mercredi 6 janvier 2016

Les Valeurs d’Israël et les dix plaies-Va’era....


Le but des plaies n’était pas le préjudice physique porté aux Égyptiens, mais plutôt une profanation symbolique de leurs nombreux dieux - le sang profane le Nil, qui était vénéré comme un dieu, les criquets profanent le dieu du maïs, et ainsi de suite....

L’histoire des dix plaies qui frappèrent l’Égypte stimule l’imagination des écrivains et des lecteurs à travers le temps. Parmi eux, les auteurs bibliques et éditeurs du livre de l’Exode consacrèrent un total de sept chapitres à cette saga. En fait, c’est le plus long épisode dramatique du TaNaKh.
Toutefois, « Plus on y prête attention, » commente David Gunn, un érudit de la Bible qui a enseigné à l’Université de Sheffield en Angleterre, et au Columbia Theological Seminary à Decatur, en Géorgie,  » plus l’image apparaît sans fioritures. Signes et miracles cachent la destruction et la souffrance, méritée et imméritée, un excès de ravages, que nous sommes tentés de remettre en question ».
L’acte libérateur est présenté en termes qui sont violents. Toute l’Égypte en a souffert. Les plaies qui s’étendirent sur tout le pays d’Égypte, forcément, affectèrent également les Israélites qui y habitaient.
Parce que l’importance des plaies est théologique, la question naturelle qui se pose est : qu’est-ce cela nous dit sur le Dieu d’Israël?
Le regretté professeur de l’Université de Yale, Brevard S. Childs nous conduit à trouver la réponse en regardant les autres livres de la collection qui, ensemble, sont appelés le TaNaKh, les Écritures Hébraïques.
Le livre du Deutéronome (chapitre 6 verset 22), par exemple, explique le professeur Childs « n’a même pas pris la peine de mentionner aucune des dix plaies racontées de manière si détaillée et approfondie dans le livre de l’Exode, se contentant d’une allusion à des « signes miraculeux et de grands prodiges nocifs » sur l’Égypte. » Les prophètes ont complètement passé cette tradition sous silence.
En bref, l’image qui se dégage du TaNaKh lui-même est une  « pondération du ton, » où la tradition des plaies a été reléguée à un rôle secondaire, fortement retravaillée ou directement ignorée.
Cette forme de nécessaire critique théologique au sein du TaNaKh s’est développée afin de ne pas contredire les vraies valeurs d’Israël. La Bible, quelle que soit sa source d’inspiration, a été écrite, éditée, copiée et même traduite par des êtres humains. 
Il faut comprendre que le but des plaies n’était pas le préjudice physique porté aux Égyptiens, mais plutôt une profanation symbolique de leurs nombreux dieux – le sang profane le Nil, qui était vénéré comme un dieu, les criquets profanent le dieu du maïs, et ainsi de suite – les générations suivantes d’auteurs bibliques adoucirent l’imagination interprétative de ceux qui les avaient précédés.
Une preuve de cette tendance se trouve dans le Yalkut Shimoni, une compilation du 13e siècle des anciens commentaires rabbiniques qui dit :
« (Dans le Pentateuque) Trois références aux réjouissances se trouvent concernant la fête de Souccot.
Cependant, il n’y a aucune référence sur Pessah (la Pâque.) Pourquoi pas? … Parce que cette saison de l’année a été un moment de mort pour beaucoup d’Égyptiens. (Quand Israël est sorti de l’esclavage en Égypte, beaucoup d’Égyptiens sont morts pendant les plaies)
Par conséquent, ainsi en est-il de notre pratique : les sept jours de Souccot, nous récitons la prière du Hallel (louange joyeuse du Seigneur), mais pendant la Pâque, nous ne récitons pas la prière du Hallel dans son intégralité sauf le premier jour.
Pourquoi? Parce que le verset, «Ne te réjouis pas de la chute de ton ennemi, et que ton cœur ne soit pas dans l’allégresse quand il chancelle,» (Proverbes. 24:17). “
Par Moshe Pitchon

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