mardi 7 novembre 2017

Des manifestations contre le Hezbollah à Beyrouth se transforment en humbles excuses le lendemain : « Nous sommes moins que la semelle de votre chaussure, Sayyed Nasrallah »


Le 25 octobre 2017, des commerçants furieux dans le bastion du Hezbollah de Dahieh, à Beyrouth, ont manifesté contre Hassan Nasrallah suite à la démolition de leurs boutiques en bordure de route pour construction non réglementaire. Les manifestants ont bloqué la route et brûlé des pneus dans ce qui a été qualifié de « semblant d’Intifada » sur Al-Jadeed/New TV.
Le lendemain, les manifestants étaient de retour, s’excusant devant les caméras et prêtant allégeance à Nasrallah. « Nous sommes moins que la semelle de votre chaussure », a déclaré l’un d’eux. Un autre a supplié Nasrallah de l’envoyer en Syrie avec les moudjahidines pour lui permettre de prouver la sincérité de ses excuses. Extraits :
Journaliste : Les boutiquiers et les habitants ici sont toujours furieux après la destruction de cinq magasins par les forces de sécurité à l’aurore. Ces magasins ont été construits sur le trottoir ici…
Hors-champ : Pas sur le trottoir…
Journaliste : Pardon, au bord de la route…
Hors-champ : Il n’y a pas de route ici…
Journaliste : Les forces de sécurité ont détruit ces magasins ce matin. Ces boutiques ont été détruites avec toute la marchandise à l’intérieur, ce qui a provoqué beaucoup de colère.
Manifestant 1 : Ils se sont pointés la nuit, ont détruit les magasins et se sont enfuis, comme des chiens ou des volailles. Hassan Nasrallah en porte la responsabilité. Vous avez dit aux habitants du fier Dahieh de garder la tête haute, et vous êtes responsable de ce qui est arrivé. […]
A une époque, Hassan Nasrallah avait placardé des affiches sur les autoroutes pour dire que ses forces de sécurité représentaient le changement. De quel changement parle-t-on, avec toutes ces destructions ? Vous nous avez ruinés. Vous dites une chose et en faites une autre. Hassan Nasrallah, vous avez désormais une dette envers moi et envers mes enfants. Nous élevons nos enfants pour vous les offrir en martyrs. Tout cela est de votre faute, Hassan Nasrallah.
Manifestant 2 : [Nasrallah] a envoyé son groupe terroriste – qui ressemble à la milice shabiha[hommes armés en tenue civile qui opèrent pour le gouvernement] du régime [syrien] – à quatre heures du matin, et ils ont détruit notre gagne-pain. 500 000 dollars ont disparu. Je jure par Allah, j’ai investi 500 000 dollars dans cet endroit. J’ai travaillé 20 ans, jour et nuit, pour le construire. Si je ne récupère pas mon argent, Hassan Nasrallah me le devra.
Journaliste : Les magasins, construits avec des plaques métalliques, ne sont pas neufs. Ils ont été construits il y a des années pour vendre des habits et des accessoires à un dollar. Mais leur démolition a enflammé le quartier d’Al-Sulum, et des dizaines de personnes sont descendues dans les rues, ont bloqué la route et brûlé des pneus.
Manifestante 1 : Puisse Allah vous frapper d’une catastrophe. Vous êtes vous-même une catastrophe. Vous avez amené la catastrophe sur Dahieh et vous êtes créé un casse-tête. Nous ne faisions de mal à personne. Nous avons placardé des affiches de Nasrallah et de Michel Aoun. Nous disons au président [Aoun] : N’amenez pas vos réformes ici.
Manifestante 2 : Nous souffrons à cause des [réfugiés] syriens. S’ils les sortent de là, nous nous porterons parfaitement bien. Nous ne voulons pas d’étrangers.
Journaliste : Cette destruction serait liée aux Syriens ?
Manifestante 2 : Evidemment.
Journaliste : La fureur qui a commencé à l’aube s’est rapidement transformée en semblant d’Intifada contre les partis politiques actifs dans la région.
Manifestant 2 : Le Hezbollah nous a abandonnés.
Manifestante 3 : Tous les Libanais élèvent leurs fils pendant 17 ans, puis les envoient combattre et mener le djihad dans un autre pays. Et maintenant, le Hezbollah, l’Etat et la municipalité nous font ça ?
Manifestante 1 : Le Hezbollah est responsable de cela, le Hezbollah et Amal.
Manifestant 3 : C’est l’acte de voyous. Honte à leur vilenie. Au diable l’Etat et les partis politiques ! Désolé de le dire à la télé.
Manifestant 4 : Ils ont commencé avec Dahieh, et demain ils iront ailleurs. Je ne veux pas parler de communautarisme, mais ils ont monté les sunnites contre les chiites et ont fait en sorte que nous ayons peur les uns des autres.
Texte à l’écran : Le lendemain…
Ali Chamas, tenant un portrait de Hassen Nasrallah : Je m’appelle Ali Chamas. De dessous la semelle de votre chaussure, sayyed [appellation indiquant le respect] Nasrallah, je vous demande pardon pour mon affront. Je présente aussi mes excuses à tous les membres de la résistance. Je demande pardon aux hommes de la résistance en Syrie. Noble sayyed, en signe de sincérité de mes excuses, je vous implore de m’envoyer en Syrie avec les moudjahidines, afin que je puisse être en première ligne du djihad en Syrie. De dessous la semelle de votre chaussure, j’implore le pardon, noble sayyed. Nous répondons à votre appel, ô Nasrallah ! Nous répondons à votre appel, ô Nasrallah ! Nous répondons à votre appel, ô Nasrallah ! Tous nos moyens de subsistance, sayyed Nasrallah – comme nous l’avons dit, le disons et continuerons de le dire – ne valent pas la semelle de votre chaussure. Nous sommes prêts pour tout ce qu’il vous faudra. Nous sommes la balle dans votre arme. Nous répondons à votre appel, ô Nasrallah ! Nous répondons à votre appel, ô Nasrallah !
Homme 1 : Nous présentons nos excuses à sayyed Nasrallah. Nous sommes moins que la semelle de sa chaussure. Nous ferons tout ce qu’il nous dira. Son honneur et sa dignité sont notre honneur et notre dignité. Il parle en notre nom, et il peut nous pardonner. Nous lui présentons nos excuses du fond du cœur. Nos enfants sont sous sa chaussure. C’est simplement qu’ils ont détruit nos moyens de subsistance… Il devrait prendre soin de nous et arranger les choses.
Femme 1 : Je vous présente mes excuses sur tous les toits. Vous êtes la couronne sur nos têtes. […] Nous savons qui est notre ennemi. La route vers Jérusalem est notre route. Comme nous le disons toujours, nous répondons à votre appel, ô Nasrallah !
Foule : Nous répondons à votre appel, ô Nasrallah ! Nous répondons à votre appel, ô Nasrallah !

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