lundi 13 juin 2016

Mourad Farès, le sergent recruteur du djihad.....


Incarcéré depuis son retour de Syrie à l’automne 2014, Mourad Fares est soupçonné d’avoir été l’un des principaux recruteurs de jeunes combattants français.
C’était le grand absent. Sa convocation comme témoin a même été réclamée, en vain, par la défense.

L’ombre de Mourad Fares a plané sur le procès de sept Strasbourgeois partis en Syrie, contre lesquels des peines de huit à dix ans de prison ont été requises lundi devant le tribunal correctionnel de Paris. A trois reprises avant leur départ, plusieurs membres du groupe avaient assisté à des rencontres préparatoires avec ce Français de 31 ans. « Une visite de courtoisie, a contesté, goguenard, l’un des prévenus en évoquant le conclave en Alsace. 

On a fait du shopping, on lui a fait visiter la ville. Le départ n’a pas été évoqué. » Et pourtant, c’est bien Mourad Fares, reconnaissent-ils, qui leur a donné des conseils pour rejoindre la Syrie. Et c’est lui qu’ils ont appelé en se présentant à la frontière en décembre 2013. 

Et pour cause, le natif de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) est considéré, au même titre que son mentor Omar Diaby, comme l’un des principaux recruteurs de combattants français en Syrie lors de la première vague d’exil (2013-2014).
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Son profil lui vaut, depuis son arrestation et son incarcération en septembre 2014 après qu’il a lui-même contacté l’ambassade de France en Turquie, une flopée de mises en examen. Et notamment pour « direction ou organisation d’un groupement » terroriste. « Je suis parti pour quinze ou vingt ans de prison avec le dossier qu’ils ont sur moi », fanfaronnait-il dans une interview accordée au magazine en ligne « Vice » en février 2014. Non sans une certaine lucidité, puisqu’il en encourt effectivement vingt.
Son rôle présumé apparaît dans plusieurs dossiers sensibles : la filière de Lunel — le dossier source dans lequel il est juridiquement mis en cause –, le départ d’une adolescente de 16 ans originaire d’Avignon, mais aussi celui du bref séjour en Syrie, en janvier 2014, de deux lycéens de la région de Toulouse, Y. et A., âgés de 15 et 16 ans. « Mourad Fares est présent de A à Z dans leur engagement », confirme Me Matthieu Chirez, l’avocat de l’un de ces deux adolescents radicalisés sur Internet. C’est grâce à Facebook, sur lequel le djihadiste présumé est très actif, que Y. entre en contact avec lui. Abou Al Hassan, son surnom, lui a été recommandé par un « ami » sur les réseaux sociaux. 
Sur son profil, cet Abou Al Hassan affiche des documents de propagande ainsi qu’un drapeau djihadiste et promet d’assurer la prise en charge de ses recrues. De fait, il envoie deux passeurs chercher Y. et A. à la frontière. Après les avoir réceptionnées en personne, il les invite à choisir un nom de guerre avant de les intégrer à un centre d’entraînement dont il a la responsabilité.
Le recruteur fait également office de chaperon en leur prêtant son téléphone pour contacter leur famille. Aux Strasbourgeois, il apportera du chocolat. Mais très vite, les deux adolescents toulousains réalisent qu’ils ne sont pas à leur place. Mourad Fares tente de les dissuader de rentrer avant, de guerre lasse, de les aiguiller vers des passeurs. Son rôle présumé devrait donc être au cœur du procès de ces deux mineurs les 28 et 29 juin. « Je m’interroge sur la nécessité de le faire citer à l’audience », confie Me Chirez.
Malgré son implication présumée dans nombre de départs, l’intéressé ne se considère pas comme un gourou. 
« Le leadeur charismatique, c’était Diaby, et Mourad Fares était plutôt dans le concret et dans la gestion du groupe », analyse l’un des avocats d’une filière djihadiste jugée en avril. Car s’il avait bel et bien rencontré certains de ses membres avant leur départ, c’est sur le terrain, où sa maîtrise de l’arabe est un atout, qu’il s’était montré le plus actif, faisant jouer notamment son réseau pour dénicher des appartements à louer.
Mourad Farès : « Je souhaite collaborer à 100 % »
Depuis son arrestation, Mourad Fares coopère avec la justice. « Pour faire court, je souhaite en fait collaborer à 100 % », assure-t-il dès son premier interrogatoire, en septembre 2014. Et le jeune homme de faire cette étonnante confession à la juge d’instruction : « Avant d’entrer en contact avec la DGSI, j’avais un peu regardé sur Internet et je savais que c’était vous qui instruisiez ce dossier […] Je n’ai pas réussi à trouver un numéro. »
De nouveau interrogé quelques jours plus tard, il confesse en détail son propre processus de radicalisation. Un drame familial en serait à l’origine. « Le décès de mon cousin ( NDLR : en octobre 2012 ) m’a beaucoup remis en question parce qu’il est mort jeune. Il avait 32 ans. J’étais croyant mais non-pratiquant et je me disais qu’un jour j’arrêterais de boire et que je recommencerais la religion. Cela a été un déclic pour moi. »
Mourad Fares se remet à prier puis se gargarise d’informations sur Internet, notamment sur le conflit israélo-palestinien. « A ce moment-là, j’étais totalement pour un islam modéré et j’étais contre l’islam djihadiste qui, pour moi, n’était pas l’islam », assure-t-il, se disant uniquement attiré par la hijra (l’émigration en terre d’islam).
C’est finalement à cause d’une autre « star » de la djihadosphère francophone — le Niçois d’origine sénégalaise Omar Diaby — que Mourad Fares affirme avoir basculé. Ses vidéos de propagande complotistes le séduisent. La prise de contact relève du gag. « Fin décembre ( 2012 ), il avait fait une annonce sur Facebook pour avoir quelqu’un pour l’aider à faire les voix off sur un projet […]. Après un essai début janvier, il a décidé de me prendre […]. C’est après ces premiers échanges que je suis allé le voir à Nice pour la première fois. »
Selon lui, c’est encore et toujours Omar Diaby qui, en l’abreuvant de prêches, le convainc de préférer le djihad en Syrie à la hijra : « Il m’a expliqué par A plus B que c’était un djihad légitime. » En juillet 2013, le Haut-Savoyard s’y rend avec trois complices, dont un y trouvera la mort quelques mois plus tard.
Une fois sur place, Mourad Fares rejoint l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), l’ancienne appellation de l’Etat Islamique. Après son entraînement, il est dirigé avec un groupe de francophones dans la région de Homs. Mais très vite, assure-t-il, il ne se sent pas à l’aise au sein de l’organisation, n’appréciant par exemple pas le traitement réservé aux prisonniers. « L’EIIL dans son entier commettait de grandes injustices », revendique-t-il. Avec d’autres, il décide alors de rompre son allégeance, au prix d’un « véritable procès » de deux heures face à des hommes cagoulés.
Omar Diaby et Mourad Fares créent leur propre katiba de francophones, affiliée au Jabhat al-Nosra, la « franchise » d’Al-Qaïda en Syrie, dont le Niçois devient le leadeur. « Il avait insisté pour qu’un responsable soit désigné pendant la période de son absence et il m’a désigné directement. Au départ je n’ai pas voulu […]. Le problème de la gestion du groupe est venu de ce qu’Omar n’est revenu en Syrie que trois mois plus tard », semble déplorer Mourad Fares. Quant aux raisons de son retour en France, il n’a pas encore été appelé à s’en expliquer. Omar Diaby, donné un temps pour mort, est, lui, récemment réapparu sur le théâtre syrien.
© Gaïa pour www.Dreuz.info
Source : Leparisien

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