permis aux deux parties de « reculer d’un pas du bord du gouffre ».
Nickolay Mladenov a averti qu’ « à moins que nous commencions au plus tôt le travail crucial exigé pour changer la dynamique actuelle qui ne cesse de se détériorer, une autre explosion est presque une certitude ».
Il a expliqué au conseil de sécurité qu’il revenait tout juste de Gaza et que « la situation s’apaise même si des tensions persistent », et il a averti que ce face-à-face « périlleux » entre les deux adversaires pourrait entraîner la quatrième guerre en une décennie entre l’Etat juif et le Hamas.
« Seuls des efforts répétés et collectifs de tous les côtés ont permis d’empêcher une autre escalade catastrophique au cours des dernières semaines », a dit Mladenov.
Les dernières flambées de violence ont suivi des mois de manifestations organisées par les dirigeants de Gaza, les chefs du Hamas. Plus de 130 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis le début du mouvement de protestation, le 30 mars – un grand nombre appartenant à des groupes terroristes.
Israël a indiqué que ses soldats défendaient la frontière et l’Etat juif a accusé le Hamas de tenter de mener des attentats terroristes sous couvert des manifestations.
Selon le Hamas, le mouvement de protestation de la « marche du retour » est la demande au « droit au retour » pour les descendants des réfugiés palestiniens dans leurs maisons ancestrales sur la terre qui est aujourd’hui devenue Israël – une action qui signerait la fin d’Israël en tant qu’état à majorité juive.
Ils ont également estimé que les rassemblements avaient pour objectif de briser le blocus israélien et égyptien de Gaza, qui a entraîné de grandes difficultés économiques sur le territoire. L’Etat juif et l’Egypte maintiennent ce blocus sur l’enclave côtière pour empêcher le Hamas de faire entrer des armes et des matériaux de construction qui pourraient servir à l’édification de fortifications ou de tunnels d’attaque.
L’ambassadeur israélien à l’ONU, Danny Danon, a indiqué mardi que les cerfs-volants incendiaires envoyés de l’autre côté de la frontière ont détruit près de 3 000 hectares – « c’est la moitié de la taille de Manhattan ».
Il a ajouté qu’il était temps que le conseil de Sécurité considère le Hamas comme une organisation terroriste au même titre qu’al-Qaida et le groupe de l’Etat islamique, disant qu’il « retient en otage la population entière de Gaza » et que son but est la destruction d’Israël.
Danon a une fois encore vivement recommandé au Hamas de libérer deux civils israéliens et de rendre les dépouilles de deux soldats. « On ne peut pas demander une assistance humanitaire pour Gaza, ce que nous soutenons, tout en refusant le droit humanitaire de base que représente le rapatriement de nos captifs et de nos morts », a-t-il affirmé.
L’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour a déclaré pour sa part que « la situation humanitaire dure a placé une pression explosive sur les infrastructures et causé la perte des moyens de subsistance dans la population entière de Gaza ».
Il a accusé Israël de persister « dans ses meurtres volontaires de civils palestiniens et son mépris de la vie humaine », ajoutant qu’il était « impératif » qu’une protection internationale soit accordée à la population civile de Gaza.
Mansour a ajouté qu’il était impératif de mobiliser des fonds pour l’agence de l’ONU qui se consacre aux réfugiés palestiniens, connue sous le nom d’UNRWA, « au vu de son rôle vital à Gaza et aux alentours ».
L’UNRWA connaît une grave crise de financement suite à la décision prise par l’administration Trump d’enlever la somme de 300 millions de dollars sur le montant que les Etats-Unis devaient payer à l’agence cette année. Le pays réexamine également 200 millions de dollars d’aides versées aux Palestiniens actuellement.
L’ambassadrice américaine Nikki Haley n’a aucunement mentionné les coupes faites dans les fonds versés à l’UNRWA dans son discours, et elle a accusé les nations arabes et islamiques d’être généreuses en paroles de soutien aux Palestiniens tout en se montrant réticents à donner de l’argent.
Elle a indiqué que l’Iran, l’Algérie et la Tunisie n’avaient rien donné à l’UNRWA l’année dernière et que le Pakistan et l’Egypte n’avaient octroyé à l’agence que 20 000 dollars. Tandis que la Turquie a donné 6,7 millions de dollars, le Koweït 9 millions et les Emirats arabes unis 12,8 millions, elle a expliqué que les Etats-Unis avaient financé l’année dernière l’UNRWA à hauteur de 364 millions de dollars – plus un versement supplémentaire de 300 millions de dollars aux Palestiniens dans le cadre de l’aide bilatérale.
Depuis 1993, a dit Haley, les Etats-Unis ont fourni plus de 6 milliards de dollars en assistance aux Palestiniens.
« Combien les pays arabes – dont certains sont des pays riches – combien ont-ils donné aux Palestiniens ? », s’est interrogée Haley. « Une somme qui ne se rapproche en rien de ce qu’ont donné les Etats-Unis ».
L’ambassadeur d’Arabie saoudite, Abdallah Al-Mouallimi, a eu une réponse cinglante, même s’il n’a pas mentionné les Etats-Unis, qui sont un proche allié.
Il a déclaré que l’Arabie saoudite avait offert 100 millions de dollars à l’UNRWA l’année dernière et un milliard au cours des deux dernières décennies – et plus de 6 milliards au peuple palestinien depuis vingt ans sous forme de développement humanitaire ».
« L’Arabie saoudite croit fermement aux actions, non aux paroles », a commenté Al-Mouallimi.
Israël a été également âprement critiqué lors de la rencontre mensuelle du conseil consacrée au Moyen-Orient de la part de nombreux états-membres en raison de l’approbation, la semaine dernière, par son gouvernement d’une loi proclamant qu’Israël est l’état-nation du peuple juif.
Mansour, l’ambassadeur palestinien, a estimé que cette loi « a transformé une situation d’apartheid de facto en situation d’apartheid par la loi ».
Le vice ambassadeur iranien Eshagh Al Habib a estimé que la loi permettait la légalisation du « racisme et de l’apartheid et, finalement, elle signifie la légitimation de l’exclusion, de la ségrégation et des inégalités systémiques ».
Il a rappelé la résolution adoptée par l’Assemblée générale en 1975 qui avait qualifié le sionisme de « forme de racisme et de discrimination raciale », qui avait été révoquée en 1991. Presque 30 ans plus tard, a expliqué Al Habib, « il est devenu clair comme du cristal qu’en faisant cela, l’assemblée générale des Nations unies aura simplement permis à Israël de légaliser le racisme ».
Les leaders israéliens ont insisté sur le fait que la loi était nécessaire pour ancrer le statut d’Israël en tant qu’état-nation pour les Juifs. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu l’a qualifiée de « moment charnière dans les annales du sionisme et de l’Etat d’Israël ».
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