mardi 14 juin 2016

Abballa avait prêté allégeance à l'EI il y a 3 semaines...


L'auteur de l'attentat commis lundi près de Paris avait prêté allégeance au chef de Etat islamique (EI) il y a trois semaines, savait que sa victime était policier et disposait d'une "liste de cibles", a annoncé mardi le procureur de Paris François Molins.

Condamné en 2013 pour avoir participé à une filière d'envoi au Pakistan de volontaires pour le jihad, Larossi Abballa avait depuis été placé sur écoute, mais les interceptions téléphoniques "n'avaient pas permis à ce jour de déceler le moindre élément de préparation et un passage à l'acte violent", a admis le procureur Molins dans une déclaration à la presse.

Lundi peu après 20h00, l'assaillant, 25 ans, a tué à coups de couteau un policier en civil, avant de se retrancher au domicile de sa victime à Magnanville (ouest de Paris) et d'être abattu lors de l'assaut des policiers d'élite du Raid.

Dans la maison, les policiers ont découvert le corps de la compagne du policier, âgée de 36 ans, égorgée. Ils ont aussi retrouvé le fils du couple, trois ans et demi, "dans un état de sidération" mais indemne.

Au cours de négociations avec les policiers, "le tueur a indiqué être musulman pratiquant, faire le ramadan et il a précisé qu'il avait prêté allégeance trois semaines plus tôt au commandeur des croyants de l'Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi. Il a ajouté avoir répondu à un communiqué de cet émir qui demandait, je cite, de 'tuer des mécréants, chez eux avec leur famille'", a expliqué le procureur.

Larossi Abballa "a indiqué connaître la qualité de policier de la victime et menacer de tout faire sauter si les policiers investissaient les lieux", a souligné François Molins.

M. Abballa a envoyé à 20h52 une vidéo de revendication de 12 minutes à une centaine de contacts, avec également deux tweets de revendications sur un compte ouvert début juin.

"Liste de cibles"
Quelques heures après l'attaque, l'agence Amaq liée au groupe djihadiste a affirmé qu'un "combattant de l'Etat islamique" (EI) avait tué le couple près de Paris. "Une liste de cibles", mentionnant des personnalités, des rappeurs, des journalistes et des policiers a été retrouvée par les enquêteurs dans le pavillon des victimes, a-t-il ajouté.

Le tueur avait été déjà condamné en septembre 2013 à trois ans de prison pour avoir participé à une filière d'envoi au Pakistan de volontaires pour le jihad. L'enquête avait mis au jour le profil inquiétant du jeune homme, connu jusque-là pour des faits mineurs de droit commun (vol, recel).

Il avait été libéré après le jugement en raison du temps passé en détention préventive. "Pendant son incarcération, il s'est livré à des actes de prosélytisme d'islamisme radical" et avait été remarqué pour cela par l'administration pénitentiaire.

Larossi Abballa était "visé par des investigations conduites par un magistrat antiterroriste" depuis 2016 sur une filière djihadiste syrienne. C'est dans ce cadre qu'il avait été placé sur écoutes. Ces "interceptions téléphoniques et géolocalisations" mises en places "sur plusieurs lignes téléphoniques n'avaient pas permis à ce jour de déceler le moindre élément" sur "la préparation et un passage à l'acte violent".

Trois membres de son entourage en garde à vue
L'homme, originaire de Mantes-la-Jolie selon une source proche du dossier, avait été jugé avec sept autres prévenus et condamné à trois ans de prison, dont six mois avec sursis, pour "association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes". Cette filière souhaitait favoriser le recrutement en France, la formation physique et idéologique et l'envoi au Pakistan de jeunes volontaires pour le jihad armé.

Au total, trois personnes, des membres de l'entourage du meurtrier Larossi Abballa, sont actuellement entendues par les enquêteurs. Ils figurent parmi les huit membres de cette filière jihadiste condamnés en 2013.

Le suspect faisait également l'objet d'une fiche S, a-t-on appris de source policière. L'homme était impliqué dans une enquête récente sur une filière djihadiste syrienne, a-t-on appris mardi de sources proches de l'enquête, confirmant une information de RTL. Le chercheur Frédéric Pichon a par ailleurs publié sur son compte Twitter des captures d'écran de son compte Facebook, supprimé depuis.

Leur fils de 3 ans "choqué et indemne"
Lundi vers 21H00, il a tué à coups de couteau un policier habillé en civil, avant de se retrancher au domicile de sa victime dans un quartier pavillonnaire de Magnanville (Yvelines) et d'être abattu lors d'un assaut du Raid. Dans la maison, les policiers ont découvert le corps de sa compagne et retrouvé le fils du couple, âgé de trois ans, "choqué et indemne".

La compagne du policier a été retrouvée morte avec "une plaie au cou", a-t-on appris mardi de source proche de l'enquête. Cette femme, secrétaire administrative au commissariat de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, était âgée de 36 ans. Des témoins ont rapporté aux enquêteurs qu'il aurait crié "Allah akbar" en attaquant le policier.
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Sur Facebook

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François Molins, procureur de Paris. © afp.
Abballa a posté des photos de ses victimes sur Facebook et un long message via Facebook Live, avec le bébé du couple tué, sous le pseudonyme "Mohamed Ali".

Le journaliste de RFI David Thomson, expert des réseaux djihadistes, l'a confirmé via plusieurs tweets. Celui-ci explique que l'attentat a été revendiqué via Facebook Live et que le terroriste "appelle à tuer les policiers, les gardiens de prisons, les journalistes, les rappeurs et il cite de nombreux noms."

"Nous allons faire de l'Euro un cimetière"
"Il commence son enregistrement en prêtant allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi (chef du groupe Etat islamique) puis il s'adresse aux musulmans leur affirmant que le djihad est obligatoire parce qu'il est défensif", poursuit M. Thomson. Abballa aurait également déclaré "ne pas encore savoir quoi faire avec le bébé," retrouvé indemne par la police.

"Nous allons faire de l'Euro un cimetière", a également menacé Larossi Abballa, quatre jours après le début du championnat de football en France.

Puis, "il demande à ses 160 abonnés et plus particulièrement à ses contacts de l'EI de faire le communiqué de revendication de son attaque, ce qui explique la rapide revendication par l'EI via l'agence Amaq", explique David Thomson, qui faisait partie de ses abonnés sans le connaître personnellement.

Selon ce journaliste de RFI, la vidéo postée sur Facebook "a été vue par 98 personnes avant d'être retirée 11 heures après sa diffusion".

© afp."Un acte terroriste abject"
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a dénoncé "un acte terroriste abject", mardi matin à la sortie d'une réunion d'urgence à l'Elysée avec François Hollande, Manuel Valls et le ministre de la Justice Jean-Jacque Urvoas.

En assassinant un policier français et sa femme, Larossi Abbala a suivi à la lettre les consignes du groupe Etat islamique, qui place les forces de l'ordre occidentales en tête de liste de ses cibles.

Le porte-parole officiel de l'organisation, le syrien Abou Mohammed Al-Adnani, ne cesse d'exhorter ses partisans à passer à l'action dans leurs pays d'origine contre les policiers et militaires des pays de la coalition engagés dans la lutte contre l'organisation, en Syrie et en Irak. Sept policiers et militaires ont perdu la vie dans des attaques islamistes en France depuis quatre ans.

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