vendredi 26 février 2016

L'étonnante prospérité des Loubavitch français, par Norbert Cohen....


C'était le 17 février : les Loubavitch d'Ile-de-France organisaient leur traditionnel dîner de gala annuel. Abandonnant la salle Equinoxe (15ème arrondissement), qui ne peut contenir que 1 500 personnes, ils ont opté cette fois pour les docks d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Le mouvement hassidique a réuni ainsi 2 000 convives. Record absolu. Les participants étaient donc très nombreux et... exceptionnellement généreux.
Comment comprendre un tel paradoxe ? On sait en effet que les institutions juives hexagonales souffrent globalement de l'exode des plus militants vers Israël et du marasme économique. Les dons baissent régulièrement. Chez les Loubavitch, ils sont stables et parfois augmentent !
Est-ce parce qu'ils sont discrètement soutenus par tel ou tel milliardaire américain ? Absolument pas. Cette aide miraculeuse supposée relève de la légende.
La première explication doit être recherchée sur le terrain. Les donateurs ne sont pas tous Loubavitch et certains ne sont même pas pratiquants. Mais ils estiment que les autres associations communautaires sont endormies ou inefficaces. Ils admirent en revanche le dynamisme et la qualité pédagogique des écoles Loubavitch, et les campagnes incessantes menées par les « chlouhim » (émissaires du Rabbi new-yorkais, aujourd'hui décédé) en faveur de la « rejudaïsation » de leurs coreligionnaires, à travers la pose des tefilin, la vérification des mezouzot, la distribution des matzot de Pessah, l'allumage public des bougies de Hanoucca, etc. Or, ces « chlouhim » sont en nombre exponentiel.
Désormais, ils sont 180 en région parisienne. Le public adore ces rabbins, jeunes pour la plupart, qui migrent avec femmes et enfants vers des lieux improbables et éloignés de la communauté organisée pour y implanter une antenne du mouvement (un « beth Habad ») et animer une vie juive jusqu'alors inexistante.
D'autre part, ces missionnaires ont une telle confiance en Dieu qu'ils dépensent... ce qu'ils n'ont pas encore perçu. C'est une habitude qui tranche avec celle des autres organisations juives, dont le budget, généralement serré, est étroitement surveillé.
Ainsi, un centre Loubavitch vient d'ouvrir à Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne. Un endroit étonnant, truffé de zones sensibles et géré par une municipalité communiste, par définition hostile... Il est vrai que de nombreux Juifs ont quitté cette commune limitrophe de Paris.
Mais ceux qui restent, souvent parce que leurs finances leur interdisent tout déménagement, sont heureux de cet investissement et de l'intérêt que le mouvement hassidique manifeste à leur égard. Du coup, ils se cachent moins et se réapproprient leur identité dans un cadre démographique et social difficile.
Les Loubavitch ont engagé aussi une série d'actions à destination des jeunes. Des repas casher sont servis aux élèves des établissements laïcs. Depuis 2 à 3 années, les militants les accompagnent pendant la pause du déjeuner vers des lieux communautaires où ils peuvent se restaurer dans une ambiance juive, puis les ramènent dans leurs écoles. Un « beth Habad » pour étudiants a également été créé dans le 5ème arrondissement.
Pendant la soirée du 17 février, plusieurs donateurs ont financé le montant nécessaire aux activités d'un émissaire pendant une année : 26 000 euros. Un autre a sorti de sa poche des dizaines de milliers d'euros pour l'ensemble des initiatives sociales du mouvement pendant la période de Pessah. Un convive a carrément payé la fabrication et la distribution des fameuses matzot chmourot (ultra-casher !) Loubavitch... Quant aux olim qui oublient parfois les associations qu'ils soutenaient lorsqu'ils résidaient encore en France, ils restent souvent fidèles à cette institution cultuelle unique en son genre. Un ancien donateur a fait le voyage depuis Netanya pour assister au dîner et octroyer une somme conséquente au mouvement.

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