C’est une jeune fille fatiguée et paniquée, cernée de soldats rendus hilares par leur victoire, que l’on voit dans la vidéo de l’arrestation de Linda Wenzel lors de la libération de Mossoul. Celle qui était partie à l’âge de 15 ans de sa ville natale de Pulsnitz, en Allemagne, afin de rejoindre le califat de Daesh et de s’y marier avec un djihadiste tchétchène n’aurait pas imaginé tomber à tel niveau de déchéance.
La vidéo montre l’adolescente hurlant, alors que des soldats irakiens la traînent par les bras afin de l’amener en détention. Un moment qu’elle aurait qualifié, d’après le DailyMail, de «marche de la honte».
Si Lorenz Haase, procureur allemand de Dresde, a déclaré à l’agence AP que Linda Wenzel était suspectée d’avoir fait partie de la police islamique de Daesh, un officier des services anti-terroristes irakiens a confié au Telegraph que l’adolescente aurait participé aux combats qui ont fait rage à Mossoul en tant que tireur d’élite.
Linda Wenzel, une jeune mariée allemande ralliée à Daech, s’est fait capturer à Mossoul en juillet dernier. Alors qu’elle risque la peine capitale en Irak, les autorités allemandes agissent en coulisse pour lui éviter la mort.
Fin juillet 2017, la jeune allemande Linda Wenzel a constitué une belle prise de guerre pour l’armée irakienne, durant la libération de Mossoul. Sur une vidéo vue des centaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux, l’adolescente de 16 ans échevelée, au teint blafard, en crise de panique, se fait escorter par des soldats irakiens hilares. Les charges de terrorisme pouvant être retenues contre elle font planer le risque d’une condamnation à mort. Depuis, les autorités allemandes redoublent de manœuvres pour lui éviter cette sentence.
Une djihadiste aux déclarations contradictoires
La jeune fille avait disparu du domicile de ses parents à Pulsnitz, près de Dresde, le 1er juillet 2016, alors qu’elle avait prétendu dormir chez une amie. Ses parents avaient remarqué son intérêt pour l’islam, qu’elle minimisait, faisant semblant d’être au régime durant le Ramadan. Sa mère Katharina, qui n’imaginait pas l’étendue de son engagement, lui avait acheté un Coran. Elle se serait faite recruter sur internet.
Lors de perquisitions, la police a trouvé des billets d’avion pour Istanbul dans sa chambre, ainsi qu’un tapis de prière et des photos liées à la religion. Après son départ, elle se serait mariée avec un combattant Tchétchène mort très vite dans la bataille de Mossoul. Ensuite, on ne sait rien de son implication dans les rangs de Daech.
Juste après sa capture, la jeune fille s’était confié à des agents de l’ambassade allemande en Irak, revendiquant être une fervente combattante aux côtés des djihadistes. Mais elle s’était rétractée un peu plus tard face aux micros des reporters. Le site d’une chaîne télévisée allemande avait alors relayé ses propos de contrition : elle disait vouloir rentrer chez elle pour retrouver sa famille. «Je veux juste partir d’ici. Je veux quitter cette guerre, fuir les armes, le bruit», avait-elle confié.
Le procureur Lorenz Haase avait déclaré que Linda Wenzel était suspectée d’avoir fait partie de la police islamique de Daesh, mais un officier des services anti-terroristes irakiens avait considéré qu’elle était une sniper de Daech, selon les informations du Telegraph britannique. Aujourd’hui, rien ne permet de privilégier une piste.
L’Allemagne enquête et veut interroger la djihadiste
Selon le Spiegel, la justice irakienne vient d’informer les diplomates allemands qu’elle avait ouvert une procédure pénale contre Linda Wenzel et trois autres djihadistes allemandes majeures. Mais pour le moment, Berlin ne connait toujours pas l’étendue des charges qui pèsent contre la jeune fille. C’est pourquoi le procureur général allemand a enclenché son enquête avec l’aide du BKA, l’Office fédéral de police criminelle.
Selon l’hebdomadaire allemand, ils chercheraient actuellement à entrer en contact avec leurs homologues irakiens pour procéder à l’interrogatoire des ressortissantes allemandes emprisonnées. Le BKA a demandé une audition formelle avec les quatre femmes, qui doit permettre de déterminer leur implication dans les structures de Daesh.
Si Linda Wenzel est reconnue coupable de terrorisme, elle pourrait être condamnée à mort, mais maintenue en détention jusqu’à 22 ans, l’âge légal pour pouvoir l’exécuter. Un délai peut-être salvateur pour des avancées diplomatiques dans un contexte où l’Allemagne craint que les autorités irakiennes ne soient en mesure d’assurer le fonctionnement correct de leurs instances judiciaires. L’opinion publique quant à elle est très partagée. Pour preuve, la multiplication des tweets de haine.
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