lundi 12 mai 2014

Pourquoi l’Air force Israélienne est-elle plus dévastatrice que jamais ?


Analyse : l’IAF pense qu’elle est, à elle seule, capable d’écourter la prochaine guerre, en frappant des milliers de cibles en une journée, larguant plus de dix bombes de précision d’un seul avion sur différentes zones à la fois. Ron Ben Yishaï commente la révolution des modes opératoires de la branche aérienne, perçue comme « la police d’assurance d’Israël ».
Au début, nous devrons en passer par l’expérience d’un certain nombre de jours très difficiles. Des roquettes et missiles, destinés principalement à la zone métropolitaine de Tel Aviv

La défense aérienne défendra essentiellement les installations et les bases stratégiques, dans les grandes villes, des immeubles s’effondreront et il y aura, inévitablement, des pertes humaines.

Mais cela ne durera pas longtemps. La force aérienne d’Israël répliquera immédiatement, et après quelques jours, nous constaterons une baisse significative dans le nombre de missiles tirés contre Israël. 

Un cessez-le-feu s’en suivra, il y a aura encore d’autres tirs de roquettes, et ensuite une trêve et un calme relatif, durant plusieurs années grâce à la restauration de la dissuasion.

C’est le scénario grave, mais raisonnable auquel se prépare Tsahal et c’est l’objectif de l’échelon politique. Ce sera une « guerre de haute trajectoire ». Que les tirs de roquettes proviennent de Syrie, du Liban, de Gaza ou d’Iran – le but sera de la terminer rapidement, dans le but de minimiser les dommages et les pertes, tout en en causant un maximum dans l’autre camp, de façon à ce qu’il ressente l’urgence de rechercher un cessez-le-feu.
Test de missile Iranien. Un certain nombre de jours difficiles (Photo : AP)
Israéliens courant vers les abris anti-aériens. Des bâtiments pourraient s’effondrer (Photo : Idan Rodkin)

Le Commandant de l’armée de l’Air, le Général-Major Amir Eschel et les officiers supérieurs de l’IAF pensent que c’est possible – et même plus : avec les renseignements, les armes et les appareils à la disposition de l’Air Force, ils pensent pouvoir atteindre les réalisations décrites par les seules ressources aériennes, sans que Tsahal ait besoin de mettre en œuvre ses propres ressources en territoire ennemi et qu’il doit lui être permis de le faire.

Si le Général-Major Eschel et ses hommes ont raison, nous parlons alors d’une réduction significative du nombre de pertes humaines et d’une énorme préservation des ressources, étant donné le coût astronomique – environ 1 milliard de shekels (290 millions de $) – de chaque jour de combat. Ce que le commandant de l’IAF suggère, constitue, en fait une véritable révolution dans les conceptions du combat de Tsahal, qui affectera, de façon radicale, les besoins d’équipement et d’entraînement des forces terrestres, et la liste des ^priorités budgétaires.

J’ai déjà entendu, une fois auparavant, cette affirmation que l’Air Force peut faire le travail toute seule, dans la bouche de Dan Halutz, quand il occupait les fonctions de Commandant de l’IAF, avant qu’il ne soit nommé Chef d’Etat-Major. Or, cette prétention s’est avéré fausse, durant la Seconde guerre du Liban, et c’est bien la raison qu’elle continue à soulever beaucoup de doutes, aujourd’hui.
Evidemment, tous les officiers supérieurs de Tsahal ne sont pas d’accord avec les évaluations de l’armée de l’air. 

Beaucoup de généraux, qui sont parfaitement au courant des capacités de l’Air Force et les respectent, pensent encore qu’il est nécessaire que l’armée opère au sol, pour qu’on puisse paralyser les tirs de milliers de roquettes et missiles.

On perçoit aussi la courte période d’action annoncé comme improbable. Les responsables de l’IAF répondent par un argument très convaincant. Si nous sommes brusquement attaqués, dans tous les cas de figure, cela nous prendra un certain temps pour rassembler toutes les forces terrestres et reprendre le dessus sur les attaques contre les dépôts d’urgence et les artères d’approvisionnement. 

Dans le même temps, nous aurons l’occasion de faire le travail par des attaques aériennes. Simultanément, disent-ils, nous sommes prêts à offrir aux forces terrestres une aide significative au combat.

Le Commandant de l’Air Force, le Major-General Amir Eshel
L’homme qui a la charge de la guerre dans le Nord. Le Commandant de l’Air Force, Eshel (Photo : Air Force Media)

“Nous ne sommes pas en train de jouer”, explique Eschel. « Nous savons que nous sommes perçus, à la fois par le public et par les principaux responsables de l’Etat, comme la police d’assurance du peuple israélien, et les attentes nous concernant, sont très élevées. Peut-être trop élevées. Mais cela ne nous trouble pas. Nous nous souvenons que nous ne sommes pas seuls et que nous bâtissons notre capacité à intégrer ce facteur ».

Lors de l’opération “Pilier/Nuée de Défense, remarque t-il, l’IAF a évité la nécessité d’une opération terrestre à Gaza, et la dissuasion « marche » plus ou moins, jusqu’à aujourd’hui.
J’ai été témoin des préparatifs de l’armée de l’air visant à améliorer significativement ses capacités d’aider les forces terrestres, il y a quelques semaines, quand je me suis joint à une action de patrouille et d’arrestations dans le secteur d’Hébron, qui était combinée à des préparatifs de guerre. Un exercice simulait la prise d’un village libanais.

Alors que nous progressions, le commandant de la brigade de parachutiste a désigné un combattant replié derrière une terrasse, et il m’a soufflé à l’oreille qu’il s’appelait le Lieutenant-Colonel T., le commandant de l’escadrille de F-16. Cela paraissait un évènement totalement inhabituel dans la réalité de Tsahal.

T., qui était équipé, armé et qui agissait comme un combattant régulier, m’a expliqué, très naturellement qu’il s’était joint à l’opération de sa propre initiative, parce qu’il voulait comprendre comment les forces de l’infanterie se déplaçaient et opéraient au combat et comment ses pilotes et lui-même pouvaient les aider, en gros plan et de très près.

Un avion de chasse aidant les forces terrestres par sa puissance de feu et des tirs de missiles correspond à une mission courante. Un avions de guerre larguant une bombe d’une tonne contre une maison et qui retarde la progression de forces terrestres – c’est une toute autre histoire.

’Les sorties d’attaque’

Mais venir en aide aux forces terrestres n’est pas la première mission de l’IAF. Au cours de ces deux dernières années, elle s’est essentiellement préparée pour un objectif approuvé par le Chef d’Etat-Major, le Ministre de la défense et le Premier Ministre – être prête à écourter les combats qui peuvent éclater à n’importe quel moment, et cela met une responsabilité encore plus immédiate et plus lourdesur les épaules d’Eschel et de ses lieutenants.
Roquettes tirées de Gaza, parfois depuis le coeur des populations civiles (Photo : AP)

Neutraliser des dizaines de milliers de roquettes et de missiles au Liban et à Gaza est une mission qui relève de Sisyphe. Les lances-roquettes immobiles d’où les missiles sont tirés à une plus longue portée, avec des ogives lourdes et relativement précises, sont fortifiés et bien dissimulés dans des maisons de civils ou dans des fosses de lancement cachées (creusées dans le sol et déclenchées par des commandes à distance) ; leurs opérateurs se déplacent entre eux, les réarment et frappent les forces de Tsahal face à eux, par des tunnels.

La principale difficulté consiste à utiliser à bon escient les renseignements pour les localiser et les prendre pour cible peut aussi amener à tuer des civils non-impliqués et à entraîner le monde contre nous.

Faire la chasse aux lance-roquettes portables est encore plus difficile. Cela exige une surveillance étroite des zones de lancement, et s’ils sont localisés – et on a besoin d’un avion ou d’un autre moyen pour frapper le camion ds lanceurs avec exactitude, alors qu’il est encore à découvert sur le terrain ou quand son chauffeur tente de le cacher sous les fondations d’un bâtiment.

Durant la seconde guerre du Liban, l’Air force a parfaitement réussi – confronté à un entrepôt de missiles qui était, au moins, six fois moins important que celui dont dispose le Hezbollah à présent – mais ces missions ont été très dures, même à ce moment. Les pilotes auront, en plus, à opérer alors que leurs bases seront prises pour cibles et qu’ils devront se défendre contre des missiles anti-aériens de fabrication russe, qui semblent bien être tombés entre les mains du Hezbollah, ou des lance-missiles à l’épaule, dont les Gazaïotes peuvent disposer.

De façon à surmonter les difficultés et monter en puissance, selon l’étendue de la tâche, l’IAF a entrepris certaines procédures de changement, ces deux dernières années. Le processus le plus important, c’est l’effort qui consiste à augmenter « les sorties d’attaque ». Le nombre de sorties, mais principalement, le nombre de cibles attaquées et l’étendue des dommages qui leur sont infligés.Comme la grêle.

Le Général-Major Eschel a ordonné à l’armée de l’air, depuis au moins août 2012, trois après avoir pris ses fonctions, de se préparer à mener plusieurs milliers de sorties armées par jour. Le but est d’accroître ce qu’il appelle « les capacités meurtrières de la force aérienne ».

Durant la seconde guerre du Liban, il y a eu des centaines de sorties, et le nombre de cibles attaquées, faisant parties de la “banque de cibles potentielles” était même un peu moindre. Aujourd’hui, la banque de cibles susceptibles d’être détruites s’est considérablement étendue, et on s’attend à ce que l’armée de l’air parachève l’amélioration des sorties d’attaque très bientôt.
Localiser les lanceurs de roquettes depuis l’espace aérien.

Mais même cela n’est pas suffisant. Dans le but de réduire les tirs dans une courte période de temps, on doit attaquer un grand nombre de cibles en même temps. Dans cet objectif, les industries de la défense ont développé un armement guidé avec précision que le pilote peut déclencher dans différentes directions comme une nuée de grêle s’abattant sur une vaste zone, sans renoncer à la précision du tir, ni au nombre ni à la variété des cibles possibles.

Par exemple, un seul F-16 peut bombarder simultanément plus de dix cibles dans différents endroits. Les capacités du F-15 ( de l’ancien modèle) sont plus élevées, aussi bien en quantité que par le poids des bombes, capables de détruire des fortifications souterraines. Cet avion, déclare le Général de Brigade Tomer Bar, commandant de la base de Tel Nof, peut aller très loin avec une charge lourde et sans approvisionnement en vol. Sans compter le F-15i, qui est particulièrement adapté aux missions d’attaques à longue distance et à la suprématie aérienne. La signification stratégique est évidente, même s’il ne mentionne pas le nom du pays-cible.

Dans le but de répondre aux exigences nouvelles d’Eschel, en termes de rapidité et de nombre de sorties, les systèmes techniques et logistiques ont aussi été analysés et réorganisés. Le Colonel Dan Tortan, Commandant de la base d’Hatzor affirme que l’équipe technique « fond comme la tempête » sur un F-16 rentrant d’une mission armée et le prépare pour une sortie supplémentaire avant peu, de la même manière qu’un « équipage qui réapprovisionne et prépare une formule 1 au stand au cours d’une compétition. Avec les anciennes méthodes, cela prendrait plusieurs heures.

Le Nord est entre ses mains.

Excepté le fait d’avoir amélioré les sorties d’attaques, l’IAF investit beaucoup d’efforts et de moyens budgétaires dans le système de défense anti-aérienne, qui se divise en moyens de défense anti-aérienne proprement dite et de systèmes multi-niveaux d’interception de missiles. Ce plan comprend une commande unique qui dirigera toute l’activité depuis un centre opérationnel. Pour le moment, cependant, la préférence est d’acheter plus de batteries « Dôme de Fer », de façon à terminer son développement, d’obtenir de nouvelles livraisons de missiles d’interception Fronde de David (Baguette Magique), et d’achever le développement du Arrow 3 pour l’interception de missiles balistiques dans l’espace.
test de la fronde de David. Un commandement, un centre opérationnel unique (courtesy of the Defense Ministry)

La Fronde de David est l’élément le plus important, pour le moment, parce qu’il dispose de capacités plus élevées que le Dôme de Fer, pour intercepter les menaces sérieuses. Ce système opérera depuis des bases fixes qui sont en construction, mais il ne sera opérationnel que d’ici deux ans, au plus tôt.

La vérité doit être dite et on doit insister sur le fait que les batteries Dôme de Fer, dont les capacités se sont améliorées, pendant ce temps, seront utilisés, en période de conflit majeur, pour défendre les bases de l’armée de l’air et d’autres installations vitales, et pas tant que cela pour la défense de la population, dans le but d’améliorer la « continuité fonctionnelle » requise pour des sorties d’attaques intensives. 

Les Commandants des bases de l’armée de l’air ont consacré une part importante de leur temps et des entraînements au domaine de la continuité fonctionnelle.

Un autre domaine où l’Air Force s’est engagée intensivement, ces dernières années, c’est “la bataille entre les guerres”, qui vise à prévenir les activités terroristes et la livraison d’armes stratégiques au Liban et à Gaza. Cette activité est essentiellement secrète. Une évolution importante s’est déroulée, il y a environ un an, quand le Chef d’Etat-Major a confié à l’armée de l’air la mission de « la bataille entre les guerres », dans le secteur nord d’Israël, avec l’approbation du Ministre de la Défense.

Comme faisant partie de ses responsabilités, le Général-Major Eschel se voit confier des systèmes de renseignements et des forces opérationnelles, non seulement de l’Air Force, mais de tous les départements, armes et unités de Tsahal. Dans le même temps, l’IAF contribue aux autres efforts de la "bataille entre les guerres", par exemple, à l’arraisonnement de bateaux d’armes iraniennes, comme le Klos-C.

Plus de 1.000 soldats de carrière mis à la retraite.

Il y a des tâches bien plus diversifiées que par le passé et l’armée de l’air modifie aussi la composition de ses équipes et crée un nouveau poste : chef des opérations aériennes, un général de brigade qui sera le n°3 de l’IAF, après le chef d’Etat-Major de l’armée de l’air. Cette nouvelle structure prendra effet à l’été, et le chef désigné des opérations aériennes est le Général de Brigade Bar, commandant de la base de Tel Nof.
Réapprovisionnement en vol des avions F-15. Des capacités renforcées (Photo : AFP)

On prévoit que ce changement opérationnel aidera à s’occuper du “Troisième cercle” – c’est le nom donné à des opérations contre le programme nucléaire iranien par des mesures offensives. Les officiers supérieurs de l’IAF n’en parlent pas tellement, mais ils donnent l’impression qu’ils sont convaincus de leur capacité à agir si on le leur demande et de pouvoir atteindre des résultats raisonnables. Les capacités actuelles de l’IAF et de Tsahal, à lancer des frappes de longue portée efficaces, pensent-ils, sont bien meilleures qu’il y a quelques années. Et pourtant, il est difficile de les comparer avec celles des Etats-Unis.

J’ai été très impressionné par le fait que, dans toutes mes conversations avec des responsables supérieurs et des plus jeunes, je n’ai entendu aucune demande d’augmenter la flotte d’avions ou les budgets d’achat. La chose qui les tracasse n’est pas tant le déficit créé cette année, qui menace l’activité d’entraînement, mais plutôt l’incertitude budgétaire, principalement.
L’armée de l’air ne peut pas faire de plans, parce Tsahal n’a pas encore de plan de travail pluriannuel approuvé et l’appareil de la défense n’a pas encore de budget approuvé pour l’année à venir et l’année suivante.

L’Air Force est en train de fermer plusieurs escadrilles opérationnelles et a mis à la retraite 1.100 soldats de carrière. C’est un nombre relativement important étant donnée la dimension de l’Air Force.
“J’ai récemment été contraint de limoger, dans le cadre des coupures, un soldat de carrière de 38 ans qui est un expert de la réparation rapide des hélicoptères Yasur. Cela m’a brisé le cœur, à propos de cet homme et de ses compétences que nous perdions, mais nous n’avons pas le choix », rappelle le Général de Brigade Bar.

Le nouveau drone Super Heron (Photo : Yaron Brenner)
Le nombre de véhicules sans pilote qu’ontègre l’IAF ne cesse d’augmenter au fil des années et on observe une hausse, aussi bien en quantité que dans le type et le niveau de technologies qui y sont investies. Le nombre de missions dans lesquelles les drones sont engagés, principalement, en matière de renseignements et de domaines de combat de précision continuera d’augmenter, avec le temps, affirme le Général de Brigade Laor, Commandant de la base de Palmachim, mais l’avion piloté ne sera pas remplacé dans les missions fondamentales, dans un avenir proche.

Même les Américains sont jaloux.

Un autre champ en pleine expansion concerne les simulateurs de vol. Aujourd’hui, il n’y a plus seulement des simulateurs pour les avions de chasse, mais aussi pour les hélicoptères et les drones.
Mais le haut du pavé est détenu par le simulateur de mission – une invention israélienne co-développée par Elbit Israël et l’Américain Lockheed Martin. Le Commandant de l’Air Force U.S l’avoue, avec envie, même son armée ne dispose pas d’un engin pareil.

De qui s’agit-il ? Dans un simulateur de mission un pilote unique put s’exercer à une mission et même une escadrille de combat toute entière peut simuler une situation de guerre. Depuis le fait de se voir confier cette mission par les quartiers-généraux de l’Air Force, en passant par la planification et les points d’information et de briefing pour les pilotes, jusqu’à la sortie elle-même, qui, bien qu’elle soit menée dans un cockpit au sol – les perceptions en trois dimensions et les sensations sont totalement réalistes et pertinentes, en comparaison de la mission réelle.

Au même moment, les pilotes s’exercent à surmonter les incidents de vol et les situations d’urgence et à voler dans un avion en conditions extrêmes, y compris face à un crash résultant d’un tir de missile anti-aérien.

Ces simulateurs, non seulement évitent des millions de $ de dépenses qui auraient été investies dans des heures de vol d’entraînement, mais ils permettent à des soldats de réserve, par exemple, de maintenir leurs compétences et d’acquérir de nouvelles capacités de vol et d’opérations armées. Le pilote reçoit les instructions pour corriger les erreurs dans ses écouteurs, par la voix d’une jeune femme de 19 ans, démontrant une connaissance étonnante des secrets d’un vol de combat qu’elle n’a jamais elle-même eu l’occasion d’expérimenter.

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