« Il leur ordonna », un unique verbe, conjugué par Dieu, pour juguler les doutes de Moshé et mettre en branle le processus de délivrance. L’ordonnance précise la conduite à tenir face aux enfants d’Israël et face au Pharaon criminel qui doit entrainer le peuple vers une pensée plus libérée des carcans de l’exil, vers une attitude plus vraie et plus juste à l’égard de tout homme.
La dialectique salvatrice de notre nouveau dirigeant n’est pas bien entendue et encore moins bien comprise par les oreilles esclaves de nos ancêtres. Ils seront peu nombreux à s’intéresser à cette nouvelle mélodie car la plupart ont perdu patience et confiance, Moshé n’en sera que plus déçu et pourtant…
Par Rony Akrich pour Israël Magazine.
L’Eternel ne s’en laisse guère compter, il exige une rencontre avec Pharaon même si le fils d’Amram doute encore du bien-fondé de la chose. Les sujets, eux-mêmes, ne montrent aucune aspiration à une liberté si utopique alors qu’ils se trouvent reclus dans les premiers camps de concentration de l’Histoire.
Le Créateur veut faire cesser toutes tergiversations, jusqu’ici la parole était souple et douce mais dès maintenant il nous faudra durcir le verbe et toucher à l’essentiel, au « printemps de la liberté ». L’ordre est irrévocable, Moshé et Aaron devront être patients, supporter les hésitations du peuple et envers et contre tout poursuivre le chemin irréversible de la rédemption.
Sachez que ce peuple ne ressemble à aucun autre ; il est rebelle, importun, individualiste et ne pourra s’empêcher de remettre en question chacun de vos pas, il se révoltera et se risquera, même, à lever la main sur vos personnes. La discipline imposée par l’autorité supérieure est sans appel et permet à nos dirigeants de ne plus hésiter.
Libéré de ses incertitudes, rassuré par Dieu, Moshé peut dorénavant engager l’opération « laisse sortir mon peuple » vers le succès. Il reste malgré tout à clarifier ses rapports avec l’ennemi, avec Pharaon.
Notre comportement se doit d’être celui des Hébreux, enfants d’Abraham, préserver notre ordre moral face aux criminels. Bien sûr, ils seront mis au banc des accusés et jugés avec toute la rigueur requise pour l’ensemble des crimes qu’ils commirent. Jamais pourtant nous ne nous abaisserons à l’injustice, au mensonge, ils seront jugés dans les règles de l’art car ainsi le veut l’Eternel Dieu d’Israël, ne nous en déplaise!
La délivrance d’Egypte est d’abord et avant tout la délivrance de l’homme, un message pour ce dernier quant à l’égalité des créatures. Bien avant de se lancer dans l’aventure de la liberté pour soi, il fallut enseigner et extirper les pulsions dominatrices et esclavagistes de l’homme sur l’homme. Les Hébreux devaient comprendre cela, c’est à dire, la nécessaire et égale liberté pour tout autre que moi selon la loi de Moshé et d’Israël.
La tendance à posséder fait pleinement partie de notre nature, aujourd’hui encore des hommes exploitent d’autres hommes, l’esclavage a réellement disparu de certains pays dits « éclairés », il n’y a pas si longtemps. C’est donc bien au moment de sa libération que l’Homme d’Israël devait entendre cette morale divine afin de mieux comprendre et de la rendre sienne à tous jamais.
La grande leçon qui se dégage de l’Exode, c’est que la libération véritable n’est pas le fruit d’une victoire humaine, mais un don de Dieu. Durant la dernière journée du séjour d’Israël en Egypte, durant la dernière nuit, la passivité des Hébreux est totale : ni aux yeux d’Israël, ni aux yeux des Egyptiens, la sortie d’Egypte au matin du 15 Nissan ne peut apparaître comme le résultat d’un succès politique ou militaire. C’est à Dieu seul que revient le mérite de la libération…
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