Le dialogue est rompu entre Palestiniens et Américains depuis la décision de Donald Trump fin 2017 de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale d'Israël...
Les Etats-Unis ont vivement critiqué mardi l’inaction politique et financière des pays arabes pour contribuer à résoudre le conflit israélo-palestinien et imposer la paix au Proche-Orient, s’attirant les foudres des Palestiniens.
« Le moment est venu pour les pays de la région de réellement aider le peuple palestinien au lieu de faire des discours à des milliers de kilomètres », a asséné l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur le Proche-Orient.
Dans la salle, inscrits sur la liste des orateurs, ses homologues israélien, palestinien, les représentants des 14 autres membres du Conseil de sécurité et de nombreux autres Etats : Iran, Syrie, Arabie Saoudite, Venezuela, Cuba, Liban…
Le dialogue est rompu entre Palestiniens et Américains depuis la décision de Donald Trump fin 2017 de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël.
« Où sont les pays arabes lorsqu’il faut encourager la réconciliation entre les factions palestiniennes, essentielle pour la paix ? Où sont les pays arabes quand il faut dénoncer le terrorisme du Hamas ? Où sont les pays arabes pour soutenir des compromis pour la paix ? », a lancé Nikki Haley.
Outre sa contribution à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Washington a donné l’an dernier 300 millions de dollars en aide directe, a-t-elle dit. Soit, depuis 1993, « plus de 6 milliards de dollars en aide bilatérale aux Palestiniens ».
« Combien les pays arabes – dont certains sont riches – ont-ils donné aux Palestiniens ? Sûrement pas autant que les Etats-Unis », a-t-elle affirmé. « Nous continuons à chercher des moyens d’aider le peuple palestinien dont la situation est vraiment préoccupante pour nous. Mais nous ne sommes pas des imbéciles. Si nous tendons la main dans l’amitié et la générosité, nous ne nous attendons pas à ce qu’elle soit mordue ».
Et « nous espérons que d’autres tendent aussi leurs mains ».
L’Iran, l’Algérie et la Tunisie, par exemple, ont contribué à hauteur de zéro dollar à l’UNRWA, a affirmé l’ambassadrice. L’Egypte a donné 20 000 dollars, la Turquie 6,7 millions de dollars, et les Emirats arabes unis 12,8 millions.
« Les pays, les uns après les autres, revendiquent leur solidarité avec les Palestiniens. Si ces paroles étaient utiles dans les écoles, les hôpitaux et dans les rues des communautés, les Palestiniens ne devraient pas affronter la situation désespérée que nous évoquons aujourd’hui », a-t-elle continué.
« Les paroles ne coûtent rien ».
« Si on juge l’engagement d’une nation envers le peuple palestinien par les paroles entendues dans cette chambre, on arrive alors à la conclusion que les Etats-Unis ont été moins généreux simplement parce que nous défendons avec fierté notre allié, Israël, à l’ONU, ici », a noté Haley.
La charge américaine contre les pays arabes a été dénoncée lors d’une conférence de presse par l’ambassadeur palestinien, Riyad Mansour, avant même la fin de la réunion du Conseil.
Plan invisible
« Je n’ai pas de relations avec l’ambassadrice Nikki Haley à cause de son comportement, elle ne manque jamais une occasion d’être négative à l’égard du peuple palestinien en prétextant défendre Israël. En fait, elle est devenue plus israélienne que les Israéliens eux-mêmes », s’est insurgé le diplomate.
Aujourd’hui, « elle a insulté de proches alliés des Etats-Unis, comme les pays arabes de la région du Golfe, dont l’Arabie saoudite », en tentant de montrer que « les Etats-Unis sont les seuls contributeurs à l’UNRWA et à l’effort national palestinien », a-t-il ajouté.
L’Arabie saoudite « a versé ces deux dernières décennies 6 milliards de dollars aux Palestiniens en assistance humanitaire, aide au développement et secours », a rétorqué lors de son discours l’ambassadeur saoudien, Abdallah Al-Mouallimi. Pour l’UNRWA, c’était « un milliard de dollars ».
Quelques instants avant l’allocution de Haley, le coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, a expliqué que le gel par l’administration Trump de millions de dollars de financement pour l’UNRWA a placé l’organisation dans une grande difficulté.
La crise financière au sein de l’UNRWA « reste une grande préoccupation », a-t-il dit au conseil, prenant la parole via satellite depuis son bureau de Jérusalem.
« Aujourd’hui, l’UNRWA a besoin de 217 millions de dollars pour pouvoir effectuer sa mission cette année. Je recommande vivement une mobilisation rapide des soutiens pour permettre la continuité des aides et la maintenance de la stabilité sur le terrain dans la région », a-t-il précisé.
Au vu du manque actuel, l’UNRWA pourrait devoir retarder le début de l’année scolaire pour environ 526 000 élèves dans des écoles dirigées par l’agence par le biais de ses secteurs d’opération, a averti Mladenov.
A ce sujet, l’ambassadeur français François Delattre a appelé les Etats-Unis à « assumer leurs responsabilités et maintenir leurs engagements ».
Président du Conseil de sécurité des Nations unies en juillet, l’ambassadeur suédois Olof Skoog a laissé transparaître son exaspération face à la politique américaine au Proche-Orient. « Cela fait maintenant plus d’un an qu’on nous parle d’un plan et nous ne l’avons pas encore vu », a-t-il souligné devant des journalistes.
Les Américains « continuent de dire qu’ils sont proches de finaliser » leur plan de paix. Mais « nous n’allons pas négocier quelque chose qui est mort-né avant même qu’on l’ait reçu », a indiqué Riyad Mansour, en rappelant que les Palestiniens ne considéraient plus les Etats-Unis comme un médiateur sérieux.
« La seule solution est un dialogue direct entre les deux parties », a souligné l’ambassadeur russe adjoint Dimitri Polyanski. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov vient de leur proposer un sommet en Russie, a-t-il ajouté, précisant que seuls les Palestiniens avaient accepté jusqu’à présent.
« Imaginez la moitié de Manhattan en flammes »
Haley a également déclaré que tandis que les Etats-Unis soutiennent les causes palestiniennes, l’administration ne « nourrira pas la main qui [les] mord », se référant aux critiques amères de l’Autorité palestinienne sur les politiques mises en oeuvre dans la région par la Maison Blanche.
« Nous ne sommes pas fous », a-t-elle dit.
L’ambassadeur israélien à l’ONU, Danny Danon, a pour sa part accusé le Hamas d’avoir incendié des milliers d’hectares de terres à l’aide de ballons et cerfs-volants chargés de combustibles lancés vers le territoire israélien.
« Imaginez seulement la moitié de Manhattan en flammes en résultat du terrorisme », s’est-il exclamé.
« Trop d’entre vous, dans ce bâtiment, avez oublié ce qu’est véritablement le Hamas : Une organisation terroriste meurtrière qui terrorise Israël et tient les Gazaouis les otages », a commenté Danon.
« Et alors que le Hamas est en train de devenir un problème international, le temps est venu pour le Conseil de sécurité de reconnaître que le Hamas n’est pas différent d’al-Qaïda ou de l’EI. Le conseil de sécurité doit reconnaître que le Hamas est une organisation terroriste ».
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