C’est au terme de plus d’un siècle d’esclavage que la Mer Rouge s’est enfin scindée. Plus d’un siècle de supplices, de maltraitance, de travaux forcés s’est écoulé avant qu’Achem se révèle à Moshe Rabeinou et que la délivrance soit amorcée. En hébreu, le terme « souffrance » s’écritסבל , de la même racine que le terme סבלנות, signifiant « patience ». Ne lis pas souffrance, lis patience. Alors que face aux épreuves, il est aisé de sombrer dans la tristesse ou le désespoir, la Torah nous enseigne une leçon capitale : faisons preuve de patience. Les épreuves et les douleurs sont des invitations à l’attente. Un ancien proverbe français affirme d’ailleurs « La patience est l’art d’espérer dans les maux.» Certains individus patientent de nombreuses années avant de rencontrer leur conjoint, certains attendent de longues années avant d’avoir des enfants. Les désirs pour lesquels nous nous illustrons par notre patience revêtent une dimension particulière dans notre vie. Ces attentes-là renforcent l’envie qui brûle en nous-mêmes d’atteindre notre but, font émerger en nous cette capacité à prier, espérer, agir, afin de parvenir au résultat escompté. Elles aboutissent à une forme de dépassement de soi. Mais ces attentes renforcent surtout la valeur qu’on attache à leur accomplissement. C’est le ravissement perpétuel envers la chose. Une chose obtenue sans attente revêt un aspect banal. C’est le temps qui l’a amenée, et c’est le temps qui l’emportera. En revanche, lorsque nous avons patienté pour obtenir une chose, lorsque nous l’obtenons, elle revêt une dimension éternelle. Même après l’accomplissement de notre désir, le gout de l’effort et de la joie de la récompense ne tarissent pas. Nous avons tissé un lien avec l’objet de notre désir, nous avons sué, nous avons insufflé une dimension mémorable dans la chose…et donc éternelle. Notre société occidentale actuelle a fait de la célérité et du consumérisme son maître mot. Tout s’obtient, et tout de suite. Et plus rien ne semble être doté de valeur. Nous avons développé des quantités invraisemblables d’outils de rapidité et pourtant, aucune génération n’a jamais été aussi pressée que la nôtre. En hébreu, « Péti » signifiant « bête », a la même racine que « Pitom », signifiant « soudain ». La précipitation est synonyme de manque d’entendement. Patientons, c’est une urgence. C’est d’ailleurs à ce titre que la torah regorge de commandements visant à ancrer en nous la patience. L’observance des lois de la pureté familiale vise à faire intégrer au couple l’idée du languissement, afin d’offrir une dynamique de césure avec la mésaventure numéro un de la vie des couples : la routine. Le commandement consistant à prêter de l’argent vient nous enseigner qu’il faut savoir rendre son argent indisponible. Le commandement consistant à attendre le messie procède de la même idée. Patientons, et vite !
D’après les enseignements de Rabbi Nahman de Breslev
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