En cette semaine du Shabbat Yitro, nous souhaitons rendre hommage à une personnalité rabbinique issue de Tunisie: le Rav Meïr Sillam, z »l. Il nous a quittés le 4 hechvan dernier (24 octobre), à l’âge de 75 ans. Il laisse derrière lui son épouse Myriam et cinq enfants, dont l’un est le célèbre présentateur Kobi Sela.
Retour sur le parcours d’un homme de hessed, d’un mohel hors norme et d’un amoureux du peuple et de la terre d’Israël.
»Nous sommes les bébés de Rabbi Meïr le Mohel »
Le Rav Meïr Sillam est né en Tunisie. Dans son enfance, il n’était pas religieux mais s’est rapproché de la pratique grâce au mouvement Habad. C’est face au manque de mohel dans sa région, que Rabbi Meïr prend sur lui d’apprendre la pratique de cette mitsva.
« Pendant 55 ans, il a effectué des milliers de brit milot », nous dit Avinoam, l’un de ses fils, »Il ne demandait jamais aucune rémunération. Il faisait cette mitsva entièrement »lechem chamayim ». Et plus encore », se souvient-il, »il donnait toujours aux parents le sentiment que c’était lui qu’ils honoraient en lui confiant la brit mila de leur fils et il n’était pas rare qu’il fasse un cadeau ».
Le Rav Meïr Sillam parcourait des kilomètres, en bus ou en stop, pour aller accomplir ce qu’il considérait comme un mérite. Il se trempait au mikvé avant chaque brit mila et Avinoam se souvient comment son père le prenait sur ses épaules pour qu’il vienne lui aussi chanter et réjouir les personnes présentes à l’événement.
On raconte qu’un jour, un couple a frappé à la porte de la maison de Rabbi Meïr à Kfar Saba, avec un nouveau-né dans les bras. Démunis financièrement, ils ne savaient plus vers qui se tourner pour la brit mila de leur fils. Rabbi Meïr et son épouse Myriam les ont fait rentrer et en quelques minutes, la brit mila fut organisée. Le Rav se chargeant de pratiquer la mitsva gracieusement, comme à son habitude, et Madame dressant une belle table pour une magnifique seouda.
Ne pas prendre d’argent pour une brit mila était un principe du Rav Meïr Sillam auquel il ne dérogea jamais. S’il arrivait qu’on insiste pour lui donner quelque chose alors soit il disait aux parents de faire don de cette somme à des instituts de Torah, soit il s’en chargeait lui-même et faisait ensuite parvenir le reçu aux parents.
Ce principe, le Rav Meïr Sillam le poussa même jusqu’à en faire une condition pour transmettre son savoir. Un de ses fils, Kobi, lui avait demandé de lui apprendre la brit mila et fut surpris de sa réaction: »Si tu veux que je t’apprenne à devenir mohel pour faire les brit milot gratuitement alors je le ferai avec plaisir mais si tu veux en faire ton gagne-pain, cela ne me pose pas problème, mais il existe d’autres personnes qui t’enseigneront ce savoir ».
Et lors de la Shiva, des centaines de personnes ont défilé au domicile du Rav en se présentant comme les « bébés de Rabbi Meïr, le Mohel », rendant encore plus concret cette œuvre qu’il avait menée tout au long de sa vie.
Rabbi Meïr, l’amoureux de la terre d’Israël
De Tunisie, le Rav Meïr Sillam est d’abord parti vers la France. Il y a vécu quelques années avant de se marier puis de s’installer définitivement en Israël, à Bat Yam. « Mon père était sioniste », nous confie Avinoam, »Il ne faisait aucun compromis sur Eretz Israël. Lors du désengagement du Goush Katif, il a particulièrement souffert. L’une de mes sœurs vivait là-bas et avec ma mère, ils ont été près d’elle pendant toute cette période ». Dans un reportage, on voit le Rav sortir de la maison de sa fille, le jour de l’expulsion, et avec des larmes dans la voix crier en direction des soldats »J’ai mal pour vous! ». Cet épisode a été très douloureux pour lui, sa femme et ses enfants avaient peur de ce que cela pourrait lui causer.
Les dernières années de sa vie, le Rav Meïr Sillam vivait à Jérusalem, à Bayit Vagan. Avinoam nous raconte que depuis qu’il habitait là-bas, il se rendait à tous les enterrements de soldats sur le Mont Herzl. « Il aimait les soldats, il priait pour eux ».
Son sionisme se traduisait aussi par des connaissances très pointues sur le Beth Hamikdash. »Il attendait le Machia’h chaque jour. Il connaissait toutes les règles relatives au Temple sur le bout des doigts ».
Un exemple de hessed et de respect de son prochain
Pour les enfants de Rabbi Meïr mais aussi pour ses petits-enfants, il a été un exemple d’amour de son prochain. Francophone, il a aussi beaucoup aidé les olim de France et pendant des années, il a traduit bénévolement, en français, une brochure de hala’ha. Il fuyait la médisance et parlait de tout le monde, même de ceux avec lesquels il avait des divergences, avec respect. « Notre père était un homme attentionné, il avait un mot pour chacun de ses enfants et de ses petits-enfants. Même quand il était malade, il priait pour la guérison de tous les malades du peuple et tenait à faire du bien autour de lui ». Avinoam se souvient à quel points les clivages au sein de notre peuple lui faisait mal: »Quand il voyait des religieux qui jetaient des pierres sur les voitures shabbat, il disait toujours que c’était interdit, qu’il fallait prier et pleurer avec affection pour chaque juif ».
Le Rav Meïr Sillam ne faisait rien pour lui, toute sa vie a été tournée vers l’autre et il savait transformer chaque action en une force spirituelle.
Guitel Ben-Ishay
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