On aurait pu croire que les dictatures islamistes, qui manient la pendaison à outrance comme ultime argument d’ordre et de pureté, étaient à l’abri d’escrocs de haut vol. On aurait pu croire que les hauts fonctionnaires iraniens étaient dressés à obéir, le doigt sur la couture du pantalon, au Guide suprême. Eh bien on s’étonne que dans ce pays, qui vit sous la coupe de gendarmes rigoristes et de policiers de mœurs, on puisse passer à travers les mailles du filet.
Les vedettes françaises de l’escroquerie à la tva qui se sont mis à plusieurs pour détourner plus d'un milliard d'euros en France paraissent des petits bras face à un escroc iranien, un ancien directeur de banque, qui a détourné à lui seul plus de 2,6 milliards de dollars. Mahmoud Reza Khavari, président de la Bank Melli en Iran jusqu'en septembre 2011 et président du conseil d'administration de la Bank Sepah de décembre 2003 à mars 2005, s'est réfugié au Canada en 2011. Il avait bien anticipé son coup puisqu’il avait demandé et obtenu en 2005 la citoyenneté canadienne pour se mettre en sécurité, sachant que le Canada n'a pas d'accord d'extradition avec l'Iran.
C’est après son départ en 2011 que l’escroquerie sous le mandat du président radical Mahmoud Ahmadinejad, la plus importante dans l'histoire de l'Iran, a été constatée. Les procureurs ont découvert qu'un groupe privé, Amir Mansour Aria Development Co, avait acheté 40 sociétés, dont une grande aciérie, avec des lettres de crédit falsifiées obtenues auprès de grandes banques dont les dirigeants avaient été soudoyés. Les fonctionnaires disent que la fraude a permis à Khavari d’obtenir des crédits auprès de l'une des principales institutions financières iraniennes pour acheter des actifs, y compris les grandes entreprises publiques. Il avait ainsi amassé environ 30 milliards de rials (2,6 milliards de dollars).
Il s’était sauvé à temps car l’un des dirigeants du groupe, l'homme d'affaires Mahafarid Amir Khosravi, a été pendu en 2014 pour «corruption et blanchiment d'argent». Son frère Mehrgan Amir Khosravi est également en fuite et recherché par Interpol. Au moins 20 personnes ont été arrêtées en Iran, dont le chef de la banque publique Saderat, Said Kiani-Rezazadeh, qui a également été condamné à mort mais serait toujours en prison.
Mahmoud Reza Khavari avait fui le pays en voyageant d'abord en Grande-Bretagne sous le couvert d'un voyage de travail avant de se rendre au Canada. Mais l'affaire a pris des dimensions politiques puisque de hauts responsables de l'administration d'Ahmadinejad ont été pointés du doigt et que l’ancien président s’est défendu en accusant le pouvoir judiciaire de dénigrement à son égard. Khavari vient d’être condamné par contumace à quatre peines lourdes d’emprisonnement et à des amendes pour couvrir son vol.
Il vit caché au Canada dans la crainte d’une vengeance des Mollahs qui ont le bras long et sous le coup d’un mandat d’arrêt Interpol. Il ne profitera pas beaucoup de son argent car il ne peut plus se déplacer dans le monde.
Ahmadinejad, qui avait consacré tout son mandat à des attaques verbales contre Israël, aurait mieux fait de surveiller ses amis et son administration. De là à ce qu’on l’inculpe pour négligence, voire complicité, il n’y a qu’un pas. Le Canada aura du mal à l’accueillir mais Israël pourrait faire une exception en lui accordant l’asile politique. Israël n'est pas rancunier.
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