samedi 11 juin 2016

Est-il encore possible de stopper ou d’endiguer le flux de millions de migrants?



Oui, c’est possible, et sans se livrer corps et âme à un despote ottoman, mais cela exigera des compromis vis-à-vis des standards moraux européens.

On peut estimer, comme Angela Merkel, que les mouvements de population cesseront dès lors que les raisons de l’exode auront été éliminées et qu’en attendant, il ne faille rien faire pour entraver la libre circulation des personnes en Europe. Ce raisonnement a le mérite d´être logique, et vrai. 
A ceci près, qu’il n’y a que quelques dangereux idéalistes pour croire que l’Allemagne ou même l’Union Européenne (UE) puisse réussir à faire disparaître le nationalisme, le tribalisme, le conflit sunno-chiite, les guerres par procuration entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, l’Islam radical et autres idéologies extrémistes conquérantes, les dictatures, la répression des minorités, la surpopulation, la faim dans le monde, l’absence de perspectives économiques, les persécutions d’origines religieuses ou culturelles, l’esclavage, les cartels de la drogue et autres milices, les disputes territoriales, la raréfaction de l’eau, sans parler du réchauffement climatique et de l’élévation du niveau des mers….
Si c’est là l’unique stratégie de l´Europe, on est mal parti.
Le continent européen tel qu´il existe aujourd´hui, avec sa culture, ses peuples et ses valeurs, aura cessé d´être bien avant que nos politiciens aient réussi à modifier la donne de manière perceptible pour les populations candidates à l´exil.
En fait, on peut valablement argumenter que si l’Europe se refusait à devenir une «forteresse», -conception que de nombreux politiciens rejettent haut et fort comme si la protection des frontières extérieures étaient incompatible avec l’idée et les valeurs européennes-, des populations d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie Centrale continueraient à affluer en Europe et ce, aussi longtemps qu’ils y verraient un moyen d’améliorer leur condition. Ce phénomène, comparable au principe des vases communicants, durerait jusqu´au moment où l’Europe, -confronté à plusieurs dizaines, voire centaines de millions de migrants, aux conflits importés par les nouvelles populations ainsi qu’aux conflits prévisibles entre «autochtones» et «migrants»-, sombrerait dans l´anarchie et le désordre. 
L’utopie du «open borders» qui a déjà infiltré les sphères intellectuelles et médiatiques, connaitrait son apothéose. L’Europe sans frontières, ni intérieures, ni extérieures, ressemblerait aux régions du monde d’où l’immigration est issue et cesserait de produire des richesses. A ce stade, le pouvoir d´attraction de l’Europe sur le reste du monde aura cessé, de même que l’immigration vers l’Europe.
Heureusement, résoudre les causes de l’exil dans le monde n’est pas la seule stratégie de l´Europe et nos dirigeants, malgré leurs déclarations de principe et leur rejet verbal d’une «Europe forteresse», ont compris qu’il fallait protéger les frontières extérieures de l’Europe, mais sans pour autant s’en être donné les moyens.
La protection des frontières maritimes, une tromperie
Conscients de l’opposition de leur population à une immigration massive et à l’islamisation de leurs sociétés, les dirigeants des principaux pays européens ainsi que de l’Union Européenne multiplient les déclarations sur la nécessité de «protéger les frontières extérieures de l’Europe», de renforcer les moyens de Frontex, l’agence des frontières de l´UE, et d’élargir sa mission. Par opposition, des mesures de fermetures des frontières intérieures signifieraient «la fin de l’Europe» et auraient des conséquences économiques désastreuses.
Les médias officiels soutiennent ce narratif, puisque aucun journaliste n’a, à ma connaissance, mis en doute cette fable, relayée depuis des mois sur toutes les chaines et dans tous les journaux. La question que l’on est en droit de se poser est : Y croient-ils eux-même?
Car il ressort clairement d’interview donnés par M. Fabrice Leggeri, Directeur Général de Frontex, ainsi que de la simple observation de ce qui se passe depuis un an au large de la Libye ou dans la mer Egée, que l’agence Frontex est totalement impuissante à juguler l’afflux de migrants qui arrivent en Europe par voie maritime. 
Même avec l’aide des navires de l´OTAN, Frontex n’a d´autre mission que de recueillir les migrants se trouvant sur les embarcations et de les emmener sur le territoire de l’UE le plus proche, comme Lampedusa ou Lesbos, d´où ils seront plus tard transférés sur le continent afin de continuer leur périple à pied, train ou taxi vers l’Eldorado qu’est l´Europe du Nord-Ouest. Frontex n’est pas autorisé à renvoyer ou retenir les embarcations en vertu de l’obligation d’assistance pas plus que l’agence n’est autorisé à ramener des migrants sur les territoires d’où ils ont embarqué, et ce en vertu du droit international.
Fabrice Leggeri l’a bien expliqué: Le rôle de Frontex est de contribuer à mettre de l’ordre dans l’arrivée et l´enregistrement des migrants avant de les laisser continuer leur périple vers l’Europe de l’Ouest. Le contrôle de l’identité des migrants ne doit pas occuper beaucoup l’agence puisque l’on sait aujourd´hui que 80% des migrants arrivent sans papiers d’identité et que Frontex n´a pas accès aux banques de données de Schengen. Quant à leur mission de lutte contre les passeurs, elle a connu que très peu de succès puisque les passeurs ne montent plus sur les embarcations par peur d´être arrêtés.
Le cynisme des passeurs se nourrit des hauts sentiments européens
C´est donc par une cruelle ironie que les garde-frontières de Frontex sont eux-même devenu des «passeurs». Il est facile d’imaginer que les migrants embarquent en Libye dans des bateaux vétustes et surchargés sous les encouragements de passeurs qui leur assurent que les «navires de protection» de Frontex ne vont pas tarder à les recueillir à leur bord et à les amener sur le territoire de l´UE. Et comme ces navires croisent de plus en plus près des côtes, les passeurs peuvent se permettre d’embarquer les migrants sur des bateaux bancals à trois sous et augmenter ainsi leur «marge d’exploitation».
Même les passeurs les plus cyniques et les plus méprisants de la vie humaine ont besoin de succés. Il est faux de penser que les passeurs ne sont pas intéressés par le destin des hommes, femmes et enfants qu’ils font embarquer par milliers. Au contraire, ils y sont fortement intéressés, financièrement. Leur «business model» nécessite qu’un grand nombre de «clients» atteignent vivants le sol européen et c’est là où l’Europe et Frontex donnent un grand coup de main, malgré eux, aux passeurs.
Il est essentiel aussi que leur succès soit connu parmi leurs «prospects»: Pour que leurs affaires prospèrent, les passeurs ont besoin de «marketing», de reportages télévisés sur l’accueil de centaines de milliers de réfugiés dans les pays qui font tant rêver comme l’Allemagne, la Suède, les Pays Bas, l’Autriche, pays qui ont en commun une politique d’asile généreuse. 
Les médias ont montré beaucoup d’enthousiasme à filmer les scènes chaleureuses d’accueil en gare, l’emménagement de famille de migrants dans de grands appartements ainsi qu’à retransmettre les déclarations d’Angela Merkel dans les centres de réfugiés en Turquie, au Liban et en Syrie où elles ont été interprétées pour ce qu´elles étaient: Une invitation.
Les passeurs ont aussi besoin, pour que leurs affaires marchent, que les migrants qui atteignent les pays tant convoités le fassent savoir par sms, appels téléphoniques, emails. 
Sans signe de vie et confirmation de leur arrivée en Europe, plus personne dans leur village ne se mettrait en route pour l’Europe. Malgré le courage et la détermination montrés par les migrants, en particulier ceux embarquant sur les côtes nord-africaines, ils ne le feraient pas s´ils n’y voyaient pas une chance réelle de rejoindre l’Europe et d’obtenir le statut de réfugié ou tout du moins de pouvoir rester dans ces pays.

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