Au demeurant, aujourd’hui, les grands rabbis s’accordent à dire que presque toutes les conditions nécessaires à la venue du Messie seraient réunies.
Une église incendiée le 18 juin dernier, une maison du Patriarcat latin délibérément détruite en novembre 2013 par les autorités israéliennes à Jérusalem… Des populations civiles pilonnées sans merci en juillet 2014 à Gaza par l’aviation israélienne, cela sans aucune considération d’âge ni de sexe, et maintenant un nourrisson brûlé vif par de soi-disant extrémistes… de droite ! En réalité, ne s’agirait-il pas plutôt d’une forte poussée de fièvre messianique ?
Un idéo-virus qui, ayant franchi les barrières immunitaires de la décence politique, se trouverait, dés lors, alimenté par un puissant sentiment d’impunité et, pire, exacerbé surtout par une hybris déferlante, un orgueil démesuré, une chutzpah qui atteindrait maintenant toutes les couches de la société israélienne ?
Ainsi que le faisait remarquer en mai 2013 Charles Enderlin, correspondant deFrance 2 à Jérusalem depuis quelque 30 ans, le gouvernement Netanyahou est le plus ouvertement messianique de la courte histoire d’Israël, sachant que plus de 50 % des Israéliens juifs croient en l’arrivée imminente du Machia’h. Enderlin explique ce messianisme comme l’une des conséquences de la conquête, en 1967, des Lieux saints bibliques par Tsahal.
En vérité, ce n’est hélas pas un phénomène récent car l’histoire nous révèle que le sionisme n’est que l’expression laïque, voire athée, d’un messianisme remontant à l’Antiquité et réactivé au Moyen Âge. Mais ceci est une autre histoire…
Au demeurant, aujourd’hui, les grands rabbis s’accordent à dire que presque toutes les conditions nécessaires à la venue du Messie seraient réunies. Certaines manquent encore à l’appel : un Troisième Temple en lieu et place de la mosquée d’al-Aqsa après sa destruction.
En outre, depuis une grosse dizaine d’années, les prêtres sont en quête fiévreuse d’une génisse rousse sans le moindre poil blanc ou noir, celle-ci devant être sacrifiée selon les rites torahiques. Ses cendres seront destinées à la purification du Temple et du peuple juif. À défaut de trouver la perle rare, les scientifiques de l’Institut du Temple prévoient une fécondationin vitro.
Bref, si Yhwh ne leur offre pas spontanément la génisse « messianique », ils se la donneront… tout comme ils se sont arrogé la Palestine.
Le messianisme ne se résume bien entendu pas à ce folklore mêlant bovins, manipulation génétique et sacrifice, ni à la simple expression d’une haine récurrente chez les dirigeants israéliens à l’égard de ceux qui contrarient leur expansionnisme territorial sur fond d’épuration ethnique. Il est à cet effet difficile de ne pas mentionner Ayelet Shaked, député à la Knesset, qui propose de« tuer toutes les mères palestiniennes », ou encore Moshe Feiglin, vice-président du Parlement, qui publiait, en juillet 2014, un plan de remplacement de population à Gaza, suivant une méthode directement inspirée du livre de Josué 1.
Une référence partagée avec l’actuel Premier ministre Benyamin Netanyahou, texte qui présente l’holocauste des ennemis d’Israël comme un acte de piété et une mission sacrée.
Cette vision eschatologique a, bien entendu, une incidence directe sur la géopolitique. La guerre contre l’Iran, aux yeux des rabbis les plus révérés tels Ovadia Yosef (1920-2013) ou Mendel Schneerson (1902-1994), serait l’un des événements annonciateurs du Messie.
M. Netanyahou, en raison de ses appels répétés à la guerre ouverte contre Téhéran, est à ce titre emblématique d’une classe dirigeante explicitement messianiste 2. Raison pour laquelle celle-ci entend déclencher par tous les moyens un conflit qui ne manquerait pas d’être dévastateur pour la région et pour le monde.
Le 18 novembre 1990, « Bibi », face au rabbi Mendel Schneerson qui le sermonnait et lui enjoignait de faire quelque chose pour hâter la venue du Messie, lui répondait : « Nous faisons, nous faisons » 3. Un rêve apocalyptique qui plongerait à n’en pas douter les peuples de la Terre dans le plus noir et le plus profond des cauchemars.
- Moshe Feiglin, My Outline for a Solution in Gaza, Arutz Sheva israelnationalnews.com, Jaffa/Tel Aviv, 15/07/2014.
- Jusqu’à se ridiculiser comme en septembre 2012 devant l’Assemblée générale des Nations unies en exhibant un dessin littéralement tiré d’un cartoon américain censé apporter la preuve d’un programme nucléaire offensif iranien.
- Voir l’entretien filmé de Netanyahou avec Mendel Schneerson le 18 novembre 1990.
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